Si le burn-out touche environ 12 % de la population active et qu’un amendement visant à le faire reconnaître comme maladie professionnelle vient tout juste d’être déposé à l’Assemblée nationale, un autre risque psychosocial s’invite sur le devant de la scène. Son nom ? Le bore-out, un syndrome qui a contrario du burn-out se définit par l’épuisement professionnel par l’ennui. Etat des lieux.
Théorisé sous le nom de bore-out en 2007, dans un livre intitulé « diagnosis boreout », rédigé par Peter Werder et Philippe Rothlin, deux consultants d’affaires suisses, le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui gagne du terrain dans le monde du travail.
Selon, un article paru en 2011, dans la Revue internationale de psychologie et de gestion des comportements organisationnels, ce syndrome concernerait 30 % des salariés de notre société occidentale. Un constat qui pourrait prêter à sourire mais qui au vu d’une étude menée par des chercheurs britanniques durant 25 ans, sur plus de 7000 personnes, laisse cependant perplexe. Son résultat ? L’ennui multiplierait par deux le risque d’infarctus et de maladies cardiovasculaires.
De plus, proche du burn-out dans les symptômes qu’il véhicule, le bore-out serait lui aussi vecteur de fatigue, d’anxiété, de troubles du sommeil, de perte d’estime de soi et de dépression. ( Arrêt de travail pour dépression : connaissez-vous la durée moyenne de cet arrêt? )
Mais qui est concerné ? Dans les faits le bore-out peut être causé par trois types de situation salariale : un travail peu stimulant où l’activité nécessite peu d’action et de réflexion ; un job dont les missions sont bien en deçà des capacités et des compétences de celui qui l’exerce ; une mise au placard progressive ou un déclassement professionnel.
Le bore-out : un sentiment de honte et d’imposture
A la différence du burn-out qui témoigne d’un épuisement professionnel par une surcharge de travail, soit par des éléments concrets, palpables, le bore-out est très difficilement mesurable et compris par l’extérieur. Dans une société qui valorise l’hyperactivité où le besoin de reconnaissance est devenu un sacerdoce, ceux qui subissent le bore-out vivent bien souvent avec un sentiment de honte et d’imposture.
Aussi certains vont jusqu’à simuler une activité professionnelle débordante, ou tout au moins normal, pour cacher la défaillance d’un système dans lequel ils se sont progressivement enfermés. Mais comment s’en sortir ? Comment communiquer cette souffrance, sans risquer de perdre son travail face à un taux de chômage record, atteignant désormais 10,6 % de la population active ? Si l’entreprise n’est pas en difficulté et que le manque d’activité ne touche que le salarié concerné, solliciter un entretien avec son manager peut être une solution. Il s’agira alors d’aborder son envie de s’investir davantage dans l’entreprise, en insistant sur sa motivation. Parfois une meilleure répartition des tâches, voire une évolution des missions assignées à son poste peuvent être salutaires. Enfin, autre solution pour ne plus compter les minutes qui s’écoulent : se pencher sur son CPF (compte personnel de formation) pour trouver, puis solliciter par la suite, une formation à même d’évoluer professionnellement, ou de se reconvertir.
Vous pouvez identifier les caractéristiques psychologiques et leviers motivationnels de vos collaborateurs en ayant recours à un test psychométrique.
Gérald Dudouet