La formation est un lieu de savoir et de raison, pourquoi faudrait-il érotiser la formation ? Pourquoi mettre de l’émotion, et pas des moindres, dans le monde de la raison ? La formation serait-elle trop raisonnable pour devenir un espace de passion, de libido ou d’on ne sait quoi de plus ? Déjà certains parlent de la pornographie de la formation… jusqu’où cela ira-t-il ? Et où s’arrêter pour assurer une véritable opérationnalité, tout particulièrement dans les politiques de formation des entreprises ?
L’infobésité est l’épidémie du siècle naissant…. Caroline Sauvajol-Rialland propose un livre en 2013 qui pose la situation, l’infobésité toucherait les deux tiers des cadres en entreprises, un cadre rencontrerait dix fois plus d’information qu’il n’y a seulement quinze ans… l’information est partout, en trente ans le monde a produit plus d’informations que pendant les cinq mille ans d’histoire, l’engorgement informationnel est une situation qu'il faut gérer… déjà les stratégies se font jour, c’est tout l’intérêt du buzz, comme on ne sait plus hiérarchiser ce qui est important, on a du mal à gérer toute l’information, il est nécessaire de construire des nouvelles stratégies des priorités. Si tout le monde va sur une information, il doit y avoir quelque chose à voir… être là où il faut être et où tout le monde est… et effectivement le buzz permet de redonner de la valeur affective à l’information… Sur Google, il s’agit de choisir la première page qui correspond à l’information la plus demandée, le plus grand nombre d’occurrence pour valider la valeur d’une information et ainsi lui donner une réalité sociale. Utiliser le filtre social pour sélectionner.
La formation est dans la même situation, la formation classique en présentiel est en concurrence avec toutes formes de modèles de formation, les webtv avec des vidéos gratuites sous forme de conférences, de formations, les blogs, les forums, les MOOC,… autant de formation disponibles en temps réels et généralement gratuites, alors pourquoi aller en formation classique ? Quelle est la valeur ajoutée de la formation classique ? Qu’est-ce qui s’y passe qui ne se passe pas ailleurs ? C’est le buzz, l’event, faire de la formation un événement communicationnel et pédagogique. La formation événementielle est souvent un problème de marketing, redonner de la valeur avec la validation des lead users de l’entreprise, faire de la formation un événement tribal pour l’entreprise… redonner de la fierté aux apprenants : il y a ceux qui l’ont fait et les autres… érotiser.
Mais plus encore l’érotisation ne serait pas un habit différent ajusté à une formation classique, une réclame qui fait vendre, il s’agit d’une nouvelle façon de transmettre avec la pédagogie affective comme moteur de l’attention, l’effet whouaou… qui marquera affectivement l’apprenant et lui permettrait de mieux accueillir le contenu. Erotiser, c’est travailler sur la subtilité du sensible dans l’entreprise, et apprendre l’esthétisation de la formation pour favoriser une subtilité de l’expertise, et un plaisir à fêter l’expertise. La formation devient festivus pour accompagner les apprenants dans leur parcours. La clé de la formation devient l’érotisation ou la motivation, qui n’est plus un domaine à la marge, au banc de la formation mais son cœur métier. Réenchanter l’entreprise grâce à la formation qui trans-forme…
Stéphane Diebold
Président de l’AFFEN