Existe-t-il une durée moyenne pour un arrêt de travail pour dépression ? Depuis la crise sanitaire, le nombre d’arrêts de travail et le taux de dépression en France ne cesse d’augmenter. Les facteurs psychologiques, et en particulier l’épuisement professionnel, sont responsables de 22,2 % des arrêts de travail de longue durée selon l’étude « Datascope 2023 » d’Axa.
Le pourcentage de salariés absents a augmenté de 27% à l’échelle nationale en un an (Baromètre de l’Absentéisme® et de l’Engagement AYMING – AG2R LA MONDIALE, 2023).
Le taux d’absentéisme au travail moyen atteint ainsi 6,70% en 2022.
En 2023, 44% des salariés se trouvent en situation de détresse psychologique selon le dernier baromètre Empreinte Humaine. Ce qui représente une hausse de 3 points par rapport à juin 2022. Les répondants sont également plus de 7 sur 10 à déclarer que leur santé psychologique est liée, partiellement ou totalement, au travail.
Alors, quelle est la durée moyenne d’un arrêt de travail pour dépression ? Cette maladie peut-elle être reconnue en tant que maladie professionnelle ?
Qu’est ce que la dépression ?
Définition
Avant d’aborder le sujet de la durée moyenne d’un arrêt de travail pour dépression, revenons sur la définition de ce terme. Cette maladie psychique est communément nommée “épisode dépressif caractérisé (EDC)” ou encore “trouble dépressif”. Cet épisode peut être classé comme léger, modéré ou sévère en fonction de la gravité des symptômes selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
La dépression implique différentes manifestations telles que des troubles cognitifs (difficultés de concentration, capacité de raisonnement etc.) un sentiment excessif de culpabilité, une faible estime de soi, un sentiment de désespoir face à l’avenir, des troubles du sommeil, des fluctuations de l’appétit ou du poids, une fatigue intense ou perte d’énergie, des idées suicidaires.
Elle nuit gravement à la santé et à la vie d’une personne sur le long terme. De plus, les troubles anxieux et dépressifs contribuent fortement au risque de suicide. Selon l’OMS, la dépression est 50 % plus courante chez la femme que chez l’homme.
Elle ne doit pas être confondue avec une déprime, liée à une circonstance ou un événement, mais qui correspond à une réaction émotionnelle passagère. Ces manifestations sont effectivement transitoires.
Quelles sont les différentes formes de dépression ?
Différents types de troubles dépressifs existent, parmi lesquels le trouble dépressif à épisode unique. Ce dernier signifie que la personne vit un premier et unique épisode.
Ensuite, le trouble dépressif récurrent, quand la personne a déjà vécu au moins deux épisodes dépressifs.
Le trouble bipolaire. Celui-ci se caractérise par l’enchaînement d’épisodes dépressifs et puis par l’apparition de symptômes maniaques. Ils s’illustrent lorsque la personne est en proie à l’euphorie ou l’irritabilité, par une activité ou une énergie accrue, une logorrhée, l’accélération du cours de la pensée, l’amélioration de l’estime de soi, la diminution du besoin de sommeil, de la distractibilité et de l’impulsivité.
Nous pouvons également citer la dépression post-partum, la dépression réactionnelle ou encore la dépression saisonnière (état dépressif qui survient en période hivernale).
Des causes à différents niveaux
La dépression est une des maladies psychiques les plus fréquentes. Pour anticiper la durée moyenne d’un arrêt de travail lié à la dépression, il est intéressant de s’intéresser à ses causes. Elle peut survenir à tous les âges, bien qu’elle soit plus fréquente chez l’adulte. Elle est souvent due à une accumulation de situations et d’événements, qui peuvent remonter jusqu’à l’enfance. Des antécédents de dépression dans une famille peuvent également constituer un facteur de risque et de prédisposition. Les causes peuvent se situer à différents niveaux :
- Niveau personnel : toutes les formes de traumatisme (sexuel, moral, physique), relations conflictuelles, perte d’un être cher, séparation ou divorce, maternité et post-partum, harcèlement, dépendance (alcool, substances), maladie, conditions de vie, situation financière, facteurs physiologiques, génétiques…
- Niveau professionnel : intensité du temps et du rythme de travail, RPS, conflits au travail, dégradation des conditions de travail (QVCT), perte de son emploi, perte de sens.
Quels sont les symptômes de cette maladie ?
Un “épisode dépressif caractérisé” se traduit par au moins un des deux symptômes principaux de la dépression, accompagné d’au moins trois signes secondaires. Sa durée est variable. Les signaux principaux incluent le fait de se sentir triste et déprimé ou bien de perdre tout intérêt et plaisir presque toute la journée et chaque jour, durant deux semaines consécutives au minimum.
Les symptômes secondaires impliquent, de façon presque quotidienne, la perte ou le gain significatif de poids (sans régime particulier), l’insomnie ou l’hypersomnie, une agitation ou un ralentissement psychomoteur, une fatigue ou une perte d’énergie, un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive, des difficultés de concentration, de l’aptitude à penser ou bien des pensées de mort ou des idées suicidaires récurrentes. Cette maladie psychique provoque donc un retentissement important sur la vie quotidienne de la personne et perturbe son quotidien.
Comment faire reconnaître la dépression en tant que maladie professionnelle ?
La reconnaissance de la dépression comme maladie professionnelle n’est pas automatique.
Cette maladie ne fait pas partie du tableau des maladies professionnelles, tout comme le burn-out. Pour obtenir sa reconnaissance, le collaborateur doit prouver que son origine est liée “essentiellement et directement” à l’activité professionnelle.
De plus, il devra établir que cette pathologie entraîne une incapacité permanente égale à 25% au moins.
Pour la faire reconnaître, il faut tout d’abord qu’un médecin atteste et constate la dépression.
La demande de maladie professionnelle doit ensuite être effectuée auprès de la CPAM. La Caisse Primaire d’Assurance Maladie adressera le dossier au CRRMP (Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles). C’est ce dernier qui sera en mesure de constater le lien entre la maladie du salarié et son métier. Si le caractère professionnel est reconnu dans le lien de causalité, une indemnisation sera versée, variant selon différents critères.
Le poids de la santé mentale dans les arrêts de travail
Arrêt de travail : Vers une augmentation de leur durée moyenne ?
Selon l’Observatoire de l’absentéisme 2022 (Ifop), la durée moyenne d’un arrêt de travail a augmenté pour atteindre 21,4 jours en 2021, contre 17,7 jours en 2019. Le taux d’absentéisme lié aux arrêts de plus de 10 jours a, lui, évolué de 4,11% en 2019 à 4,40% en 2021.
En 2022, leur durée moyenne est en baisse au global. Cependant, on constate une hausse de la durée des arrêts les plus longs (+ 11,2 % pour ceux de plus de 90 jours selon le Datascope 2023 d’Axa).
Bon à savoir : Un arrêt maladie classique est indemnisé pour une période de six mois maximum avec trois jours de carence. Un arrêt de travail longue durée est, lui, indemnisé pour six mois à trois ans maximum, sans jour de carence.
La santé mentale, deuxième cause d’arrêt de travail (hors Covid-19)
Selon l’étude de la DREES 2021, en mai 2020 après le premier confinement, 13,5% des personnes âgées de 15 ans ou plus vivant en France présentaient un syndrome dépressif. Cette moyenne correspond à une augmentation de 2,5 points par rapport à 2019. Celle-ci concerne particulièrement les 15-24 ans (22% en mai 2020 contre 10,1% en mai 2019) et les femmes (15,8% en 2020 contre 12,5% en 2019).
En 2023, 44% des salariés se trouvent en situation de détresse psychologique. Ils sont plus de 7 sur 10 à déclarer que leur santé psychologique est liée, partiellement ou totalement, au travail. De son côté, le taux de burn-out diminue à 28% (-6), mais reste à des niveaux deux fois plus élevés qu’avant 2020 selon la baromètre OpinionWay publié en 2023.
Les facteurs psychologiques, et en particulier l’épuisement professionnel, sont responsables de 22,2 % des arrêts de travail de longue étendue (Datascope d’Axa, 2023). Ce sont 4 points de plus qu’en 2019 et c’est la première raison qui motive les arrêts de longue durée.
En conclusion, les troubles psychologiques s’installent durablement comme la 1ère cause d’arrêt de travail de longue période. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il touche de plus en plus de jeunes salariés.
Quelle est la durée d’un congé médical dû à une dépression ?
Dépression : existe-t-il une durée moyenne pour un arrêt de travail ?
D’après Santé Publique France, les troubles dépressifs seraient à l’origine de 35% à 45 % des arrêts de travail.
Concernant la durée moyenne d’un arrêt de travail pour dépression, elle varie en fonction de la sévérité de la maladie. Effectivement, il peut être difficile de fixer une durée déterminée dès les premières manifestations ou le début du traitement.
À noter que le médecin peut choisir de transformer l’arrêt de travail en un mi-temps thérapeutique. Ce dernier permet d’éviter un isolement total qui peut nuire à la santé mentale du patient.
Combien de temps peut s’étendre un arrêt maladie pour cause de dépression ?
Quelle est la durée moyenne d’un arrêt de travail pour dépression ? Selon le site Ameli.fr, l’arrêt de travail n’est pas systématique. Il dépend de la sévérité des symptômes et de la causalité avec le travail.
Si la dépression est reconnue comme une maladie professionnelle, les indemnités journalières sont versées pendant toute la période d’incapacité de travail, jusqu’à la fin de l’arrêt, la guérison ou la consolidation de la blessure (ou le décès).
Bon à savoir : Si l’arrêt de travail est consécutif à un accident du travail ou à une maladie professionnelle, le versement des IJ débute à partir du 1er jour d’absence. La durée de versement des indemnités versées par l’employeur varie en fonction de votre ancienneté dans l’entreprise.
L’employeur a-t-il le droit de licencier un employé en arrêt maladie ?
L’employeur ne peut pas licencier le salarié en raison de son état de santé.
Toutefois, le licenciement d’un salarié en arrêt maladie dans le secteur privé est possible dans certains cas.
Si le salarié possède des fonctions représentatives dans la société, il bénéficie d’une protection spéciale contre le licenciement.
Le premier cas est lié à la perturbation de l’entreprise. Le licenciement peut avoir lieu uniquement si ces 3 conditions sont réunies :
- L’absence prolongée ou les absences répétées perturbent le fonctionnement de la structure
- L’employeur se trouve dans l’obligation de le remplacer définitivement
- L’absence prolongée ou les absences répétées ne doivent pas être liées au manquement de l’employeur à son obligation de sécurité (par exemple, absences liées à un harcèlement moral)
Toutefois, une convention collective ou un accord d’entreprise peuvent prévoir une garantie d’emploi interdisant le licenciement pour un motif lié à la maladie.
Le second cas est admissible si le salarié a commis une faute, conséquence de l’une de ces situations :
- Non-respect par le salarié malade de ses obligations (par exemple, l’envoi tardif d’un arrêt de travail malgré les mises en demeure de justifier de l’absence)
- Faute commise avant l’arrêt maladie
- Procédure disciplinaire engagée avant l’arrêt maladie
De plus, le collaborateur malade peut être licencié pour motif économique.
Pour finir, l’organisation peut procéder à un licenciement pour cause d’inaptitude d’origine non professionnelle, c’est-à-dire à la suite d’un arrêt maladie ordinaire, ou d’inaptitude d’origine professionnelle(liée à un accident de travail ou une maladie professionnelle).