Alors que 550 000 démissions ont été enregistrées au 1er trimestre 2023 (+3,2 % sur le trimestre) selon la Dares, 4 cadres sur 10 expriment l’intention de changer d’employeur dans les 12 prochains mois (Apec).
Comment s’organisent ces départs volontaires ? Comment les cadres démissionnent-ils ?
Explications.
Avant de démissionner, les cadres ont majoritairement retrouvé un emploi
Les opportunités de recrutement ont été nombreuses pour les cadres en 2022. En effet, le volume de recrutements de cadres a atteint un niveau record (308 300), donnant lieu à de nombreux changements d’entreprise.
D’après une étude de l’Apec réalisée en 2023, près de 9 cadres sur 10 annoncent leur démission après avoir trouvé un nouvel emploi, davantage en adéquation avec leurs attentes. Ce nouveau travail est trouvé le plus souvent après avoir candidaté (pour 1 cadre sur 2).
Pour 36% d’entre eux, leur nouveau poste leur a été proposé par un cabinet de recrutement ou directement par leur futur entreprise.
Ces démissions ont donc été majoritairement à l’initiative des cadres, en particulier pour bénéficier d’une meilleure rémunération.
En effet, face à l’inflation croissante, le pouvoir d’achat des Français baisse. D’après l’Insee, en août 2023, les prix à la consommation ont augmenté de 4,9 % sur un an et de 1,0 % sur un mois.
Ce qui explique les résultats de l’étude “Ce que veulent les candidats” réalisée par Robert Half en 2023. L’augmentation de salaire correspond ainsi à la raison numéro 1 pour laquelle les salariés souhaitent changer d’entreprise (55%) devant un meilleur work-life balance (35%) et une évolution de carrière (35%).
Qui les cadres informent-ils en premier lieu de leur démission ?
Dans 63% des cas, une fois leur décision prise, les cadres ont informé leur manager direct, quelle que soit la taille de l’entreprise qu’ils quittent.
Les managers de proximité représentent donc les premières personnes à être mises
au courant. Pourquoi sont-ils des interlocuteurs privilégiés dans cette situation ? Car ils vont directement être impactés par le départ du salarié cadre. Ils devront gérer et mesurer les effets sur les projets en cours, sur l’organisation et la charge de travail des équipes. Au cours de l’offboarding, ils doivent également s’assurer que la passation des dossiers se déroule dans de bonnes conditions.
Néanmoins, 20% des cadres démissionnaires ont réservé la primeur de leur annonce à leurs collègues de travail, notamment ceux avec qui ils entretiennent des liens étroits.
En revanche, les cadres sont très peu nombreux (11 %) à avoir informé prioritairement la DRH de leur départ à venir.
Cette décision se formalise par la lettre de démission, avant tout destinée aux services RH et aux managers directs. Dans 47 % des cas, elle a été remise en main propre. Dans 33% des cas, elle a été envoyée avec un accusé de réception et enfin, transmise par mail pour 18% des cadres.
- Bon à savoir : L’employeur ne peut imposer légalement au salarié de lui fournir une lettre de démission. Effectivement, il n’y a pas de procédure légale imposée pour notifier une démission. Le salarié peut en informer son employeur oralement ou par écrit. Toutefois, pour éviter tout litige, il est recommandé d’annoncer sa démission par écrit.
La période de préavis est-elle effectuée ?
Tout d’abord, l’étude de l’Apec révèle que dans 42% des situations, les cadres affirment que l’entreprise a essayé de les retenir, et ce peu importe le périmètre de responsabilités qu’ils exercent.
Afin de gérer cette période de transition au mieux, certaines entreprises demandent aux cadres démissionnaires d’attendre avant d’annoncer leur départ (chez 4 cadres sur 10).
Qu’en est-il de la période de préavis ? Près de 2 cadres démissionnaires sur 3 effectuent la totalité de la période de préavis prévue dans leur convention collective.
Une proportion extrêmement marginale a été dispensée de préavis et 34 % n’en ont effectué qu’une partie. Il faut noter que les cadres exerçant des responsabilités hiérarchiques sont les moins nombreux à avoir bénéficié d’une période de préavis réduite.
Parmi les cadres n’ayant réalisé qu’une partie de leur préavis, la grande majorité (60 %) en a tout de même réalisé un ayant duré entre 2 et 3 mois. Pour 27% des cadres, cette période a été comprise entre 1 et 2 mois.
La taille de l’entreprise joue un rôle dans ce choix. Ainsi, près des 2/3 des cadres ont eu un préavis réduit, compris entre 2 et 3 mois, dans les grandes structures (plus de 250 salariés) contre 47 % pour les plus petites (moins de 10 salariés).
Le degré de responsabilités exercées par les cadres n’est pas anodin non plus : 64 % de ceux gérant des équipes ont effectué un préavis variant entre 2 et 3 mois, contre 58 % pour ceux n’ayant aucune responsabilité hiérarchique, ni gestion d’équipe ou de projet.
8 cadres sur 10 restent en bons termes avec leur précédent employeur
Que leur préavis ait été réalisé en totalité ou non, les cadres démissionnaires estiment que leur investissement et leur concentration n’en ont pas pâti.
Plus de 7 cadres sur 10 (71 %) considèrent ainsi que leur investissement professionnel n’a pas eu à souffrir de leur prochain départ.
Dans les 2/3 des cas, ils ont même “participé activement à la passation des dossiers afin de minimiser les risques de blocage des projets après leur départ”.
- 83% des cadres estiment être partis de leur entreprise en bons termes.
L’absence de conflits au moment de la démission concerne la très grande majorité des cas, ce qui pourrait peut-être laisser présager le retour de salariés boomerang à l’avenir. La moitié des cadres en poste n’excluent pas de renouer le dialogue avec une entreprise dans laquelle ils ont déjà travaillé, dans le but de déboucher sur une nouvelle collaboration professionnelle.
De leur côté, 53% des entreprises ne ferment pas la porte au retour d’anciens collaborateurs-cadres.