Télétravail, chômage partiel, arrêts puis relance de l’activité, distanciation physique et sociale, précautions dans les bureaux… Les répercussions de la crise sanitaire du Covid 19 ont impacté le management des organisations. Maintenir et développer la performance des entreprises a fait prendre conscience de l’importance du facteur humain. Dans le monde post-covid, une culture d’entreprise forte devra s’inscrire dans une logique de durabilité pour motiver les collaborateurs. La culture d’entreprise durable devra placer l’humain au cœur de la mission de l’entreprise pour que, du bien-être de chaque salarié, naisse l’engagement qui renforcera le collectif de travail.
L’humain au coeur de la culture d’entreprise post-covid
Vers une amélioration de la qualité de vie au travail : La “R.I.E”
Avec le télétravail, le salarié a vu l’opportunité de s’affranchir de la contrainte logistique des transports en commun et des horaires de travail rigides. La distanciation forcée a renvoyé les individus à leur propre individualité. Désormais, les individus voudront avoir le choix de leur temps et lieu de travail. Selon le CEO de Cactus Consulting, Jean-Yves Guillain, les organisations pourraient basculer d’une culture collective à une culture de l’individu. Guillain imagine le concept de la R.I.E (« Responsabilité Individuelle des Entreprises ») pour faire prendre à l’entreprise des actions orientées développement des collaborateurs, équilibre vie pro / vie perso et santé des personnes.
Culture d’entreprise : vers un management participatif
Via la visioconférence, le domicile a imprégné l’entreprise. Les frontières vie pro / vie perso sont devenues poreuses. Et le domicile a ainsi participé à la transmission de valeurs humaines au sein de l’organisation. Cette porosité a permis de renforcer le lien entre manager et individu, de renforcer la confiance mutuelle et de renforcer l’autonomie accordée au salarié. Selon l’enseignante / chercheuse, à l’ISC Paris, Gaëlle Redon, la culture organisationnelle post-covid pourrait prendre une tournure moins « top-down » qu’avant et davantage « bottom-up ». Miser sur l’intelligence collective dans la prise de décision permet de responsabiliser le salarié et d’améliorer la productivité individuelle.
Terminé le style de management basé sur le commandement et le contrôle. Les logiciels de surveillance qui infantilisent le salarié et diminuent sa motivation n’auront plus leur place dans la nouvelle culture d’entreprise. Pour relancer la productivité, il s’agit d’adopter un management participatif fondé sur la confiance et l’accompagnement. Les managers doivent soutenir les salariés dans la réalisation de leurs objectifs, donner du sens à leur travail, et les responsabiliser. Même si le travail n’est pas porteur de sens, Marc Ohana, professeur à Kedge BS, suggère le recours au “job crafting” qui permet au collaborateur de personnaliser son poste selon ses passions. En ce sens, le “participatif” devient un avantage stratégique et compétitif pour Mireille Chidiac, PHD. Professeur, puisqu’il renforce et développe le sentiment d’appartenance.
Si les valeurs individuelles sont au cœur des activités de l’entreprise, les valeurs collectives, sociales et environnementales permettent de renforcer le collectif.
Une culture d’entreprise forte autour des valeurs sociales et environnementales
La communauté phygitale, un nouveau lien social dans l’entreprise.
L’hybridation du travail entre distance et proximité s’est révélée être un enjeu essentiel pour le management des organisations. Cependant la nouvelle communauté phygitale qui a émergé a permis de développer une nouvelle sociabilité virtuelle entre solidarité, pédagogie, coopération et transversalité.
Faire exister l’autre à distance. Pierre Morgat recommande pour cela aux entreprises de favoriser la pédagogie et l’entraide entre générations digitales. Cela devrait permettre la création d’un nouveau lien social dans l’entreprise et renforcera l’adhésion à la culture d’entreprise
Les discussions informelles pendant la pause café ont montré qu’elles sont essentielles pour réfléchir et coopérer. C’est pourquoi la création d’une communauté phygitale permet de rompre le sentiment d’isolement et de favoriser la coopération en vue d’une gestion collective des dossiers, des activités, des projets.
La porosité des frontières entre la maison et l’organisation a permis le développement de la transversalité. Coopérer et co-créer, c’est désormais possible grâce à l’abandon d’une structure hiérarchique dans le cadre de ce nouveau lien social virtuel.
La RSE, un facteur de résilience
Lors du premier confinement, les entreprises qui ont le mieux résisté à la crise “sont celles qui avaient des fournisseurs conscients de leurs responsabilités vis-à-vis de la santé de leurs salariés et qui étaient donc davantage préparées à relever le défi de la crise sanitaire”, explique François Thaler, coprésident d’EcoVadis. Pour sortir plus forts de la crise, il est impératif pour les entreprises de renouveler le management autour des valeurs de responsabilité éthique, sociale et environnementale.
Articuler le management des organisations autour des valeurs de la RSE, c’est donner du sens à la mission de l’organisation en vue de l’adhésion et de l’engagement du collaborateur. En devenant une entreprise à mission, l’entreprise socialement responsable relie entre eux les individus via des valeurs personnelles et collectives telles que le respect du vivant ou l’altruisme envers la planète. Créer une culture d’entreprise forte, c’est renforcer sa capacité de résilience.
Caroline BEGUIN