Depuis son apparition sur la scène publique, ChatGPT a suscité la curiosité et l’enthousiasme, autant que l’appréhension. 3 ans après, où en sont les RH avec son usage ? Car pour que son usage reste une source de valeur et non de dérive, encore faut-il en comprendre ses limites et ses opportunités.
Dès ses premiers mois, le robot conversationnel créé par OpenAI a franchi le cap des 100 millions d’utilisateurs. Et cet engouement n’a cessé d’augmenter depuis. En France, en septembre 2025, près de 4 français sur 10 ont utilisé une IA conversationnelle, 3 fois plus que l’année passée. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si ChatGPT a bouleversé les pratiques en entreprises, mais comment.
ChatGPT : l’IA générative qui su conquérir le monde
ChatGPT, qu’est-ce que c’est ? Si vous avez passé les 3 dernières années sur une île déserte, la réponse se trouve dans son nom : « chat » pour le traitement de langage naturel que cette intelligence artificielle utilise. Et « GPT » pour « Generative Pre-trained Transformer » (transformeur génératif préentraîné).
Son modèle de langage de grande taille est muni de milliards de paramètres. Elle a été « entraînée » par 750 GO de données. A quoi a-t-elle été entraînée spécifiquement ? À générer une réponse suite à une instruction, soit une suite de texte cohérente avec le « prompt ». Ces capacités lui permettent de :
- répondre à des questions de suivi,
- reconnaître ses erreurs,
- souligner les informations incorrectes et rejeter les demandes inappropriées.
Depuis son lancement, plusieurs modèles se sont succédés, GPT-5 est le seul actif à date, en accès limité gratuitement, ou en illimité avec un abonnement. Cette version est capable de déterminer si une réponse nécessite un temps de réflexion, et génère dans le cas contraire une question rapide. Les versions Thinking (« réflexion ») et pro incitent le modèle à passer plus de temps avant de générer des réponses, permettant ainsi de résoudre des problèmes plus complexes.
Ce qu’il faut éviter avec ChatGPT
Trois ans après son lancement, l’usage de ChatGPT en entreprise a livré ses premiers enseignements. L’outil a prouvé son efficacité dans de nombreux domaines RH, mais il a aussi révélé certaines dérives et incompréhensions. Pour en exploiter tout le potentiel, il est donc essentiel d’identifier les principaux écueils observés sur le terrain.
Se méprendre sur la nature de ChatGPT
ChatGPT n’a rien d’humain. Il ne faut pas s’y méprendre, c’est une machine qui n’a pas de conscience.
L’erreur la plus fréquente consiste à prêter à ChatGPT des intentions ou des émotions. Car si elle peut en donner l’illusion, l’IA conversationnelle ne ressent rien : ni émotion, ni empathie, ni intuition. En réalité, ChatGPT ne « comprend » pas, il imite la pensée humaine.
Cette confusion est renforcée par le ton conversationnel et la cohérence de ses réponses, qui donnent l’impression d’un interlocuteur fiable. Or, comme le rappelle le psychologue Serge Tisseron : plus l’outil semble empathique, plus l’utilisateur tend à baisser la garde .
Utiliser ChatGPT pour obtenir un avis personnel ou éthique comporte donc un risque : celui de se voir renvoyé une réponse cohérente, mais dénuée de sens ou de nuances humaines.
Pour les RH, cette distinction est essentielle. Car si ChatGPT peut, par exemple, formuler une réponse à un conflit managérial, il ne perçoit pas les émotions sous-jacentes ! Son usage doit donc être guidé par la conscience humaine, non l’inverse. Dans ce contexte, le rôle des RH est celui de « gardien critique » : trier et adapter les réponses de l’IA à la réalité de l’entreprise.
Ignorer sur les limitations de ChatGPT
Deuxième écueil : oublier que ChatGPT a des limites structurelles. Ses réponses reposent sur des données passées, potentiellement inexactes ou obsolètes.
D’abord, sa connaissance du monde s’arrête à juin 2024 (version GPT-5). Tout ce qui s’est produit depuis cette date (réformes RH, accords sociaux, jurisprudence, etc.) n’est pas intégré à sa base de données. GPT-5 peut effectuer des recherches web en temps réel, mais ces contenus ne sont pas toujours vérifiés ou sourcés.
Ensuite, ChatGPT hérite des biais présents dans les textes sur lesquels il a été entraîné. Si certaines sources reproduisent des stéréotypes ou des discriminations, le modèle peut les répliquer. Enfin, l’outil peut « halluciner » : c’est-à-dire inventer des faits, des citations ou des chiffres. Ces erreurs sont d’autant plus risquées qu’elles se présentent sous une forme très convaincante et parfois imperceptible.
Les RH doivent donc adopter une posture de vigilance critique : croiser les informations, vérifier les sources et surtout garder la main sur l’interprétation des données.
Les clés pour un usage bénéfice de ChatGPT
Si l’expérience des trois dernières années a mis en lumière les erreurs à éviter, elle a aussi révélé les bonnes pratiques qui font la différence. En voici trois, pour tirer le meilleur parti de ChatGPT sans en subir les dérives.
Déterminer les cas d’usage
ChatGPT est un assistant d’aide à la réflexion et à la formulation. Bien utilisé, il peut devenir un formidable allié pour trouver des idées, explorer plusieurs angles d’un sujet ou synthétiser rapidement des informations.
En revanche, ses productions restent standardisées, parfois superficielles, et manquent souvent de créativité, de ton ou de nuance. En d’autres termes, ChatGPT doit compléter l’expertise humaine, pas la remplacer.
Les RH peuvent l’utiliser pour générer des trames, s’inspirer de formulations, ou structurer des messages internes, à condition que la touche finale reste humaine, afin de préserver la cohérence et la culture de l’entreprise.
Encadrer le partage des données
Toute donnée saisie dans l’outil peut, en théorie, être utilisée pour améliorer ses modèles d’apprentissage. Il est donc crucial d’éviter d’y insérer :
- des informations clients,
- des données personnelles,
- ou tout contenu confidentiel (contrats, rémunérations, stratégies internes).
Certaines entreprises ont d’ailleurs mis en place des politiques internes d’usage de ChatGPT ou autre IA générative, précisant ce qu’il est permis de partager ou non.
À terme, l’intégration d’outils d’IA en «mode privé» (hébergés localement ou sur serveurs sécurisés) pourrait permettre d’en élargir les usages, tout en respectant les règles RGPD et la confidentialité des échanges.
Maintenir un équilibre humain
Si ChatGPT aide à gagner du temps sur la rédaction ou l’analyse, son utilisation doit rester au service de la réflexion humaine. Une vigilance particulière concerne le risque d’effet de substitution : dans certains cas, les entreprises remplacent des stages ou postes juniors par des automatisations générées par l’IA.
Or, ces jeunes talents constituent souvent le premier levier d’innovation et de renouvellement au sein des équipes.
L’enjeu est donc d’articuler intelligemment les deux : confier à l’IA les tâches répétitives, pour mieux valoriser les compétences humaines – notamment celles liées à la créativité, à l’esprit critique et à l’analyse.
Quels sont les cas d’usage de ChatGPT dans l’entreprise ?
Loin de remplacer les équipes, ChatGPT peut devenir un outil d’assistance précieux dans la gestion quotidienne des ressources humaines. Parmi les usages les plus pertinents :
- Un chatbot au service des salariés, capable de répondre instantanément à leurs questions sur la politique RH, la santé, la diversité ou les avantages sociaux pendant leur onboarding ou même après.
- Le benchmark des tendances événementielles, pour préparer un séminaire ou une journée d’équipe inspirante.
- La veille sectorielle ou réglementaire, notamment sur la législation en paie.
- Les tâches multilingues, comme la traduction de documents ou la reformulation interculturelle.
- La simulation de budgets ou la rédaction de synthèses pour les reportings RH.
Source(s) documentaire(s)
- Les jeunes aux avant-postes de la révolution de l’IA conversationnelle, Médiametrie
- Google renvoie l’ingénieur qui disait que son IA était douée de conscience, Courrier international
Article mis à jour en novembre 2025 (première publication en mars 2023).

