Le changement c’est maintenant. Tout le monde se souvient de cette phrase, tel un slogan de publicité, prononcée en janvier 2012 par François Hollande à quelques mois du premier tour de la présidentielle.
Si en terme de marketing, on peut dire que cette punchline s’est gravée dans l’inconscient collectif, dans les faits elle a déçu. Pourquoi ? Car une promesse est faite pour être tenue et non pour rester une déclaration d’intention. Comme on dit, le marketing fait des promesses puis l’expérience doit la tenir.
A l’époque, et encore aujourd’hui, cette phrase fait l’objet de beaucoup de railleries ou de parodies pourtant aujourd’hui en janvier 2023, cette phrase n’a jamais pris autant de sens.
En effet, 2022 n’a pas été de tout repos. Il nous a fallu nous adapter. Que ce soit en entreprise où des changements majeurs ont poussé comme des champignons, comme dans la vie personnelle où notre rapport au travail s’est transformé, on peut dire que les changements se sont imposés à nous à la vitesse de l’éclair.
Néanmoins, s’il reste un sujet où le changement prend du temps c’est en terme d’humain.
Depuis l’avènement du digital, nous ne cessons de scander à quel point il est important de « remettre l’humain au cœur de la société ». Aussi à l’aube de cette année 2023, j’avais très envie de poser une question : Comment incarner le changement humainement ?
Sur le plan professionnel, en entreprise les changements ont poussé comme des champignons.
Après crise sanitaire, confinement à répétition, chômage partiel, on peut dire que le changement a eu lieu sur tous les fronts :
- Travailler à distance n’était pas envisageable, c’est devenu un accord d’entreprise à raison de 2/3 jours par semaine
- La marque employeur restait un concept flou, aujourd’hui elle est un levier de recrutement
- La qualité de vie au travail n’était pas un sujet de fond, il est devenu prioritaire pour fidéliser les collaborateurs
- Le droit à la déconnexion est reconnue comme moyen de prévention à la charge mentale
- La politique environnementale et RSE n’est plus une option
- Le recrutement est en crise, les chassés sont devenus les chasseurs
- De nouveaux modèles de travail comme semaine de 4 jours, congés illimités sont expérimentés
- L’aménagement des bureaux fait l’objet de toutes les attentions. Haut les cœurs ! Les murs sont pimpés, les salles de réunion aussi, les espaces détente, baby foot, cuisine sont devenus légion.
Sur le plan personnel, le rapport au travail s’est transformé.
- La reconversion professionnelle n’est plus un frein
- L’équilibre vie professionnelle/ vie personnelle n’est plus négociable
- La mobilité géographique est au cœur des préoccupations
- Les espaces de coworking ont fleuri comme les boulangeries
- La quête de sens n’est plus un sujet dédié aux trentenaires
- La crise de la quarantaine est devenue transgénérationnelle
Waouh, on peut dire qu’en moins de 2 ans, les entreprises, les DRH comme les collaborateurs ont su s’a-dap-ter et faire preuve de résilience.
Par ailleurs, la crise sanitaire a rebattu les cartes sur notre rapport au temps et au travail. Un processus de réflexion s’est accéléré pour bon nombre d’entre nous provoquant des déménagements, des réorientations professionnelles, des changements de vie, des révisions de priorités, une juste place aux valeurs et parfois même à la façon de consommer. Je pense qu’unanimement nous pouvons nous féliciter car ces changements ont pris racines dans nos vies et ne font que grandir 😊.
Sur le plan humain, le changement a stagné.
Souvenez-vous pendant le COVID, la distanciation physique et sociale nous a donné l’opportunité d’exceller en matière d’humain. Nous étions aux balcons à applaudir et manifester notre reconnaissance aux Hommes et aux Femmes qui travaillaient en premières lignes. À la boulangerie, au supermarché, nous avions le temps, nous montrant d’une grande politesse : « Allez-y je vous en prie, passez Madame » « Non vraiment c’est gentil vous étiez là avant moi » « Moi, j’ai le temps vous savez » « Oui moi aussi ». Bref, confiné, isolé, coupé des autres, chacun s’est donné le temps d’être plus attentif aux autres.
Puis au déconfinement, le monde s’est mis à rimer à nouveau avec rapidité, efficacité, incivilité, impatience, urgence, rendez-vous, embouteillage, course après le temps, stress etc.
Nous constatons que le digital s’installe dans nos vies, les écrans sont partout et captent toute notre attention, l’intelligence artificielle remplace de plus en plus l’humain, là où on considère qu’il n’a pas de valeur ajoutée. Parallèlement à ce monde digital, le télétravail a démontré à quel point nous avons besoin de lien social mais nous ne le verbalisons pas par pudeur ou peut-être par peur d’être jugé hypersensible.
Quel est le piège qu’il nous faut éviter ?
Nous avons tendance à être dans le CONSTAT.
Nous avons tendance à constater que les gens sont froids, tristes, peu souriants, que les gens sont négatifs, critiques, qu’ils se plaignent, qu’ils râlent. Que les gens sont arrogants, intolérants, pessimistes, hautains. Nous avons tendance à dire que les gens sont peu reconnaissants mais ….. NOUS SOMMES LES GENS. Comme disait Gandhi « Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ».
Chacun est acteur de cette société plus vertueuse et plus humaine à laquelle nous aspirons.
Au lieu de constater, agissons !
Vous trouvez que les gens autour de vous sont tristes ? C’est eux le problème ? Alors raison de plus : Souriez !
Dîtes « bon appétit » à une personne à la gare, à coté de qui vous passez, il sera surpris !
Dîtes « à vos souhaits » à l’inconnu qui éternue à coté de vous, il vous remerciera et vous sourira probablement en retour.
Dîtes à votre voisin « il fait chaud aujourd’hui », coincé dans un wagon de métro blindé, la discussion s’engage.
Laissons parler notre spontanéité et soyons l’étincelle dans la journée de quelqu’un.
Les sciences humaines et comportementales sont toujours simples à comprendre mais difficiles à mettre en place car elles demandent une remise en question sur de l’intangible comme le comportemental ou la communication. Difficile de se regarder en train d’agir.
On a tendance à se dire « Je sais » mais entre je sais et je fais il y a 1 lettre et cette lettre change tout.
Comment fait-on pour contribuer au monde tel que nous avons envie de le voir ?
Parfois ce sont 3 mots à la boulangère, un bonjour enthousiaste au chauffeur de bus, un peu d’aide à un livreur, un sourire sincère à une personne âgée, un encouragement au serveur, une écoute active à un collègue qui n’a pas le moral, un merci spécifique et nourrissant à une collaboratrice pour sa présentation en réunion…
Laissons parler notre humanité.
Dans les bistrots parisiens, on dit que le serveur désagréable c’est la norme. Et si on essayait de surprendre ces fameux serveurs à coup de sourire, d’un petit mot gentil, d’une attention chaleureuse. Personnellement, je m’amuse à tendre des perches relationnelles pour donner à l’autre l’opportunité de saisir l’instant, mais aussi voir la capacité individuelle à se lâcher et à oser l’audace relationnelle. Ça décontenance au premier abord, certains s’étonnent de cette gentillesse inattendue, d’autres s’imaginent que je cherche des amis. Pourtant, je ne cherche pas des amis, j’apprécie simplement le contact avec les serveurs, les vendeurs, les livreurs, les facteurs, les gens quoi ! J’ai juste envie de me sentir plus vivante qu’une machine.
Peut-être que si on osait le changement comportemental vers plus d’altruisme, plus de reconnaissance, on tendrait davantage vers cette société plus humaine.
Détachons-nous de cet excès de pudeur qui nous prive de jolis instants.
Faut-il croire au monde de demain ?
Personnellement, je ne crois pas au monde de demain, je crois au monde d’aujourd’hui.
Cessons de penser que le chantier est monumental et que ça ne sert à rien d’être gentil, souriant, optimiste, enthousiaste, à l’écoute, compatissant, reconnaissant car chaque jour d’autres agissent mal, ne disent ni bonjour ni merci, ne s’excusent pas, font la gueule, ne font jamais preuve de reconnaissance, passent leur temps à se plaindre ou à vous couper la parole.
AGISSONS en notre âme et conscience.
AGISSONS avec autrui comme nous aimerions qu’il agisse avec nous.
Cessons de compter sur le collectif pour changer le monde, commençons par agir individuellement. Et il ne s’agit pas de faire des déclarations d’intention comme je le disais au départ mais d’être concret.
Le changement c’est maintenant !
L’optimisme c’est maintenant !
La reconnaissance c’est maintenant !
L’enthousiasme c’est maintenant !
L’écoute c’est maintenant !
L’humain c’est maintenant !
Ça ne tient qu’à nous, à notre volonté, à notre espérance et à notre contribution.
AGIR EST LE MEILEUR MOYEN DE FAIRE AVANCER L’HUMANITE.
Cessons de parler, de réfléchir, de dire, de lire, d’écrire sur la bien-veill-ance il incombe plutôt à chacun de se poser les bonnes questions :
- Comment j’incarne la bienveillance dans chacune de mes journées ?
- Quelles sont les 3 actions concrètes qui me font dire que je contribue à une société plus humaine ?
En 2023, mettons le cap sur l’humain, mais vraiment.
Ensemble, nous pouvons fabriquer cette société plus humaine et plus vertueuse.
C’est ce que Pierre Rabhi nous explique avec le légende du petit Colibri.
« Un jour d’incendie de forêt, tous les animaux terrifiés observaient impuissants au désastre. Seul le petit colibri s’activait pour jeter de l’eau sur le feu avec son bec. L’un des animaux, agacé par son agitation lui dit « Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit « Je sais mais je fais ma part. »
Alors en 2023, faîtes votre part. 😊