Le 24 mai dernier, l’IMS-Entreprendre pour la Cité publiait les résultats de l’étude « Les stéréotypes sur le genre – Comprendre et agir dans l’entreprise ». Réalisée auprès de 1 200 managers en France issus de neuf entreprises, cette dernière met en lumière les inégalités qui subsistent et ce, malgré les politiques déployées en faveur de l’égalité professionnelle. Quels sont les principaux stéréotypes qui circulent dans l’entreprise ? Quel est l’impact de ces derniers pour les salariés ? Comment les identifier ? Tour d’horizon
« Les hommes comme les femmes attribuent des compétences professionnelles à chaque genre », confirme Patrick Scharnitzky, Docteur en psychologique sociale. Selon l’étude IMS-Entreprendre pour la Cité, 44 % des managers hommes et 51 % des managers femmes interrogés estiment que les hommes et les femmes ont des compétences professionnelles différentes. « Les femmes ont du mal à s’identifier sur des postes de dirigeant », confirme Inès Dauvergne, Responsable diversité, IMS-Entreprendre pour la Cité. L’homme « leader » et la femme « assistante » s’impose donc bel et bien, comme l’un des stéréotypes forts encore en vogue dans l’entreprise. Ainsi, les hommes seraient plutôt doués pour l’action et dotés de charisme et de leadership alors que les femmes seraient plus à l’écoute et posséderaient un véritable sens du détail et de l’organisation. C’est la fameuse dichotomie du « savoir-faire » pré carré des hommes et du « savoir-être » domaine réservé des femmes.
Concrètement, comment cela se traduit dans la vie de l’entreprise ? Les femmes éprouveraient des difficultés certaines, à être identifiées comme leaders et à se projeter sur des postes à responsabilités. Quant aux hommes, ils auraient tendance dans la pratique, à négliger la candidature des femmes à ce type de postes.
Le manager idéal est-il un homme ou une femme ?
Selon la Responsable diversité, IMS-Entreprendre pour la Cité, « le bon manager relève d’un modèle androgyne. Ce dernier doit, en effet, être capable de conjuguer des compétences traditionnellement jugées masculines (comme le charisme ou la capacité de décision) à des compétences considérées plus féminines, telles que le relationnel ou l’écoute ». Mais attention, même si les femmes et les hommes ont une conception plutôt mixte du manager idéal, près de 58 % des femmes pensent que leurs supérieurs hiérarchiques favorisent les hommes pour les postes à hautes responsabilités. Cet ancrage donne lieu à un certain nombre de stéréotypes : les hommes seraient machos, égocentriques ou encore exploiteurs.
Les experts en psychologie attribuent l’émergence de ces stéréotypes à un mécanisme de défense pour les femmes. Pour Jean-Luc Placet, Président de la Commission Respect de l’Homme MEDEF, « On ne peut pas décemment rester dans ces clivages aussi moyenâgeux. La responsabilité des managers consiste, aujourd’hui, à mobiliser l’ensemble des forces de l’entreprise tout en se posant la question des conditions d’épanouissement de l’ensemble des collaborateurs et ce, afin d’éviter les raccourcis de genre ».
L’image des femmes en question
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les hommes ont une vision plus positive des femmes que les femmes en ont d’elles-mêmes. « Les femmes ont une vision très négative de leurs homologues lorsque ces dernières occupent des postes de managers. Selon elles, une femme qui accède un poste de cadre-dirigeant finit toujours par se comporter comme en homme », confie la Responsable diversité, IMS-Entreprendre pour la Cité. Selon les résultats de l’étude, pour près de la moitié des managers hommes et femmes confondus, les femmes qui réussissent à obtenir un poste à responsabilités finiraient par se masculiniser.
Le chemin vers la fin des stéréotypes est donc pavé de nombreux obstacles. Ce sujet remonte d’ailleurs à la nuit des temps car les stéréotypes se construisent dès le plus jeune âge, à l’école ou via l’éducation parentale. Ce n’est donc pas uniquement à l’entreprise de casser ces mécanismes discriminants. Il y a bien là tout un enjeu de remise en question de l’ensemble de la société. Pour le Président de la Commission Respect de l’Homme MEDEF, « un manager qui ne s’intéresserait pas aux enjeux corrélés à ces stéréotypes de genre, serait un manager irresponsable ». Tout est dit.
Emilie Vidaud