36 % des apprentis rompent leur contrat au cours de la première année et demie. C’est ce que révèle une récente étude de la DARES. Pour quelles raisons ? Quels sont les facteurs qui conduisent ces jeunes à interrompre leur contrat d’apprentissage par anticipation ?
Pour mieux comprendre ce phénomène, l’institution a examiné les parcours des apprentis engagés dans une formation d’au moins deux ans à partir de la rentrée 2018. Conditions de travail, accompagnement familial ou problématique rencontrée avec l’entreprise, décryptage des résultats diffusés par la DARES il y a quelques jours.
Les conditions de travail, un facteur décisif
Premier facteur de rupture du contrat d’apprentissage : la qualité de vie et les conditions de travail (QVCT). En réalité, c’est même le motif le plus fréquemment évoqué par les apprentis qui mettent fin à leur apprentissage.
Poste inadapté, mauvaise relation managériale, absence de suivi… Selon l’étude de la DARES, 65 % des apprentis ayant rompu leur contrat au milieu de leur parcours évoquent un problème lié à l’employeur ou au poste occupé.
Par ailleurs, le secteur d’activité semble aussi jouer un rôle important dans ces ruptures. Ainsi, certains secteurs — l’hôtellerie-restauration, la coiffure et les soins de beauté, l’agroalimentaire — présentent des taux de rupture particulièrement élevés. À hauteur de 55 % (CHR) d’une part, et de 44 % (esthétiques, industrie agroalimentaire) d’autre part. En cause ? Les contraintes propres à ces secteurs. Avec les horaires atypiques, la pénibilité ou la taille de l’entreprise (non-compensation des heures supplémentaires notamment) qui rendent difficile la poursuite de l’apprentissage.
De manière générale, les petites entreprises de moins de cinq salariés enregistrent un taux de rupture de 43 %, contre 19 % pour celles de plus de 250 salariés. Les grandes entreprises offrent souvent des conditions de travail plus stables et un encadrement mieux structuré. Mécaniquement, cela contribue à réduire le risque de rupture. Les petites structures, en revanche, manquent parfois des ressources nécessaires pour accompagner un apprenti. Ce qui peut mener à une rupture de contrat, quel que soit le secteur d’activité.
Ce constat souligne la nécessité pour les entreprises de renforcer leur capacité à encadrer les apprentis. Par exemple, en ayant recours à des dispositifs de médiation ou à une meilleure gestion des heures supplémentaires non compensées, dans le but d’aider à diminuer les abandons.
L’influence de l’accompagnement parental
L’accompagnement familial est un autre facteur clé pour la réussite de l’apprentissage. Car les jeunes bénéficiant du soutien de leurs parents sont mieux préparés et trouvent plus facilement un employeur. L’étude montre d’ailleurs que les apprentis dont les parents ont activement contribué à leur recherche d’un employeur ou les ont encouragés dans ce parcours rompent leur contrat moins fréquemment : 30 % contre 38 % pour ceux sans soutien parental.
Cette influence peut s’expliquer par les ressources supplémentaires que les parents apportent. Il peut par exemple s’agir d’un réseau professionnel ou d’une capacité à intervenir en cas de problème avec l’employeur. À l’inverse, les jeunes sans ce soutien familial sont plus exposés aux difficultés, et donc, plus susceptibles de rompre leur contrat. Dès lors, le contexte social et familial paraît déterminant dans la stabilité des contrats d’apprentissage.
Les ruptures de contrat d’apprentissage, une réalité nuancée
Bien entendu, toute rupture de contrat d’apprentissage ne signifie pas un abandon de l’apprentissage en soi. Environ 11 % des apprentis ayant rompu leur contrat réussi à en signer un nouveau avec un autre employeur dans les mois suivants. Cependant, 25 % ne resignent pas de contrat d’apprentissage un an et demi après le début de leur formation. Dans ce groupe, 33 % sont en emploi (parfois dans leur ancienne entreprise d’apprentissage) tandis que 27 % poursuivent leur formation sous d’autres formes, et 28 % sont en recherche d’emploi.
Cette diversité de parcours souligne l’importance des dispositifs pour aider les jeunes à poursuivre leur formation en cas de rupture. En effet, le manque de suivi et de soutien après une première rupture peut conduire certains jeunes à abandonner complètement leur apprentissage.
Selon l’étude de la DARES, les causes des ruptures de contrats d’apprentissage sont complexes et multifactorielles. Elles sont corrélées aux conditions de travail et au secteur d’activité. Mais aussi à l’engagement des employeurs et au soutien parental. La stabilité des contrats d’apprentissage repose ainsi sur un équilibre entre un environnement de travail sain et des ressources de soutien. Et ce, aussi bien dans la sphère professionnelle que familiale.
Source(s) documentaire (s)
Publication Dares octobre 2024, n°63 — Quelles causes aux ruptures des contrats d’apprentissage ?