Vous êtes depuis 4 ans au sein de cette entreprise certifiée par un prix de la meilleure organisation pour travailler. Vous occupez une fonction à responsabilité et au fil du temps, votre champ d’activité s’est considérablement enrichi mais malheureusement vous restez seul dans votre activité. Même si la charge de travail est considérable, vous semblez épanoui. Vous remarquez aussi que votre manager direct n’est plus aussi attentif, devient exigeant sans aucune bienveillance et surtout ne comprend plus vraiment votre métier. Côté vie personnelle, vous avez une famille qui vous soutient, des amis qui ont toujours une oreille attentive pour vous et vous avez des moments à vous pour vous ressourcer.
Et, voilà qu’un jour, après quelques mois à ce rythme, vous ne comprenez plus vos émotions, vos réactions, vos collègues, votre manager, vos amis, votre famille. Vous vous sentez épuisé mentalement et physiquement.
Et vous vous posez la question : « que se passe-t-il ? Vous ne comprenez pas car vous vous sentez protégé avec une vie personnelle riche et une passion incroyable pour votre métier.
Le burn out ou l’épuisement professionnel : de quoi parlons-nous ?
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), le burnout – ou syndrome d’épuisement professionnel – désigne un état d’ « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».
Le 22 mai 2017, la HAS a rendu un rapport complet sur le repérage et la prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out, à destination des généralistes et des médecins des services de santé au travail.
Le burn out est un sujet prégnant dans le monde du travail. Aucun secteur d’activité, aucune organisation n’est épargnée !
Des outils existent pour faire un premier auto-diagnostic de son rapport à son travail dont notamment le questionnaire de Marie Pézé[1].
Le burn out est un long processus et non un état, avec différents degrés de gravité. Les conditions de travail actuelles (hyperconnexion, télétravail, réactivité, travail dans l’urgence, compétition quotidienne) et l’image du travail en France (perte de sens de la valeur travail, demande importante de reconnaissance, identité professionnelle exacerbée, recherche du bonheur au travail) entrainent aujourd’hui de plus en plus de personnes en situation d’épuisement professionnel.
- Pour aller plus loin : Le burn-out comme maladie professionnelle : c’est possible ?
Articulation vie professionnelle – vie personnelle : que recouvre-t-elle ?
Comment pouvons- nous définir ce qu’est la vie professionnelle et la vie personnelle ? La vie professionnelle peut être définie de la manière suivante : c’est le temps passé dans ou hors de l’entreprise dans le cadre de l’exercice d’un emploi. L’employeur définit des règles pour régir ce temps professionnel. En dehors de la relation entreprise/salarié, d’autres temps de vie apparaissent dont le temps familial. La littérature fait état du « hors-travail », concept étudié par Ariane Ollier-Malaterre[2]. Ce temps hors-travail est plus général et comprend aussi bien le développement personnel, la famille et les engagements dans la société (association, politique,…).
Les mesures proposées par les entreprises en France concernant l’articulation vie professionnelle-vie personnelle sont rarement ciblées et ne font que rarement l’objet d’une véritable politique cohérente intégrée à celle des Ressources Humaines par exemple. Ce sont encore souvent des mesures disparates liées au contexte même de l’entreprise, de la personnalité et des convictions du dirigeant, d’héritages historiques, des usages sectoriels plutôt qu’une politique formalisée.
Que peuvent faire les entreprises pour avancer sur ces sujets ?
Trouver les leviers pour faire évoluer la culture » vie professionnelle – vie personnelle » est clé. Et notamment pour aller vers une culture fondée sur les résultats au travail plutôt que sur la présence au bureau, une culture plus empathique face aux enjeux de l’articulation vie professionnelle – vie personnelle et une culture qui prend en compte le soutien à l’articulation des temps de vie dans les évaluations des managers et des collaborateurs. Ainsi, faire de l’articulation de la vie sociale avec la vie professionnelle un objectif de la négociation annuelle obligatoire dans les entreprises et une clause des conventions de branche serait peut-être une piste de réflexion pour agir concrètement sur ce sujet sociétal.
Agir également sur les comportements demandera du temps et surtout une implication importante de l’ensemble des acteurs concernés : collectivités locales, villes, associations, organisations, entreprises. « Pourrons-nous un jour, avant le quatrième millénaire, nous retrouver, hommes et femmes, pères et mères, ensemble, différents et si semblables, mais ensemble ? Dans le travail qui n’est pas toute la vie, et dans la vie qui est bien plus que le travail[3]. »
Des facteurs particuliers pour se protéger du burn out ?
Le burn out peut prendre des formes différentes et surtout trouver son origine soit dans la relation que nous avons avec le travail, soit dans l’environnement toxique générant forcément des situations de burn out. Le burn out est multifactoriel.
Karen Demaison
[1] Marie Pézé est psychologue et fondatrice de la première consultation « Souffrance et travail en 1997 au Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers de Nanterre.
[2] A. OLLIER MALATERRE a soutenu une thèse concernant le sujet « Gérer le hors travail ? – Pertinence et efficacité des pratiques d’harmonisation travail -hors travail aux Etats-Unis, au Royaume Uni et en France », Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, 20 octobre 2007
[3] Patrick Ben Soussan, Article « Un po, ma non troppo ! Le père, le bébé, le travail, issu du livre La mère, le bébé, le travail, Editions Eres, (2002)