Une aide financière en faveur des entreprises qui recrutent en alternance sera octroyée dès janvier 2023 en France. Quel en sera le montant ? Cela suffira-t-il à enrayer le phénomène des contrats annulés ? Car certaines organisations peuvent être amenées à rompre un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation et ne finalement pas recruter un alternant, parfois pour des raisons budgétaires.
En outre, quel bilan peut-on dresser sur l’état du recrutement des étudiants depuis la crise sanitaire en France ? On vous guide dans cet article.
Crise sanitaire et insertion professionnelle des étudiants : état des lieux
Le baromètre Adecco de 2020 en la matière fait état d’une “dynamique positive portée par l’apprentissage” en termes d’embauche.
Malgré la crise sanitaire, les organisations auraient poursuivi leur dynamique de recrutement d’alternants avec une augmentation de 14 % d’offres publiées. On observe que plus de 450 000 offres à destination des alternants ont été publiées en 2020 contre 380 000 sur l’année 2019. Si la crise sanitaire et économique ne sont sans doute pas étrangères aux retards des recrutements, ceux-ci n’auraient pas été limités par la crise.
Avec 37 923 offres publiées en plus par rapport à 2019 soit 34 % de croissance le contrat d’apprentissage a largement contribué à cette reprise. Cet engouement s’explique notamment par l’augmentation du nombre de CFA depuis la promulgation de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, mais aussi par le plan 1jeune1solution, lancé en juillet dernier.
En outre, selon les derniers résultats publiés par la Dares, 65 % des apprentis de niveau CAP à BTS sont en emploi 6 mois après leur fin d’études (début d’année 2022). Ces données liées à l’embauche des personnes en alternance semblent naturellement prometteuses à l’aube d’une nouvelle année en termes d’insertion professionnelle, d’accès à l’emploi et de développement des compétences, notamment pour les jeunes.
Mais que prévoit exactement le gouvernement pour les étudiants en alternance à compter de janvier 2023 ? Quelle mesure prévue pour les entreprises qui recrutent en France ?
Alternance : que prévoit le gouvernement pour janvier 2023 ?
Lors d’une visite d’un atelier de la menuiserie (Maleville), Olivier Dusspot, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et Carole Greandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels ont annoncé début décembre quels seraient les montants d’aides à l’embauche pour les apprentis et salariés en contrat de professionnalisation ayant moins de 30 ans. Celles-ci seront applicables dès janvier pour une formation en alternance.
Ainsi, le gouvernement prévoie une aide financière d’un montant de 6 000 euros versée à chaque entreprise. Cela concerne “les contrats conclus avec un alternant, mineur comme majeur, du 1er janvier au 31 décembre 2023, pour la première année d’exécution (…) », annonce le communiqué gouvernemental.
Dans l’optique de “renforcer l’accès à l’apprentissage des jeunes les moins qualifiés” cette aide financière passera de 5 000 euros à 6 000 euros pour les mineurs en alternance dès janvier 2023. Jusqu’alors, le montant des primes versées pouvait varier entre 5 000 et 8 000 euros.
Dès le début d’année 2023, chaque employeur d’apprentis et de salariés en contrat de professionnalisation jusqu’à 30 ans pourra donc bénéficier de cette aide à l’embauche de 6 000 euros. Le montant de cette ressource financière est unique, peu importe la taille de l’entreprise, le niveau de la formation ou encore l’âge de l’apprenti.
Cette initiative répondrait à 3 objectifs :
- Générer l’engagement des organisations en les soutenant dès la 1ère année dans leur projet de recrutement en la matière ;
- Favoriser le recrutement des apprentis sur des niveaux bac ou moins, et dans les plus petites organisations ;
- Rendre le dispositif “plus lisible” pour les jeunes d’une part, et pour les employeurs d’autre part.
Par cette décision, le Gouvernement maintient un fort niveau d’investissement en faveur de l’apprentissage, une voie de réussite et d’insertion professionnelle durable pour nos jeunes qui a fait ses preuves lors du dernier quinquennat : 70 % des jeunes étant en emploi un an après leur diplomation.
D’autant plus que le fait de recruter un salarié en alternance dès janvier 2023 peut être avantageux pour les entreprises, quelques soient leurs métiers, notamment au niveau financier. Même si former un salarié-alternant représente un investissement et un engagement humains, la formule permettra à terme de compter ce nouveau salarié parmi vos collaborateurs. En plus, ce dernier apportera un regard nouveau à votre structure, à votre activité et à votre culture d’entreprise grâce à ses connaissances et compétences qu’il aura développées durant sa formation.
En janvier 2023, des efforts à poursuivre en faveur de l’alternance ?
Si ces efforts financiers sont sans doute bienvenus pour janvier 2023, on observe de façon empirique que de nombreux contrats ont pu être annulés cette année avec des étudiants en recherche active d’un nouveau poste. C’est un fait qui semble prendre de l’ampleur depuis quelque temps en France et qui guide les étudiants, inquiets, vers LinkedIn.
Sur ce réseau en effet, de nombreux étudiants alertent sur ces phénomènes. Du jour au lendemain, certaines entreprises décident de mettre fin à leur engagement avec l’étudiant qui doivent éplucher le réseau professionnel en quête de nouvelles offres en espérant qu’une entreprise puisse l’embaucher rapidement. Si la Dares rapportait que les contrats d’apprentissage entamés en 2021 étaient en hausse de 39 % par rapport à 2020, le taux de rupture du contrat d’alternance en la matière s’établit à près de 28 % avec un pic de 40 % dans le secteur de la restauration ! Des chiffres qui ont tout de même de quoi alarmer.
Que cette annulation couvre un motif budgétaire, logistique, administratif ou un manque de temps à consacrer à la formation de l’alternant, ces derniers sont nombreux à solliciter de l’aide et en recherche d’un nouveau travail auprès d’employeurs sur LinkedIn.
Le gouvernement affiche l’ambition d’atteindre 1 million d’apprentis par an d’ici l’année 2027 et donc de faciliter l’embauche des étudiants. C’est pourquoi les ministres s’attachent à signifier l’importance de ces politiques de soutien au développement de ce type de formation à travers une aide financière. Pour autant, au regard de toutes les annulations de contrats, le dispositif gouvernemental prévu pour janvier 2023 suffira-t-il à enrayer le phénomène et permettre aux étudiants d’accéder au poste de travail qu’ils convoitent ? Pour l’heure, rien n’est moins sûr.
Pourtant, ce type de formation est une opportunité précieuse en matière de professionnalisation et d’accès aux métiers. Elle permet d’obtenir un diplôme ou une qualification professionnelle qui est reconnue par l’Etat, d’enrichir son expérience professionnelle et ses compétences dans le métier choisi et d’être plus rapidement opérationnel. Mais cela permet également de percevoir un salaire tout en poursuivant ces études : à maints égards, l’alternant est un salarié comme un autre. Ce type de formation est un excellent guide en matière d’emploi.
Angèle Linares