Les éditeurs de solutions de gestion des compétences et des talents, TalentSoft, spécialisé dans le mode SaaS, et RFlex, proposant également ses logiciels en mode SaaS viennent d’annoncer le rapprochement de leurs savoir-faire respectifs. Interview croisée de Frédéric Lapras, Président de RFlex et Jean-Stéphane Arcis, P-DG de TalentSoft.
Au-delà des raisons économiques, notamment un chiffre d’affaires consolidé de 10 millions d’euros, qu’est-ce qui motive votre rapprochement ?
Frédéric Lapras : Il s’agit d’un rapprochement industriel entre deux entreprises qui ont des savoir-faire complémentaires. Plutôt que de tout réinventer, nous regroupons nos compétences et nos produits. Ce rapprochement va permettre à nos 2 entreprises d’aller plus vite et plus loin, dans leur développement, notamment à l’international, d’étendre leur puissance en termes de chiffre d’affaires mais aussi leur puissance fonctionnelle. Les entreprises sont aujourd’hui demandeuses de solutions complètes et intégrées car la fonction RH revêt de plus en plus une mission d’anticipation et de prévision. C’est ce que notre rapprochement va permettre de leur apporter.
Jean-Stéphane Arcis : Les deux sociétés se connaissent depuis plusieurs années et travaillent depuis plusieurs mois sur ce projet de rapprochement. Nous avons étudié et constaté une parfaite complémentarité de nos équipes et de nos solutions. En atteignant un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, mais aussi un effectif global de plus de 100 collaborateurs, nous devenons le leader dans le domaine de la gestion des talents sur les territoires français et européens. Notre rapprochement va permettre de répondre à une demande des entreprises : elles veulent aujourd’hui, comme le souligne Frédéric Lapras, des solutions de gestion des talents et des compétences intégrées, mais aussi une profondeur fonctionnelle. C’est ce que leur apporte la nouvelle solution TalentSoft.
Vous proposiez des modules semblables : recrutement, mobilité et planification des emplois. Sur quelles solutions êtes-vous complémentaires ?
F.L. : En premier lieu, nous avons effectivement constaté le recouvrement de plusieurs de nos modules. Mais TalentSoft en propose certains qui ne font pas partie de notre offre, notamment les modules rémunération et formation. Réciproquement, du côté de RFlex, nous avions développé des solutions qui ne faisaient pas partie de l’offre de TalentSoft, comme la gestion de la cooptation, les portails accessibles ou la gestion des dossiers d’embauche. Si certains de nos modules se recouvrent, ils ont aussi des fonctionnalités qui, elles, se complètent. Nous allons nous enrichir mutuellement, en termes de modules et de fonctionnalités, réunir l’existant mais aussi créer de nouveaux modules. Ainsi, nous envisageons un module qui permette de croiser les indicateurs du marché extérieur (recrutement) ainsi que les données internes à l’entreprise, pour l’évaluation salariale d’un poste, par exemple, ou le délai d’acquisition d’une compétence.
J.S.A. : En réalité, il y a assez peu de recouvrements. En complément de la gestion des carrières, de la formation et de la rémunération, il est vrai que TalentSoft proposait aussi un module de gestion du recrutement, mais celui de Rflex a atteint une profondeur fonctionnelle plus importante : On-Boarding, cooptation*, accessibilité, plan de recrutement et accès aux plus grandes CV-thèques existantes. Très flexible dans la gestion des portails candidats, il fait référence sur le marché. Nous allons nous appuyer sur les forces de chacun pour faire évoluer et enrichir notre solution. Les meilleures fonctionnalités de TalentSoft et Rflex seront reprises dans la solution cible.
Nos solutions sont non seulement complémentaires mais elles utilisent aussi les mêmes technologies, celles de Microsoft. Nous avons le même modèle économique, basé sur des solutions hébergées et un abonnement annuel. Un autre aspect important : nous partageons la même vision de la gestion des talents. RFlex, comme nous, place les compétences au centre de la gestion des ressources humaines. Cette conception est plus complète que le modèle anglo-saxon, centré sur la gestion de la performance et les revues d’objectifs.
*[Pour aller plus loin : zoom sur la prime de cooptation en entreprise]
Vous aviez déjà des clients communs, comme Aéroports de Paris et les fédérations de retraite complémentaire du privé AGIRC et ARRCO. Aviez-vous, pour ces clients, déjà entamé un rapprochement de vos solutions ?
F.L. : Nous avons de nombreux clients communs, ceux que vous citez mais aussi Bolloré, la Française des Jeux, Elior, ou encore Laser. Chacun de nos clients communs piochait à la fois dans notre offre et dans celle de TalentSoft. Chez RFlex, nous pouvions être amenés à faire des interfaces avec les produits TalentSoft et réciproquement. Nous avons l’habitude de travailler ensemble, ce qui est un atout pour nos clients. En outre, TalentSoft va beaucoup nous apporter car leur plateforme est très avancée dans l’optimisation du Cloud et du Saas.
J.S.A. : Parmi nos clients communs, je prendrai l’exemple de Bolloré qui a choisi de généraliser au niveau du Groupe, les solutions RFlex et TalentSoft. Nos clients sont ravis que notre nouvelle organisation, qui gardera le nom de TalentSoft, double de taille. A travers ce rapprochement, nous ne proposons pas seulement des passerelles entre nos solutions, qui existaient déjà, mais une roadmap commune avec des nouveaux modules et une intégration fonctionnelle standard.
Allez-vous privilégier le mode SaaS ou la création de nouveaux logiciels ?
F.L. : A terme, la majorité de nos clients auront la possibilité de retrouver leurs fonctionnalités dans un mode SaaS, à travers une seule et même application. L’intérêt, c’est que nous allons pouvoir regrouper et modéliser les fonctionnalités déjà déployées et les intégrer sous forme de paramétrages. C’est un autre point fort de la plateforme de TalentSoft. Il n’y aura aucune régression fonctionnelle. 70% environ de nos clients avaient déjà une approche SaaS ; les 30% restants, essentiellement des grands comptes, avaient une approche dite « logiciel ». Des clients, comme LaPoste par exemple, qui sont aujourd’hui en « mode » logiciel, pourront, s’ils le souhaitent, conserver leurs fonctionnalités actuelles tout en bénéficiant de la logique d’un outil unique qui évolue régulièrement, comme c’est le cas dans le modèle SaaS. C’est pour cela que je parlais de rapprochement industriel.
J.S.A. : Le SaaS est notre métier. TalentSoft est partenaire de Microsoft depuis ses débuts. Nous sommes les premiers à avoir optimisé nos solutions pour le Cloud Windows Azure, ce qui offre à nos clients une grande disponibilité et une sécurité de leurs données partout dans le monde. Nous faisons également partie des rares membres du programme mondial Microsoft BizSpark One, ce qui nous donne accès aux dernières technologies de Microsoft. La grande majorité de nos clients respectifs est en mode SaaS. C’est pourquoi nous allons privilégier et capitaliser sur ce mode. Mais les grands comptes dont parle Frédérique Lapras auront le choix. Ils pourront migrer en mode SaaS s’ils le souhaitent, à leur rythme, sans risque de régression fonctionnelle.
Typhanie BOUJU