L’intelligence artificielle (IA) transforme en profondeur les pratiques RH. Mais où en sont réellement les entreprises françaises dans l’adoption de cette technologie ? Pour répondre à cette question, myRHline a mené une étude entre septembre et novembre auprès de plus de 400 entreprises. Leurs niveaux de maturité, les usages actuels et les perspectives d’avenir y sont scrutés, avec des chiffres révélateurs.
Lors de notre récent webinar, nous avons présenté ces résultats en compagnie de quatre experts reconnus : David Bernard (AssessFirst), Ghislain Fouché (SmartRecruiters), Philippe Cazello (Workwise Avocats) et Christophe Patte (myRHline). Ils ont partagé leur expertise sur les impacts stratégiques et opérationnels de l’IA en RH, ainsi que sur les nombreux défis à relever. Voici les principaux enseignements de cette restitution.
Une adoption progressive mais prometteuse de l’IA en RH
L’étude révèle que 44 % des entreprises sont en phase d’exploration ou de réflexion sur l’IA. Cependant, seule une minorité (8 %) a atteint un niveau d’utilisation avancée. Les fonctions RH restent en retrait comparées à d’autres secteurs comme le marketing, où l’adoption est plus rapide. Philippe Cazello souligne que :
« Malgré l’énorme potentiel de l’IA, beaucoup d’entreprises hésitent à la déployer en raison d’un manque de compréhension et des contraintes réglementaires. »
Pourtant, des cas d’usage concrets émergent, notamment dans le recrutement, la communication interne ou encore la personnalisation des parcours de carrière. Ghislain Fouché explique :
« Il ne s’agit pas d’adopter l’IA pour la mode, mais de l’intégrer dans une stratégie visant à répondre à des besoins RH clairs, comme réduire les biais de recrutement ou améliorer l’expérience collaborateur. »
Les défis de l’IA en RH : compétences, données et gouvernance
Malgré les opportunités offertes par l’IA, des freins importants subsistent. L’étude identifie trois obstacles majeurs à son adoption :
Le manque de compétences en interne (58 %)
Les préoccupations liées à la sécurité des données (53 %)
La résistance au changement (51 %)
Une majorité des entreprises (62 %) n’a pas encore mis en place de charte éthique ou de comité dédié pour encadrer l’usage de l’IA. Philippe Cazello insiste sur la nécessité de cadrer juridiquement ces pratiques :
« L’utilisation de l’IA, notamment pour analyser la performance des collaborateurs, doit respecter le RGPD et garantir une supervision humaine. Ignorer ces aspects peut exposer les entreprises à des risques légaux majeurs. »
David Bernard, de son côté, met l’accent sur la qualité des données :
« Vous pouvez avoir l’IA la plus performante du marché, mais si vos données sont incomplètes ou erronées, vos résultats resteront biaisés. La data est le nerf de la guerre. »
L’avenir de l’IA en RH : une priorité stratégique
Si aujourd’hui, l’IA est encore marginale dans les stratégies RH pour 70 % des entreprises sondées, les tendances montrent une accélération. 56 % des organisations prévoient d’augmenter leurs investissements en IA d’ici 2025, avec une priorité donnée à la formation des collaborateurs.
« L’IA n’est pas une fin en soi. C’est un levier pour améliorer les processus RH existants. Pour en tirer un bénéfice réel, il faut former les équipes et les acculturer aux concepts fondamentaux. »
La sensibilisation et la montée en compétence des équipes RH sont d’ailleurs perçues comme la priorité numéro un par plus de la moitié des répondants. Cela répond à un besoin criant de mieux comprendre l’IA et ses applications concrètes.
L’IA, un allié stratégique pour les RH de demain
Les résultats de cette étude montrent que l’IA offre des opportunités immenses pour les RH, mais son adoption nécessite une démarche structurée et stratégique. En sensibilisant les équipes, en cadrant juridiquement son utilisation et en intégrant l’IA dans une vision à long terme, les entreprises peuvent réellement transformer leurs pratiques RH et rester compétitives.
Et vous, où en êtes-vous dans votre transition vers l’IA ?