Dans un contexte en pleine mutation, plus digital, automatisé, responsable et incertain, et face à la raréfaction des profils qualifiés, les méthodes de recrutement traditionnelles ne suffisent plus. Pour rester attractifs et compétitifs, les recruteurs doivent aujourd’hui repenser leurs stratégies.
C’est tout l’objet du webinar organisé par myRHline en partenariat avec Manpower, intitulé « RH en mode survie ? Recrutement agile, formation, spécialisation : les nouvelles armes anti-pénurie », avec comme intervenants Reynald Signolet, Responsable de l’intelligence économique chez Manpower, et Céline Nortier, Responsable Recrutement National.
Dès l’introduction, le ton est donné : les entreprises doivent « passer en mode agile pour pouvoir survivre et se transformer », explique Reynald Signolet. La tension sur le marché de l’emploi est réelle, avec des métiers de plus en plus difficiles à pourvoir. Si le taux de chômage reste autour de 7,5 %, la pénurie de compétences, elle, s’intensifie. En cause : un désalignement entre les besoins des entreprises, les formations disponibles et les attentes des candidats.
Le recrutement agile : rapidité, justesse et ouverture
Pour Céline Nortier, la clé réside dans l’agilité du recrutement. « Les bons profils ne restent pas longtemps disponibles. Si le processus est trop long, on les perd. » D’où l’importance d’impliquer les managers dès le début du process, afin de réduire les délais et d’éviter les allers-retours inutiles.
Un recrutement agile, c’est aussi un recrutement juste et réactif, qui s’appuie sur les bons outils. « Nous conseillons d’utiliser des technologies de matching basées sur l’IA pour préqualifier les candidats en amont », précise-t-elle. Ces outils permettent de gagner en efficacité et d’ouvrir le champ des possibles, notamment face au décalage entre les compétences disponibles et les besoins réels des entreprises.
Mais la technologie ne suffit pas : l’humain reste au cœur du processus. « L’IA peut aider à élargir la recherche, mais l’analyse du consultant reste essentielle », souligne Céline Nortier. Elle préconise aussi un sourcing multicanal : job boards, réseaux sociaux, viviers internes ou encore cooptation. Une stratégie indispensable pour faire face à la pénurie et toucher des profils variés.
La formation : un levier stratégique pour recruter et fidéliser
Autre pilier de la stratégie anti-pénurie : la formation. Selon Reynald Signolet, elle constitue un levier central de fidélisation et d’adaptation. « On compte en France trois millions de personnes en recherche d’emploi et trois millions de postes vacants. Le problème, c’est le mismatch entre les compétences disponibles et les besoins du marché. »
Former permet donc de réduire cet écart et d’accompagner la transformation des métiers, notamment face à la transition numérique et écologique. « On estime que 40 à 50 % des compétences actuelles vont évoluer d’ici 2030 », rappelle-t-il. D’où l’importance d’investir dès aujourd’hui dans la montée en compétences.
Céline Nortier partage une approche très opérationnelle : « Chez Manpower, nous ne voyons pas la formation comme une étape post-recrutement, mais comme un outil à mobiliser dès le sourcing. » Former, c’est élargir le vivier de talents, sécuriser l’intégration et renforcer l’attractivité de l’entreprise. Les candidats sont d’ailleurs particulièrement sensibles aux perspectives d’évolution offertes. « Montrer qu’on investit dans leur développement est un argument fort, notamment pour les jeunes générations », conclut-elle.
La spécialisation : l’arme secrète du recrutement efficace
Dernier axe évoqué : la spécialisation. Dans un marché tendu, l’expertise devient un facteur de différenciation majeur. « Les meilleurs profils ont le choix. Pour les attirer, il faut parler leur langage, comprendre leurs enjeux et leur environnement », explique Reynald Signolet.
Chez Manpower, cette stratégie s’incarne dans les cabinets Experts : 45 structures spécialisées par métier, de la finance au digital, réparties dans les grandes agglomérations françaises. À cela s’ajoute une spécialisation territoriale : 60 cabinets locaux ancrés dans les bassins d’emploi, capables d’adapter les offres et les stratégies de sourcing aux réalités régionales.
Céline Nortier illustre cette approche : « Un consultant de notre cabinet lillois a récemment accompagné un acheteur très technique vers une entreprise industrielle de niche qu’il n’aurait jamais envisagée. Grâce à sa connaissance du secteur, le consultant a su créer la rencontre parfaite. » Une démonstration concrète que la spécialisation est une véritable arme anti-pénurie.