Adopté en 2024, l’IA Act a marqué une étape décisive dans l’encadrement de l’intelligence artificielle en Europe. Pourtant, un an plus tard, les salariés français peinent encore à s’approprier ces outils dans leur quotidien professionnel. Selon une enquête menée pour Mendo, 70 % des Français n’ont d’ailleurs jamais été formés à l’utilisation d’outils intégrant de l’IA. Un chiffre qui illustre un décalage persistant entre le cadre réglementaire, le débat public et la réalité vécue sur le terrain.
L’intelligence artificielle au travail : entre promesses et inquiétudes
Les résultats du sondage confirment ce paradoxe : si 47 % des salariés estiment que l’IA pourrait alléger leur charge mentale, 28 % la voient comme une source de pression ou une menace pour leur emploi.
Cette fracture s’observe surtout entre générations. Près de 67 % des 18-34 ans croient aux bénéfices de l’IA sur leur quotidien, contre seulement 40 % des 50-64 ans. Les écarts reflètent également un déficit de formation : 38 % des jeunes actifs déclarent avoir été formés, contre moins de 10 % des seniors.
Ces constats font écho à ceux déjà formulés lors de la table ronde « IA & Formation » organisée par Edflex en octobre 2024. Les experts y alertaient sur deux risques :
- le FOMO (Fear of Missing Out), cette peur de rater le train de l’innovation ;
- le FOBO (Fear of Being Obsolete), l’angoisse de devenir obsolète face aux machines.
Des ressentis toujours d’actualité, comme le montre le sondage de Mendo.
Formation à l’IA : l’enjeu d’une appropriation réussie
Derrière ces perceptions contrastées se cache un enjeu central : l’accompagnement à l’IA. Car sans pédagogie ni montée en compétences, l’IA reste une promesse inaboutie.
Déjà au printemps dernier, des acteurs comme Microsoft ou Colas insistaient sur la nécessité d’intégrer l’IA dans les dispositifs de formation continue. Ces derniers proposant d’ailleurs certaines clés :
- construire une approche progressive ;
- sensibiliser aux cas pratiques ;
- créer des ambassadeurs internes capables de diffuser une culture positive de l’innovation.
Le sondage Mendo en apporte la confirmation chiffrée : sans cadre, les salariés restent partagés entre curiosité et méfiance. Pourtant, les bénéfices sont tangibles : 63 % des utilisateurs réguliers affirment gagner du temps et se concentrer davantage sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
L’adoption de l’IA n’est pas naturelle, elle se construit. Face à l’enthousiasme autant qu’à l’anxiété qu’elle suscite, notre rôle est clair : rendre l’IA intelligible, utile et concrète pour tous les salariés dans leur quotidien, en partant de leurs besoins réels, pas de la technologie seule.
Un an après l’IA Act, le débat ne porte plus sur la place de l’IA au travail mais sur les modalités de son intégration. La responsabilité revient maintenant aux directions RH et L&D de bâtir des dispositifs concrets d’acculturation et de montée en compétences à ce sujet.
Source(s) documentaire(s) :
- Sondage Mendo