Depuis quelques années, les technologies numériques réinventent le travail. Or, elles représentent aussi un risque majeur pour la santé physique et mentale des collaborateurs.
Intensification des rythmes, interactions numériques et leurs « nouveaux codes », évolution des rapports sociaux en entreprise, impacts physiques des outils du numérique, fatigue mentale… Ces évolutions font émerger de nouveaux risques professionnels, l’hyperconnexion par exemple, qui exigent une prévention à la mesure de l’accélération digitale que nous connaissons.
Cependant, comment protéger la santé au travail dans un monde digitalisé ? Quels leviers activer pour préserver la qualité de vie au travail ? Réponses dans cet article.
Des transformations numériques qui fragilisent l’équilibre au travail
Après une arrivée timide dans l’environnement des entreprises, les technologies numériques sont désormais bien installées dans les organisations. Et pour cause : elles portent la promesse de plus d’efficacité au travail. Néanmoins, derrière ce gage d’efficience se cachent aussi parfois des effets délétères pour les équipes.
En effet, la digitalisation intensifie le rythme de travail, fragmente les tâches et entretient un sentiment d’urgence permanent. Les collaborateurs passent d’une sollicitation à l’autre, sans temps mort. De plus, le télétravail prolonge la journée, superpose les sphères pro et perso, et favorisant peu à peu le déséquilibre des temps de vie.
Ainsi, les outils numériques peuvent créer une surcharge cognitive, à l’origine d’une érosion de la qualité de vie au travail.
En parallèle, la généralisation des outils collaboratifs modifie aussi les codes relationnels. Entre tensions hiérarchiques et sentiment d’être en permanence observé, la confiance se délite. Dès lors, l’isolement, la peur de l’erreur, l’infobésité et les injonctions paradoxales deviennent la norme.
Par ailleurs, nous le savons maintenant, la sédentarité induite par le travail sur écran amplifie les troubles musculosquelettiques (TMS) et la fatigue visuelle, entre autres. Désormais, ce ne sont donc plus « seulement » les métiers de terrain qui sont exposés. Mais toutes les fonctions, y compris les cadres.
Des constats qui interpellent et appellent à explorer les leviers d’action possibles pour restaurer et maintenir la qualité de vie au travail.
Quels leviers pour préserver la qualité de vie au travail ?
Face à ces transformations, intégrer ces enjeux dans le DUERP est indispensable. Mais, en pratique, cela ne suffit pas. Car il s’agit aussi de questionner l’organisation du travail numérique : la place laissée à l’autonomie, la gestion des priorités, le pilotage de la charge mentale.
Dans les faits, associer les équipes à la définition des règles d’usage, formaliser des chartes de déconnexion et garantir des espaces de respiration sont des pistes concrètes à explorer.
Bien entendu, la prévention passe aussi par la culture managériale. Les managers jouent un rôle clé pour rétablir des repères partagés, soutenir la cohésion d’équipe et préserver la santé psychologique. La prévention doit intégrer la dimension collective : favoriser des moments de présence, cultiver les interactions informelles sans pour autant reléguer la convivialité au second plan au nom de la performance.
Enfin, la question des compétences est centrale. Former les salariés à l’utilisation raisonnée des outils, anticiper les évolutions technologiques et réduire la peur de l’obsolescence, en particulier depuis la démocratisation de l’IA, constituent des facteurs de réassurance.
La technologie doit rester un outil au service du travail, non un facteur de perte de sens. Cela suppose d’y associer une réflexion sur la QVCT, afin de garantir une performance durable et respectueuse de la santé des équipes.
Source(s) documentaire(s) :
- Panorama des connaissances #2, OICN & Mailoop