C’est le titre de l’ouvrage publié par l’agence A Conseil, spécialisée en communication interne et sociale. Les dirigeants, managers et responsables RH y trouveront de quoi assouvir leur faim d’une entreprise où il fait bon travailler, ainsi que quelques conseils pour mieux assaisonner – et non pimenter – leurs relations avec leurs équipes. Interview avec Jean-Philippe Cathelin, le directeur de l’agence qui, sérieux sans se prendre au sérieux, ne divulgue certes aucune recette miracle mais des conseils pleins de bon sens pour associer travail et plaisir.
Pourquoi adopter un ton ironique dans votre titre ? Les entreprises et leurs dirigeants manqueraient-ils d’humour ?
L’humour est un excellent vecteur de communication. On peut dire des choses très sérieuses grâce à l’humour. « On peut tout dire en plaisantant, même la vérité. » C’est de Freud, me semble-t-il. Avec une autre couverture, sans dessins humoristiques, un titre plus classique, ce livre aurait pu être recommandé dans des structures dans lesquelles il ne le sera pas. Mais le consommateur, quel que soit son âge, est plus attiré par un langage ouvert, joyeux, que par un discours pontifiant. Même Le Monde, qui « hante » les ministères, affiche un dessin humoristique en page de Une.
Il existe plusieurs façons de dialoguer. Mais on reproduit toujours le même schéma, sans sortir de la norme : on dira « Monsieur le Directeur » et on ne tutoiera pas celui que son statut isole. En réalité, on n’utilise pas toute la gamme de communication possible. Il existe d’autres modes qui n’impliquent aucun manque de respect, dommage que les entreprises n’utilisent pas toute la panoplie disponible.
L’ambiance de travail est devenue un enjeu publicitaire. Il faut avoir l’air d’être une entreprise « où il fait bon travailler », afficher des labels et des salariés souriants.
Dans votre ouvrage, vous citez Apple et Google. N’est-ce qu’une apparence ou une réelle volonté ?
Une publicité peut être mensongère mais il est impossible de mentir sur l’ambiance au travail, car elle est une résultante de nombreux facteurs.
Je ne prône pas une ambiance « à la Walt Disney » où tous les salariés sont jeunes, souriants et fêtards. Je défends un modèle d’entreprise que l’on rejoint sans traîner les pieds, où chacun sait pourquoi il travaille ; une boîte où les collaborateurs peuvent donner leur avis, obtenir une formation s’ils en expriment le besoin, où le passage aux toilettes n’est pas décompté à la seconde ! Tout simplement, une entreprise où l’on se sent plutôt bien. Les sondages le confirment, l’ambiance apparaît aussi importante que la rémunération, sinon plus.
Malgré toutes les théories du « mieux travailler ensemble », on a toujours deux points de vue opposés : celui des salariés et celui des dirigeants.
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ?
L’approche technocratique est telle qu’elle endigue l’aspect relationnel. Il faut se pencher sur les relations humaines, mais on n’enseigne pas l’empathie en Ecole de Management. On ne se préoccupe d’une amélioration des relations entre les personnes que lorsque le turn-over atteint un seuil critique, ou lorsqu’il y a crise.
Je fais souvent le parallèle entre le salarié et le consommateur : le second bénéficie toujours du tapis rouge. On ne lui dit pas seulement que le produit qu’on lui propose est bon, mais qu’il lui sera facile de l’ouvrir pour le consommer. On ausculte en permanence son opinion. Mais, en communication interne, vous n’êtes plus consommateur : à l’intérieur de l’entreprise, vous êtes d’abord une ressource, un outil.
La Génération Y complique-t-elle la communication interne ?
Elle transforme le rapport à la hiérarchie, au travail. D’ici cinq ans, la génération des baby-boomers aura cédé sa place à la Génération Y. Et les jeunes n’ont pas les mêmes rapports à la discipline que leurs prédécesseurs. De plus ils restent toujours à l’affût de ce qui est proposé ailleurs. Il faudra donc faire en sorte qu’ils se sentent bien dans l’entreprise. Plus que l’ancienneté ou les galons sur l’épaule, la génération Y est sensible à la légitimité et juge au résultat. Et ça se comprend, c’est plus efficace. C’est une génération qui a besoin de défis et l’habitude du « tout, tout de suite ».
Si vous ne deviez révéler qu’une recette, ce serait laquelle ?
La recette miracle n’existe pas (ndlr : rendez-vous page 183 !). Mais je citerai deux notions essentielles. D’abord l’exemplarité. Quelle image le PDG renvoie-t-il ? A-t-il la plus grosse voiture de la boîte et une place de parking exclusive ? Ou participe-t-il comme les autres aux débats de l’entreprise ?
Deuxièmement : la notion de confiance. C’est un sentiment fragile et difficile à instaurer. Or sans confiance vous ne pouvez pas dire franchement ce que vous pensez. Un cadre m’a récemment révélé qu’il avait craint de contredire son patron et qu’il l’avait laissé commettre une erreur. Le manque de communication entre les personnes est la première des causes d’échec.
Consultez l’ouvrage en ligne. Pour vous mettre l’eau à la bouche, quelques recettes : plan social flambé au discours du chef, employés panés, crumble de salariés fondus en fusion-acquisition, mayonnaise d’information descendante, mi-cuit de nouveau collaborateur, hachis Parmentier de seniors… Et, outre ces recettes humoristiques, on y trouve des exemples vécus et une méthodologie applicable sur le terrain.
Typhanie BOUJU