Bottom-up, cabinet fantôme, makestorming, hackathon… pas facile de se familiariser avec ce vocabulaire relatif aux nouveaux modes et organisations de travail. Avec l’expertise de nod-A, une entreprise qui réinvente la culture au travail, zoom sur 8 mots qui vont vous permettre de comprendre (voire de pratiquer) le corporate hacking.
Bottom-up
« Les approches bottom-up (ou « ascendantes ») sont des manières de fonctionner qui partent des perceptions et des initiatives du terrain, et impliquent les échelons hiérarchiques les moins élevés jusqu’à ce que la réflexion, progressivement enrichie, remonte à la direction / aux décideurs. Ces approches s’opposent aux approches top-down (« descendantes ») et tirent un meilleur parti des forces du collectif », expliquent Stéphanie Bacquère et Marie-Noéline Viguié, les deux co-fondatrices de nod-A.
Cabinet fantôme
The Shadow Cabinet en anglais est une pratique issue du système parlementaire anglais. Il s’agit de mettre fictivement en position de gouvernance des individus qui ne sont pas au pouvoir, mais qui pourraient y arriver et leur faire prendre des décisions « comme si… ». « Au Royaume-Uni, en parallèle du cabinet du gouvernement, l’opposition forme toujours un cabinet alternatif dit « fantôme », illustre-t-on chez nod-A. En février dernier, Sébastien Bazin, le PDG d’AccorHotels avait annoncé la création d’un « shadow comex » de 12 hommes et femmes de moins de 35 ans. Ces jeunes travaillent en amont du Comex mensuel avec un coach extérieur qui les aide à formaliser des propositions soumises à l’ordre du jour. Leur mandat est de un an, à charge pour eux, d’identifier deux remplaçants potentiels pour le prochain « shadow comex ».
Corporate hacking
C’est la capacité à anticiper le business du futur en faisant souvent fi des règles internes et établies dans les entreprises. Un corporate hacker, autrement baptisé, « corporate rebel », « déviant positif » ou encore « game changer » transforme l’entreprise de l’intérieur mais toujours avec bienveillance. Leur objectif est « d’ubériser » leur entreprise en interne avant de l’être par l’extérieur pour créer de la valeur et redonner du sens à son travail.
Crack
Un crack, c’est un logiciel qu’on a modifié pour pouvoir contourner une fonctionnalité ou une limitation d’utilisation. Les cracks les plus connus sont les versions gratuites de logiciels payants. En mode corporate hacking, il s’agit de casser ce qu’on fait habituellement et de contourner une coutume, un processus ou un organigramme sans que ce soit autorisé. C’est une des pratiques les plus risquées et audacieuses du corporate hacking. « À noter qu’un un crack devient un « patch » dès que la pratique, validée par l’expérience, est finalement autorisée, voire encouragée », précisent les auteurs de « Makestorming, le guide du corporate hacking » paru en mai 2016 aux éditions Diateino.
Hackathon
« Un hackathon est à la base un événement où des développeurs se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative pendant plusieurs jours pour ressortir avec un prototype. Il a été largement dévoilé en étant utilisé par des entreprises faisant travailler gratuitement des précaires dans des démarches de pseudo open innovation.
Les corporate hackers préfèrent la notion de « sprint » des ateliers de travail collaboratifs limités dans le temps et avec une unité de lieu imposée aux participants qui vise à des résultats concrets via un ou plusieurs prototypes… et ou chaque participant interne ou externe à l’entreprise est rémunéré », détaille-t-on chez nod-A. Mi-juin Louis Vuitton a par exemple organisé son deuxième Hackathon « Unlock supply chain» en partenariat avec Bemyapp et Anaplan à l’Ecole 42. Défi à relever pour les étudiants conviés : créer, en trois jours, une supply chain connectée. Un peu plus tôt en mai, la Banque Populaire Occitane avait lancer « Hacker l’agence » visant à repenser l’agence bancaire pour et par la communauté d’utilisateurs.
Intrapreneur
intrapreneur / corporate hacker, même combat ? Pas vraiment ! « Un intrapreneur est une personne qui mène son projet avec ardeur comme s’il s’agissait de son propre business. Mais la différence avec un corporate hacker est qu’il ne remet pas forcément en cause le système, il n’a pas forcément envie de tout bouger avec, par et pour les autres », argumentent Stéphanie Bacquère et Marie-Noéline Viguié.
Makestorming
« C’est une approche qui réinvente la culture du travail pour hacker les grandes organisations et y viraliser les pratiques du monde start-up. Il se diffuse dans les organisations en mode viral, à la fois bottom-up et top-down qui se l’approprie et en devient acteur », observent les experts de nod-A.
Travailler en perruque
Cette pratique consiste utiliser son temps de travail ou des outils de travail de l’entreprise pour faire autre chose que ce qui est demandé au collaborateur. Cela peut être pour des objectifs purement personnels (utiliser son temps de travail et son ordinateur pour préparer ses vacances au bord de la mer, par exemple). C’est aussi une des techniques du corporate hacker pour pouvoir faire avancer des projets qu’il juge importants pour l’entreprise mais qu’on ne lui donne pas le temps ou l’autorisation directe de faire », concluent Stéphanie Bacquère et Marie-Noéline Viguié de nod-A.
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Sylvie Laidet