Comment décrypter les ressorts des relations humaines en entreprise ? Autrement dit, comment aborder efficacement les nombreuses problématiques liées au management telles que le sens du bien commun, la coopération, la ruse ou encore l'hypocrisie ? Pour Jean Grimaldi d'Esdra, Directeur pédagogique l’EDHEC Management, La Fontaine est une formidable opportunité pour former différemment en laissant le choix aux managers de ses propres analogies et en lui permettant de tirer les leçons nécessaires pour repenser son style de management et le fonctionnement de l’organisation. Explications
« L’émergence de nouveaux modèles de management comme le reengineering ou encore l’étude des processus pousse sans cesse, les entreprises à revoir leurs modèles organisationnels », indique Jean Grimaldi d'Esdra. A écouter celui qui est aujourd’hui Directeur pédagogique de l’EDHEC Management, il y aura dans les années à venir, des changements de paradigmes flagrants en matière de management. Cela implique-t-il de repenser à plus ou moins court terme, les modèles qui font autorité depuis de nombreuses années ? Sûrement et le plus tôt sera le mieux, car il semble que les managers de proximité mais aussi les collaborateurs issus de la génération Y ne s’identifient que très difficilement aux modèles de management actuel. Les experts s’accordent à le dire, « cette fameuse génération Y ne considèrent pas comme normale, la pression subie notamment sur les objectifs à atteindre. Les jeunes Y n’acceptent pas non plus, le poids croissant que peut prendre leur job sur leur vie personnelle ».
De la génération Y à la génération mécanique
Jean Grimaldi d’Esdra, spécialiste des problématiques ayant trait au management a également relevé que « l’un des problèmes majeurs des managers réside dans la stricte application des modèles de management. Il y a une réelle absence de sens de la nuance dans la gestion humaine appliquée au sein des organisations. Nous sommes entrés dans une mécanique chiffrée et mesurable. Et de ce fait, il y a des choses qui échappent aux managers dans le comportement de leurs équipes. Cette coloration mécanique a appelé certains experts a rebaptisé les managers issus de la génération Y, la génération mécanique ». Est-il urgent de rééquilibrer ce rapport ? Sans aucun doute, car l’entreprise perd progressivement les pôles d’incarnation de son propre management mettant en danger la pérennité même de l’organisation.
Les collaborateurs en quête de sens
Mais alors, que cherchent ces nouvelles générations de salariés ? « Plus de contact et de convivialité mais aussi un accompagnement renforcé de la hiérarchie dans l’évolution de leur carrière. Pourquoi pas sous forme de coaching », répond l’expert en management. Parmi les changements de paradigme, à noter également l’émergence d’une véritable religion du reporting au sein des organisations. Conséquence ? « Les managers ont, désormais, les yeux rivés sur leurs tableaux Excel pensant suivre de près le travail de leurs équipes. Pourtant, il n’en est rien puisque le reporting amène à une forme de management désincarné, source d’une véritable souffrance pour beaucoup de salarié ». A écouter le discours de cet expert en management, un fossé ce serait creusé entre l’entreprise et les salariés qui manifestent avec plus ou moins de force, une non-adhésion aux politiques corporate et managériales pratiquées au sein de leurs organisations. Comment retrouver un management plus humain ? Les experts préconisent une reconfiguration du discernement humain. D’où l’idée d’un retour aux grands classiques comme La Fontaine qui, au travers de textes courts, livre une analyse plus fine, absout de tout langage mathématique et chiffré.
Ré-humaniser le management
« Pour apporter de l’humanité, il faut être plus subtil que le chiffre et pour cela il faut que le raisonnement sache faire des détours. Les fables de La Fontaine permettent de prendre une certaine distance avec la situation réelle. Certes, cela reste une histoire mais qui correspond à un besoin pédagogique très moderne », confie Jean Grimaldi d’Esdra. Les nombreux personnages présents dans Les Fables permettent de décrypter les modes de pensées et d’actions tout en touchant à un sentiment humain comme la jalousie, l’envie, la manipulation ou encore l’ambition. Ces archétypes s’imposent comme un formidable instrument de formation pour cerner les réactions humaines et ainsi trouver des réponses managériales adaptées. « Car pour manager, il faut des convictions personnelles. Les Fables ont l’avantage de permettre aux individus de cristalliser ces convictions et de s’affranchir ainsi, des plans et des méthodes généralistes, abstraites et formalisées ». Un gage de performance pour l’entreprise.
Emilie Vidaud