Crise économique mondiale, licenciements massifs, exigences renforcées des managers vis-à-vis des salariés,… il y a de quoi être stressé ! Le 7 février dernier, l’Institut de Médecine Environnementale (IME) et son partenaire privilégié l’Institute of NeuroCognitivism (INC), publiaient les résultats de l’Etude sur le Stress au Travail. Réalisée en partenariat avec TNS SOFRES auprès de 7 025 répondants dans 5 pays (France, Belgique francophone et néerlandophone, Suisse romande et Québec), cette étude vise à analyser le moral des actifs et le niveau de stress ressenti au travail selon 3 dimensions : l’individu, le management et l’organisation.
Contre toute attente, 74 % des actifs interrogés dans le cadre de cette Etude sur le Stress au Travail, se disent satisfaits de leur emploi et 57 % trouvent qu’ils s’y épanouissent. Plutôt bon signe ? Pas tant que ça puisqu’environ un tiers déclare également souffrir de stress, d’épuisement psychologique et de perturbation du sommeil à cause de leur job. Plusieurs raisons ont été identifiées au sein de l’Etude. Les causes du stress relèvent parfois de l’individu lui-même comme dans les cas d’hyperinvestissement émotionnel (41 % des actifs). Le management a également une part de responsabilité lorsqu’il exerce une pression trop forte (19 %). Et n’oublions pas les organisations, qui portent en elles un grand nombre de dysfonctionnements structurels.
« Le stress n’est pas seulement inhérent à l’entreprise. Il est d’ailleurs plutôt issu de la rencontre entre l’individu, le manager et l’organisation. C’est l’interface entre ces trois dimensions qui donne naissance au phénomène de stress », indique Jacques Fradin, Fondateur de l’IME.
Trop de motivation tue la motivation !
Qui dit motivation ne dit pas nécessairement absence de stress. En effet, il existe plusieurs niveaux de motivation dont celui lié à un hyperinvestissement émotionnel qui se traduit chez certains salariés par un intense désir de réussir et une peur excessive d’échouer. Cet hyperinvestissement émotionnel touche 40 % des salariés interrogés et peut déboucher sur un comportement de « work addict » pouvant aboutir sur un phénomène désormais bien connu, « le Burn out ».
- Pour aller plus loin : le burn-out comme maladie professionnelle.
A noter comme l’explique Jacques Fradin que « la plupart des individus n’ont pas conscience de la forme de motivation qui les fait agir. C’est donc au manager d’apprendre à s’y retrouver afin d’adopter une forme de management adapté à la motivation de chaque salarié ».
Et toi pourquoi tu stresses ?
Il ressort donc de cette étude que les actifs ont besoin d’agir au sein d’une structure fluide, de trouver du sens au travail, de s’appuyer sur des sources durables de motivation, d’évoluer dans un esprit d’équipe constructif et une relation managériale adaptative.
Par conséquent, identifier les raisons qui provoquent du stress chez les salariés est une des clés pour favoriser la mise en place d’actions au sein de l’entreprise.
Selon les experts, l’intensité et le type de stress vécu varient selon les dimensions organisationnelles, managériales et individuelles. Ainsi le stress émotionnel (anxiété, colère ou déprime) et le stress somatique qui impacte directement la santé des individus (insomnie, maux de tête et de ventre,…) seraient liés au dysfonctionnement organisationnels et à une communication managériale inadaptée.
Un actif sur 4 subirait aujourd’hui ce stress d’origine organisationnelle, souvent causé par des missions impossibles comme : assumer des responsabilités sans le niveau d’autonomie suffisant ou sans les informations nécessaires pour y parvenir. « Pour lutter contre ces dysfonctionnements structurels, il faut souvent repenser la gouvernance sous un nouvel angle en allégeant par exemple les processus trop rigides, le reporting souvent étouffant », propose Jacques Fradin avant d’ajouter qu’il est essentiel de rendre explicites les règles implicites de l’entreprise. Alors quand on sait que, 75 % des études menées depuis 25 ans en France montrent que le stress dégrade la performance des entreprises, nul doute que la gestion du stress s’impose plus que jamais comme un enjeu de premier ordre pour les entreprises.
Emilie Vidaud