C’est l’histoire d’une SSII qui a décidé de fonctionner différemment de ses consoeurs. Partant du constat qu’il n’y a pas de performance sans bonheur et pas de bonheur sans responsabilité, Christophe Baillon, aux commandes de Sogilis depuis 2008, a instauré le management sans manager.
Fini le système des « petits chefs » qui s’arrogent du pouvoir. Sogilis, une entreprise qui créé des applications logicielles sur mesure a opté pour une organisation « à la mode californienne ». Le principe de base est simple : travailler pour les clients et non pas pour son supérieur grâce management cellulaire. Autrement dit, créer des cellules internes au sein desquelles une équipe se fédère autour d’un projet sur lequel elle travaille en toute autonomie.
Concrètement, chez Sogilis les cellules opérationnelles côtoient les cellules facilitatrices et la cellule commerciale. Les premières regroupent 5 à 7 personnes qui ont choisi de travailler ensemble sur un sujet technique. « Aucune contrainte n’est imposée. Les membres de l’équipe organisent leurs heures de travail et leur planning comme ils le souhaitent. Ils choisissent les outils qui leur semblent le plus adapté et font « signe » à la direction générale pour faire part d’un besoin de recrutement », détaille Christophe Baillon, le patron de Sogilis.
Le rôle des cellules facilitatrices est ensuite d’aider « les opérationnelles » dans leur quotidien. On y retrouve la cellule administrative et la cellule direction générale, dont les fonctions essentielles consistent à faire partager la vision de l’entreprise et à donner les ressources nécessaires aux « opérationnelles ». « Enfin, le rôle de la cellule commerciale n’est pas de mettre en place les traditionnelles actions de démarchage bien connues dans ce secteur. Chez nous, l’un des associés s’entretient d’abord avec les cellules opérationnelles pour connaître les projets sur lesquels elles souhaitent travailler. Bien sûr, il faut que ce soit en avec le marché afin de construire une offre produit parfaitement adaptée. Et c’est seulement à ce moment là que débute la prospection commerciale », explique Christophe Baillon.
Donc exit le management traditionnel où tout est impulsé et contrôlé par le haut de la pyramide. Le DG et ses associés ont en revanche instauré des entretiens individuels trimestriels. « Cela permet d’avoir un feedback plus régulier et un découpage des augmentations à chaque entretien. Nous sommes en train de mettre en place une approche innovante de partage des résultats avec les salariés », insiste-t-il. Et accessoirement de maintenir la joie de vivre et « la joie de travailler » des équipes.
Ce système semble pour l’instant fonctionner. Selon le big boss, l’entreprise est rentable depuis sa création, et l’autonomie donnée aux équipes nourrit beaucoup de créativité à l’origine de la création de projets innovants et plusieurs startups au sein de Sogilis. En 2014, il mise sur 2 millions d’euros de CA pour une trentaine de salariés. Et n’entend pas en rester là. « Notre objectif est d’arriver à environ 5 millions d’euros de CA pour environ 50 salariés en 2016, en prouvant que nous pouvons dupliquer ce modèle à plus grande échelle. Notre priorité est de garder la cohérence de notre modèle, et nous ralentirons notre croissance si celle-ci était trop rapide et risquait de nuire à l’excellence de nos prestations. Mais il existe bien des exemples de ce type de modèle fonctionnant avec plus de 8000 salariés comme WL Gore », conclut-il. Une autre histoire à écrire.
Sylvie Laidet