L’histoire commence par une offre d’emploi, un CV envoyé, un coup de fil, un entretien d’embauche et puis… silence radio. Le candidat reste en alerte devant son téléphone. Au bout de deux semaines, toujours rien. L’habituel « je vous tiens au courant » avait clôturé l’entretien, mais le recruteur ne donne pas de nouvelles.
Souvent mal vécu par le candidat, ce mutisme n’entre pas dans les règles de bonnes pratiques du recrutement et révèle un manque de moyens humains au sein de l’entreprise.
Que signifie vraiment le « je vous tiens au courant » ?
Souvent interprété comme un mauvais signe par le candidat, l’expression n’a pourtant rien d’un message caché. « Cette formule signifie simplement qu’aucune décision n’est encore prise », relativise Laurent Smadja, directeur du cabinet de recrutement RH-Partners Antilles-Guyane.
Inutile donc de perdre du temps à deviner, dans le ton de la voix du recruteur, s’il s’agit d’un coup de bluff. « Si la réponse est négative, elle est immédiatement annoncée », tranche le conseiller RH.
Et une fois la décision prise ? Les candidats non retenus ne sont pas toujours informés. Pourquoi ?
Un manque de moyens humains au service RH
Telle est la principale explication du silence radio post-entretien. Surtout au sein des TPE qui, bien souvent, ne disposent pas d’un service dédié aux RH et s’engagent, seules, sur la voie du recrutement. « Les grands groupes peuvent répondre à tous leurs candidats parce qu’ils disposent de la structure appropriée», confirme le directeur de cabinet. Mais les plus petites entreprises se laissent davantage déborder par cette activité chronophage qu’est le suivi du recrutement.
Les candidats qui postulent à un poste de cadre sont davantage assurés de recevoir une réponse. Ce constat n’est, en aucun cas, le signe d’un dédain envers les autres statuts mais le résultat d’une simple équation. Plus le poste est accessible, plus les candidatures et les entretiens seront nombreux.
Dans le cas des cabinets de recrutement, la réponse est systématique, avant et après entretien. Le suivi est assuré grâce aux outils informatiques de gestion des candidatures. Un seul clic suffit à tenir les postulants informés de l’avancée ou du retrait de leur candidature.
Le recrutement est annulé
Le cas n’est pas courant mais existe. Une fois le processus de recrutement engagé, l’entreprise peut s’apercevoir qu’elle n’est pas prête à agrandir son équipe (raisons financières, fiche de poste mal définie, onboarding difficile voire impossible…). Difficile alors de faire le choix de l’honnêteté et de prévenir les candidats qu’elle ne recrutera finalement personne.
Garder des candidats sous le coude
La période de recrutement touche à sa fin. Il ne reste plus que 3 ou 4 candidats en lice. Tandis que l’heureux élu entamera sa période d’essai, les autres resteront sans réponse jusqu’à ce que le recrutement soit définitif. Une pratique courante, selon Laurent Smadja : « On attend d’être sûr que la personne recrutée fait l’affaire » avant de prévenir les autres candidats qui, en attendant, hésitent à s’engager ailleurs.
Une stratégie du recruteur
Le candidat doit-il rappeler ? Oui, « au bout d’une quinzaine de jours », évalue le spécialiste RH-Partners. Selon lui, le mutisme du recruteur peut se révéler être une stratégie. « Surtout dans le cas d’un poste de commercial », précise-t-il. Relancer un employeur après entretien permet de montrer son envie, sa détermination. Un bon commercial n’hésite pas à prendre son téléphone pour rappeler un client, sans toutefois le harceler. A l’étape du recrutement, le même raisonnement prévaut.
Typhanie Bouju