L’emploi saisonnier concerne de nombreux métiers (avec une prédominance dans l’agriculture, l’hôtellerie et les centres de loisirs). Ces emplois représentent jusqu’à plus de 65 % des projets de recrutement annuels sur les territoires du littoral et de la montagne. Localement l’emploi saisonnier peut ainsi contribuer considérablement à l’économie des territoires. Mais, avec des contrats de courte durée et des prises de poste souvent rapides, les travailleurs saisonniers sont confrontés avec encore plus de force aux difficultés que rencontrent de nombreux salariés notamment en termes de sécurisation des parcours professionnels. Les spécificités de l’emploi saisonnier entrainent un inconvénient : on ne sait pas déterminer précisément le nombre de personnes concernées par le travail saisonnier en France. Répondre à cette question est pourtant un enjeu essentiel pour sécuriser les parcours professionnels des saisonniers.
Le Réseau Emplois Compétences, animé par France Stratégie, a été sollicité par le ministère du Travail lors des réflexions préparatoires à la loi Travail pour dresser un bilan sur l’emploi saisonnier et proposer des pistes pour en améliorer la connaissance. France Stratégie publie les conclusions de ce groupe de travail, composé de représentants des branches professionnelles et d’acteurs territoriaux.
Une multitude de profils de travailleurs saisonniers
Quatre grandes catégories de travailleurs saisonniers se distinguent. D’une part, les moins de 25 ans, généralement étudiants, à la recherche d’un « job d’été » ; les saisonniers de complément (employés sur des contrats courts sur des périodes de vacances et exerçant par ailleurs une activité similaire le reste de l’année) ; les saisonniers agricoles qui enchainent plusieurs contrats ; et enfin, les « grands saisonniers » pour qui il s’agit plutôt d’un mode de vie, parfois contraint.
S’il existe une modalité spécifique de contrat à durée déterminée pour le travail saisonnier (sans obligation de renseigner précisément la date de fin du contrat et sans obligation de verser de prime de précarité), d’autres types de contrats sont également utilisés pour embaucher des saisonniers : CDD de droit commun, CDD d’usage, contrats de vendange, missions d’intérim ou encore CDI intermittents.
Au moins 700 000 emplois saisonniers annuellement, si l’on intègre le pic des vendanges et les postes dans la fonction publique territoriale
Malgré les difficultés de comptabilisation de ces emplois, les informations collectées dans le cadre de ce groupe de travail permettent d’estimer à au moins 500 000 le nombre d’emplois saisonniers par an, et 700 000 si l’on intègre le pic des vendanges et les saisonniers de la fonction publique territoriale.
Afin de favoriser la sécurisation des parcours professionnels, une meilleure protection des salariés, et de permettre aux politiques territoriales d’adapter leurs actions aux besoins, le groupe de travail met en avant quatre propositions :
- Permettre une comptabilité mieux adaptée : appréhender l’emploi saisonnier dans l’ensemble des secteurs d’activité (au-delà des seuls CDD saisonniers). Décompter le nombre de postes saisonniers (plutôt que le nombre de contrats ou d’ETP). Privilégier l’exploitation des données administratives et explorer la possibilité d’appréhender statistiquement les trajectoires des individus (renouvellement de contrats, transformation de CDD en CDI).
- Développer une meilleure connaissance des profils de saisonniers et de leurs employeurs, en poursuivant les travaux déjà initiés par les acteurs de terrain (Carif-Oref, maisons des Saisonniers et maisons de l’Emploi, etc.).
- Mesurer l’importance socioéconomique de l’emploi saisonnier dans les territoires : étendre les travaux visant à mesurer la contribution des activités touristiques à l’économie, aux autres activités de nature saisonnière.
- Etendre les expérimentations de sécurisation des parcours qui ont déjà fait leurs preuves (dans certains territoires ou certaines branches professionnelles).
Découvrez l’article motif CDD pour tout savoir sur le recours à ce contrat de travail.