Sacré Champion de France à deux reprises de patinage artistique, Frédéric Lipka est aujourd’hui Directeur Développement, Marketing et Communication chez Natixis Assurances. Pour en arriver à ce poste, il n’a pas slalomé entre les obstacles, mais les a affrontés, avec la persévérance et l’humilité du sportif de haut niveau.
Histoire d’une reconversion préparée et réussie.
Devenir cadre supérieur ou « jouer Holiday on Ice »
C’est l’ultimatum qu’un directeur d’école posa un jour au jeune athlète. « Ce choix, je ne l’ai fait pas ; j’ai continué les deux », allègue aujourd’hui Frédéric Lipka. Un non-choix, qui loin de révéler une hésitation, s’est avéré une ambition fertile puisqu’il est à la fois monté sur le podium et dans la hiérarchie de l’entreprise.
« En France, il est difficile de mener de front études supérieures et carrière sportive », regrette-t-il. C’est là tout le paradoxe de la reconversion du sportif de haut niveau. Son double cursus lui a permis d’atteindre des sommets. Pourtant, peu d’écoles le permettent.
Après un cursus en internat à l’INSEP[1], Frédéric Lipka obtient un Bac C. « Je voulais être ingénieur », comme son père, alors expatrié au Venezuela. Sa passion de jeunesse pour l’aéronautique le mène jusqu’en prépa Math sup/Math spé. Trois mois après la rentrée, il remporte son premier titre de Champion de France en individuel. Loin de se satisfaire de ce titre, il poursuit sa carrière de patineur et « négocie avec le ministère un cursus en deux ans ». Même si cela signifie moins d’heures d’entraînement, il ne veut pas laisser de côté ses études… et va jusqu’au bout.
Il entre ensuite en Ecole d’Ingénieur. « Une catastrophe, s’exclame-t-il. Il n’y avait aucun horaire aménagé, aucune reconnaissance du sportif de haut niveau ». Il rencontre alors Michel Fareng, directeur de l’agence de conseil Panathénées Stratégie Management[2], qui « m’encourage à prendre une année sabbatique et à faire mon service militaire ». Cette année-là, il prend deux virages, sportif et professionnel. Il commence le patinage en couple et intègre, à la rentrée suivante, l’ESCP. C’est lors de son cursus dans cette école de management qu’il monte de nouveau sur la première marche du podium des Championnats de France, aux côtés de sa partenaire artistique Marie-Pierre Leray.
Sous les patins, la cravate
Diplôme de management en poche, il décroche son « premier job à TF1, au service des Opérations Spéciales ». Son conseiller panathanéen lui ouvre une nouvelle voie. « Michel Fareng me parle du projet de création d’un département sport au sein de la compagnie Zurich Assurances », raconte le Champion reconverti. C’est là que s’amorce l’engrenage.
Après avoir participé à la création de ce département, il entre au service Marketing et rejoint, du haut de ses 4 années d’ancienneté, le comité de direction de la compagnie. « Lorsque Zurich est racheté par Generali », il quitte le monde des assurances pour celui des transports – « je travaille alors pour Egide, une filiale de la Caisse des Dépôts ».
Un bref salto professionnel avant de retomber dans l’univers des assurances. Contacté par un chasseur de têtes, Frédéric Lipka accepte l’offre, parmi d’autres, de Natixis. Selon lui, sa vie d’athlète a moins compté, dans ce recrutement, que sa formation et son expérience. « On n’est pas venu me chercher pour ma carrière de sportif de haut niveau, insiste-t-il, mais pour mes compétences et ma personnalité », la première ayant forgé les secondes.
Le langage du management, un langage de sportif
« On m’a toujours demandé de choisir. Je me suis battu. » Contre la Fédération et ses entraîneurs « qui avaient du mal à accepter que je ne sois pas à 100% sur mes objectifs sportifs ». Contre ce directeur d’école à la remarque décourageante. « J’ai appris qu’il faut toujours argumenter et contre en ses idées », conclut le Directeur Développement, Marketing et Communication de Natixis. S’il évoque peu sa carrière sportive avec ses collaborateurs, « dans mon management, je fais souvent référence au sport ».
« Le sport de haut niveau est une discipline », dont les règles s’appliquent aux objectifs de compétitivité de l’entreprise. « Je ne lâche jamais rien et suis d’un extrême positivisme », lance Frédéric Lipka. Un héritage de sa carrière sur la glace. Dans le sport comme dans le management, il faut « se dépasser » et « rester humble ».