S’occuper du climat social viendrait-il grossir les rangs des responsabilités qui incombent déjà aux DRH ? En 2012, il semble que cela soit plus vrai que jamais tant les symptômes de malaise ne cessent de progresser menaçant l’équilibre de l’organisation jusque dans ses fondements. Parce que le climat social s’impose de plus en plus comme un vrai levier d’alignement stratégique, il est du devoir de l’entreprise de le maîtriser. Tour d’horizon des outils et méthodologies.
Plusieurs facteurs influent sur le climat social d’une entreprise. Il y a ceux qui sont d’ordre structurels et liés au fonctionnement inhérent de l’organisation (satisfaction des salariés, stress, risques psycho-sociaux,…) et ceux qui dépendent de la conjoncture et de l’environnement externe de l’entreprise, comme la crise actuellement.
Les indicateurs que suivent les DRH (absentéisme, accidents du travail, turn-over, mobilité,…) sont conditionnés par le climat social. Il est donc nécessaire de prêter une attention particulière à ce lien social, pivot de la performance de l’organisation. « Les entreprises prennent de plus en plus conscience que le climat social a un réel impact sur leurs enjeux business », indique Yann Soilly, Consultant en organisation et stratégie pour PB Consulting Group.
D’ailleurs, pour recruter des collaborateurs en adéquation avec votre culture d’entreprise, vous pouvez leur faire passer un test psychométrique.
Attention, néanmoins à ne pas confondre les éléments déclencheurs qui impactent l’environnement et le fonctionnement de l’entreprise, de ce qu’il faut mesurer en réalité.
« Les risques psycho-sociaux, le stress, le harcèlement moral sont des symptômes qui témoignent d’un malaise au sein de l’entreprise. A terme l’objectif n’est pas de diminuer plus particulièrement le stress au travail ou le harcèlement moral mais bel et bien d’améliorer globalement le climat social de l’entreprise avec des actions ciblées », explique Yann Soilly. Quels sont les principaux dispositifs de mesure du climat social ? Selon l’étude menée par PB Consulting Group auprès de 150 experts RH dans une centaine d’entreprises, il semble que 43 % des entreprises utilisent les baromètres sociaux, 21 % le contrôle de gestion sociale et l’entretien Feedback 360° et 15 % l’audit social. Quels sont les avantages et les inconvénients de ces outils ? Comment les utiliser ?
Les dispositifs pour mesurer le climat social
Rapide et facile à mettre en place le baromètre social permet d’établir une cartographie de ce qui se passe à l’instant T dans l’entreprise mais aussi de mesurer les progrès réalisés en matière de stratégie RH comme le confirme Pierre-Marie Argouarc’h, DRH de la Française des jeux « La mise en place d’un baromètre sur une période d’un an et demi, nous a permis de mesurer une hausse de 15 points du taux de satisfaction sur nos outils RH ».
En se basant sur cet état des lieux qui permet à l’entreprise de mieux connaître ses collaborateurs, il est possible d’anticiper les risques psycho-sociaux et d’adapter la communication interne de l’entreprise à condition, bien sûr, de mettre en place des actions concrètes. Car bien souvent les outils ne sont que curatifs ou préventifs. C’est le cas du baromètre social mais aussi de l’audit qui donne une vision et permettent par la suite d’adapter les outils RH en identifiant les actions à mettre en œuvre pour améliorer les indicateurs sociaux suivis.
Plus opérationnel le contrôle de gestion sociale est une forme de contrôle de gestion classique qui permet de suivre les indicateurs sociaux tels que : la mobilité ou encore l’intégration de nouveaux collaborateurs. « Le suivi de tableaux de bords sociaux permet de placer le pilotage de la fonction Ressources Humaines au plus près de la réalité opérationnelle », confirme Yann Soilly. Enfin, les entretiens Feedback 360° affinent les connaissances des RH sur les besoins des collaborateurs. Un bon moyen pour adapter voire même personnaliser la politique GPEC de l’entreprise au regard des attentes des salariés.
Quelles actions concrètes mettre en place ?
D’après les résultats de l’étude menée par PB Consulting Group, plus d’un tiers des experts RH ont mis en place un dispositif de coaching après avoir réalisé des entretiens Feedback 360°, 28 % ont organisé des séminaires d’équipes et 6 % ont adapté leur politique de rémunération. L’étude note aussi que plus d’un tiers des entreprises ont adapté leur outils RH (gestion de la paie, GPEC,…) suite aux résultats fournis par le contrôle de gestion sociale. A noter que 19 % ont créé une cellule de veille des risques psycho-sociaux.
Chez France Telecom Orange, un budget de 900 millions d’euros a été débloqué afin de rétablir un climat social plus que bouleversé.
Ainsi à fin 2011, près de 200 RH de proximité avaient été embauchés, les locaux améliorés, des postes de directeurs de sites créés sans oublier la mise en place de dispositifs spécifiques pour adoucir le départ des seniors en retraite. « Quels que soient les dispositifs mis en place, les différents dispositifs de mesure du climat social doivent faire partie de la boite à outils des DRH.
Ils sont un révélateur du climat social de l’organisation, un outil managérial et un levier de négociation dans la relation avec la direction générale », conclut ce consultant en organisation et stratégie pour PB Consulting Group.
Emilie Vidaud