Vous l’avez loupée sur LinkedIn ?
Marie-Lou Girard est co-fondatrice du mouvement Growth Hiring pour aider les recruteurs à booster leurs recrutements.
Marie-Lou vous partage ses bonnes pratiques en matière de recrutement dans une logique marketing.
Nous avons passé 20 minutes avec Marie-Lou pour comprendre qui elle est.
Si plus de 16 000 abonnés suivent Marie-Lou Girard sur LinkedIn, ce n’est peut-être pas par hasard.
Marie-Lou, quel est ton parcours ? 🎓💼
J’ai un parcours plutôt atypique, car au départ, j’étais développeuse et j’ai obtenu un diplôme d’ingénieure informatique. À l’époque, j’avais effectué mon stage dans le milieu RH, mais dans une pratique de développement web. J’ai poursuivi mes études en école de commerce puis dans le marketing digital, milieu dans lequel je suis restée 8 ans. Jusqu’à ce que je me lance à mon compte en tant que Growth marketer il y a 3 ans.
À ce moment-là, j’ai pu retrouver des clients pour lesquels j’avais déjà travaillé auparavant : j’ai formé les équipes marketing, commerciales, et le fondateur m’a demandé de former également ses recruteurs. C’est là que j’ai commencé à rencontrer des recruteurs et à devenir leur partenaire pour implanter de nouvelles méthodes de recrutement.
J’ai donc réalisé des ateliers Growth (où il s’agit de rechercher la croissance à travers le marketing), que j’ai adaptés au monde du recrutement en faisant des ateliers sur mesure pour des recruteurs. J’observais donc leur quotidien de travail, toutes les actions qu’ils auraient pu automatiser ou processer, etc. Au bout du compte, j’ai retrouvé beaucoup d’analogies entre le milieu du marketing et celui du recrutement. C’est là que j’ai compris que ce que j’aimais faire, c’était du growth appliqué au recrutement, où il ne s’agit plus de rechercher des clients dans une logique marketing, mais bien des candidats.
Nous sommes à ce jour 3 associés. Nous avons développé une communauté qui a très vite grandi, échangé avec des recruteurs, réalisé des événements. Dès nos débuts, nous nous sommes retrouvés avec 800 personnes en direct sur LinkedIn. À ce jour, notre activité s’est beaucoup développée et nous avons une communauté de 3 500 recruteurs qui suivent le mouvement. Nous avons ouvert un espace Slack où l’on peut échanger, solliciter du feedback, effectuer un travail de veille sur le futur du recrutement… Nous organisons également une dizaine d’événements tous les mois pour les recruteurs et les dirigeants dans ce milieu.
Qu’est-ce que tu apportes à la fonction RH ? 👊
J’ai ressenti que la fonction RH avait besoin de cette vision du monde du marketing appliquée au monde du recrutement, qui n’existait pas il y a encore quelques années. Désormais, on peut bel et bien parler de marketing RH au service du recrutement.
D’autre part, nous avons souhaité encourager l’esprit collectif autour de ces nouvelles pratiques, qui se traduit notamment par une veille collective des méthodes de recrutement. Il s’agit de connecter entre eux les recruteurs, organiser des rencontres physiques, dénicher pour eux des ressources techniques liées au recrutement, également importer en France des méthodes venues des US et du UK, etc.
Le rôle du recruteur est stratégique, déterminant. Ce n’est plus une fonction support, mais une fonction business. Notre activité s’est précisément développée pour effacer ce décalage dans la perception et la valorisation en interne de ce métier.
Quels sont les grands défis RH ? 🦸🏻♂️🦸🦸🏾♀️
Depuis 3 ans, j’observe qu’il y a beaucoup de différences de niveaux et de méthodes entre plusieurs équipes RH, c’est un milieu qui est très hétérogène. Mais de manière générale, je constate un besoin de digitalisation RH. Il faut digitaliser les méthodes de recrutement et gagner en productivité en simplifiant les processus qui mériteraient d’être optimisés.
Aujourd’hui, on réalise encore beaucoup de tâches chronophages, manuelles, répétitives et à faible valeur ajoutée. Il y a donc un défi RH qui consiste à prendre du recul, à (re)donner une dimension stratégique au sourcing entre autres, et à explorer des méthodes digitales de nouvelle génération pour démultiplier l’impact. Cela permettra aux recruteurs de concentrer leurs efforts sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, notamment dans les interactions.
Selon moi, il faut également exploiter davantage tout ce que permet la data aujourd’hui, exploiter plus en profondeur les critères comportementaux des talents pour faciliter le recrutement.
Enfin, je pense qu’il peut être intéressant de s’appuyer sur des communautés pour recruter, à l’instar des équipes marketing qui travaillent leur communauté, proposent des choses pour fidéliser… En recrutement, il est aussi possible de travailler son vivier de talents, de reprendre contact avec des personnes qui avaient montré un intérêt il y a deux ans par exemple.
Le secret de ta visibilité sur LinkedIn ? 🧙♂️🪄
Cela fait 3 ans que je publie régulièrement et toutes les semaines. Je ne publie pas énormément, mais j’ai une certaine régularité. Et je crois que la régularité est un facteur clé.
Par ailleurs, les vraies connexions que l’on a développées sont celles qui vont nous apporter plus de visibilité.
Mais je crois qu’il est aussi important de créer de l’engagement sur les contenus des autres, en commentant leurs posts, en interagissant, etc.
Enfin, je veille à garder une posture d’experte dans mes publications, sans forcément proposer du contenu trop dévoilé. Je reste sur des publications d’expertise et à valeur ajoutée pour ma cible.
Tu es : workaholic ou work-life balance ? 🔥
J’ai un avis assez tranché à ce sujet. Fondamentalement, je ne dissocie pas nécessairement ma vie professionnelle de ma vie personnelle. Je mets l’une au service de l’autre.
Auparavant, j’avais toujours été en CDI, jusqu’à il y a 5 ans, où j’ai pris un congé sabbatique. Après ce moment de recul, j’ai décidé de construire ma vie professionnelle pour la mettre au service de ma vie personnelle. Si je sépare peu les deux — je travaille par exemple le week-end —, je veille à construire mes objectifs de vie. Je réfléchis à la manière dont je peux organiser ma vie de manière à atteindre mes objectifs professionnels et personnels tout en maintenant mon bien-être.
« Surtout, je fais en sorte de construire ma vie professionnelle au fur et à mesure, de sorte à ne pas subir mon travail. Je veux faire en sorte que travailler ne soit pas douloureux. Typiquement, je n’ai pas l’impression de travailler aujourd’hui. Je sais que mon travail s’inscrit dans un tout, et qu’il mène à mes objectifs de vie d’une part, qu’il a du sens pour notre communauté d’autre part. »