Le présentéisme au travail est plus que jamais ancrée dans la culture managériale française et pourtant il est néfaste aussi bien pour le collaborateur que pour l’employeur. Aujourd’hui, l’idée domine dans le monde professionnel et peut être révélateur de souffrance au travail impactant la QVCT. Quels sont les principaux risques pour le collaborateur et l’entreprise ? Existe-t-il des moyens d’y remédier ?
Présentéisme au travail : une question de culture et de management
Le présentéisme au travail peut être défini comme étant “présent sur le lieu de travail sans être complètement en possession de ses capacités”. En effet, cela veut dire que le collaborateur passe beaucoup plus de temps au bureau que le travail ne l’exige réellement. C’est le fait de ne plus être en capacité de travailler mais de se sentir obligé de rester au travail. Depuis plusieurs années, le présentéisme se propage au sein des entreprises et certains collaborateurs estiment, à tort, que la valeur de leur travail est en rapport avec le nombre d’heures qu’ils effectuent. Il semblerait que plus les heures passées au bureau sont nombreuses, plus l’on est considéré comme un bon élément. Aussi, selon une enquête menée par Glassdor, « un français sur trois n’ose pas quitter le bureau avant 18 heures de peur d’être jugé”. Pourtant les modes de travail changent. Cette même enquête a indiqué que “25% des français pratiquaient le désengagement invisible”.
Le présentéisme est un mal typiquement français car dans certains pays comme les pays anglo-saxons, rester tard au travail est signe d’inefficacité.Très souvent, les racines du présentéisme sont beaucoup plus profondes et se trouvent notamment dans la culture managériale. A partir du moment où la culture d’entreprise est basée sur la compétition, le temps passé au bureau est le seul outil pour montrer sa valeur. Par ailleurs, selon une enquête Ipsos pour le compte de la start-up Ourco,”74% des salariés déclarent avoir au minimum une journée dans le mois durant laquelle ils pratiquent le télétravail”. En définitive, le présentéisme au travail est un mal contemporain, difficile à déceler et qui représente un réel danger pour les collaborateurs mais aussi pour les entreprises. En d’autres termes, il est une conséquence de la pression sociale.
Des risques considérables
Le présentéisme au travail est néfaste pour la santé des collaborateurs et il est fondamental de les sensibiliser à ce phénomène. En effet, même si ces derniers sont présents, ils manquent de concentration et d’efficacité. Le présentéisme débouche, en règle générale, sur de la souffrance car il y a un décalage entre ce que le collaborateur est capable de faire et la réalité. L’état de santé peut ainsi s’aggraver. Le burnout peut également en être une conséquence. La fatigue intense, le stress ainsi que l’anxiété sont les premiers signes annonciateur d’un épuisement.
Par ailleurs, le présentéisme au travail coûte beaucoup plus cher que l’absentéisme à l’entreprise, soit 5 à 10 fois supérieur. En effet, même s’il pourrait presque sembler bénéfique pour les entreprises, avec des collaborateurs qui ne prennent pas leurs congés, qui travaillent jusque tard le soir, il est en réalité un concentré négatif pour les collaborateurs ainsi que pour l’entreprise. En effet, les heures supplémentaires au travail ne riment pas nécessairement avec productivité. Le surinvestissement peut cacher un travail de qualité moindre, ou une quantité de travail réduite. De manière générale, le présentéisme nuit au rendement de l’entreprise et peut également avoir des effets sur l’ambiance de travail. Enfin, le collaborateur qui reste tard au bureau n’est pas forcément un signe de bonne santé de l’entreprise.
Comment l’éviter ?
Le présentéisme est difficile à détecter. Néanmoins, de manière générale, à partir du moment où le collaborateur commet de nombreuses erreurs, baisse en productivité et se retrouve plutôt stressé, il convient de s’en inquiéter. De ce fait, il est primordial pour l’employeur de le rencontrer et de l’écouter. Il faut ainsi repérer les causes du présentéisme et éventuellement réduire la charge de travail si possible. Néanmoins, comment se préserver? Il convient de s’interroger sur son rapport au travail.
Aussi, il appartient au DRH d’intégrer les problématiques de présentéisme dans sa politique de qualité de vie au travail et éventuellement de revoir les solutions de gestion RH dédiées à la gestion des temps.
En définitive, il convient d’en finir avec la culture de la surenchère et oeuvrer pour l’équilibre des collaborateurs. Il est également impératif de sensibiliser au phénomène et choisir de faire manager par la confiance(slow management) et de déculpabiliser les absents. La mise en place de mesures permettant de mieux gérer leur temps de travail serait intéressant mais également la mise en place de formations permettant de mieux organiser sa journée de travail.
Yasmine BELHO