Comme il était attendu, les indicateurs de la DARES dépeignent un marché du travail en berne sur ce second trimestre 2020. Le recul de signatures de contrats de travail dans le secteur privés (hors agriculture, intérim et particuliers employeurs) s’apparente à presque la moitié des embauches du premier trimestre de cette année (-45,7%). Avec la chute de l’ensemble de l’embauche, les fins de contrats de travail ont suivi la même trajectoire, à l’exception du taux de licenciements économiques. Les mesures de lutte contre le coronavirus ont bel et bien eu un impact sur l’emploi en 2020, ce qui pousse à réflexion en première phase de ce nouveau confinement.
La baisse généralisée des embauches touche toutes les entreprises et tous les contrats
On compte 3 070 500 contrats signés en moins sur ce second trimestre 2020, soit une baisse de -45,7% par rapport au premier trimestre. Même si l’ensemble des signatures des contrats de travail sont en baisse, l’effet est légèrement plus prononcé sur les contrats en CDD (46,6%) contre CDI (41,3%) .
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Le marché du travail peine à maintenir le cap face à la pandémie, le niveau d’embauches n’a jamais été aussi bas en dix ans. Alors qu’elles ont été presque coupées en deux par rapport au premier trimestre, l’écart est d’autant plus flagrant sur une année : la quantité d’embauches au second trimestre représente la moitié à la même époque en 2019. Traité à part l’intérim ressent également les effets de la pandémie. Les missions d’intérim débutées au second trimestre ont baissé de 40,7%. Selon la DARES, le niveau d’embauches actuel est comparable à celui d’il y a dix ans.
Même si cette baisse est généralisée sur toute taille d’entreprise, on note tout de même un plus grand impact sur les petites entreprises de moins de dix salariés. La plus forte baisse est observée dans le secteur le tertiaire (-46,7%). On voit là l’impact direct des mesures du confinement sur l’emploi en 2020 dans un secteur qui s’articule autour d’activités récréatives, de restauration et d’hébergement.
Le déconfinement a suscité une reprise des embauches
Le déconfinement a permis à l’emploi en 2020 de reprendre, mais pas toutes. Fin juin, seules les embauches en contrat long remontent à leur niveau considéré comme normal. En anticipation, la seconde phase du confinement avait vu une relance de l’embauche. La réouverture des restaurants et la levée de la restriction de déplacement à 100 km du domicile ont donné espoir aux entreprises, notamment celles appartenant au tertiaire. Mais ce regain ne fut pas assez fort, ni d’une assez longue durée pour égaliser les chiffres de l’embauche avec ceux de l’année précédente.
Recul sans précédents des fins de contrats de travail
Le marché du travail donne un effet d’entonnoir inversé, la baisse des signatures de contrats est accompagnée par une diminution des départs, hormis pour licenciement économique. 3 262 400 contrats de travail se sont terminés au second trimestre, soit 44% de moins qu’au trimestre précédent, ceci peut être attribué au confinement du printemps. Sur un an, la quantité de fins de contrat de travail a presque été divisée par deux (-47,3%). De manière similaire aux embauches, la baisse est la plus importante se manifeste chez les entreprises de moins de dix salariés. Comme pour l’embauche, elle est également plus prononcée dans le secteur du tertiaire (-45,2%).
Une baisse tous contrats confondus
Plus dans le détail, les fins de CDD, d’un nombre de 2 655 000, sont en repli au deuxième trimestre. Cette baisse est en partie dûe à la signature de moins de CDD courts (-51,2%), c’est-à-dire d’une durée de moins d’un mois, et donc qui arrivent à terme en cours de période. On note également une forte baisse dans les ruptures anticipées de CDD (-51,6%).
Quant aux CDI, 607 500 contrats à durée indéterminée ont pris fin au second trimestre. Cela est causé par un nombre réduit de départs en fin de période d’essai (-48,3%), de démissions (-37,6%), de ruptures conventionnelles (-37,4%) et des licenciements hors motif économique (-33,7%).
Hausse des licenciements économiques
Compte tenu de la conjoncture économique, il était attendu que l’emploi en 2020 subisse une hausse des licenciements économiques. Face au fort recul des fins de CDI (fin de période d’essai, démission, rupture conventionnelle), l’augmentation des licenciements économiques, dont il y a eu un pic en seconde phase du déconfinement, retrouve le même niveau que l’année précédente, mais ne le dépasse pas.
Au coeur d’un marché du travail chamboulé, les secteurs considérés comme le moins impactés par le confinement seraient le commerce alimentaire et la santé. Les plus fortement impactés sont le secteur de la restauration et de l’hébergement et celui des activités récréatives. Seul le secteur de la construction montre une remontée d’embauches supérieur des chiffres de 2019 en fin de second trimestre.
Mai TREBUIL