La cooptation ? On la connait et on l’utilise. Les cabinets de recrutement n’hésitent pas à faire appel à leurs propres relations pour trouver le bon candidat et certaines entreprises ont leur propre système de la cooptation interne. C’est un moyen rapide, sûr et moins couteux où les trois parties concernées sont gagnantes : l’entreprise, le coopteur, et le recruté. Antoine Perruchot, co-fondateur de Keycoopt, plateforme collaborative dédiée au recrutement et basée sur la recommandation, apporte son expertise et son regard sur ce moyen de recrutement.
Pourquoi la cooptation joue-t-elle un rôle tellement important dans le recrutement ?
C’est simple : un coopteur ne recommandera pas quelqu’un dont il n’est pas sûr. Cette démarche l’engage personnellement et professionnellement. La cooptation, c’est un gage d’excellence et de réussite pour trouver le meilleur candidat.
On parle de plus en plus de recrutement par réseaux sociaux. Les grands portails comme Linkedin, Viadeo ou encore Facebook proposent différentes solutions.
Quelle est votre avis sur ce type de sourcing des candidats?
Effectivement, ces dernier temps les réseaux sociaux basculent de plus en plus vers le recrutement. Il existe des solutions de cooptation sur les réseaux sociaux, mais je trouve qu’on ne maitrise pas l’origine de cette recommandation. Elle peut venir d’un ami proche ou d’un inconnu, et ces solutions offrent une approche plus quantitative que qualitative. Les réseaux sociaux constituent une base d’adresses assez qualifiées, mais qui demande une approche particulière. Tout d’abord, il faut parler le langage des réseaux sociaux pour pouvoir attirer les candidats et pour pouvoir approcher les profils de manière qualitative, en leur donnant envie de répondre.
Il est très important de se souvenir que la majorité des professionnels qui s’inscrivent sur les réseaux sociaux le font dans le but de développer leur propre réseau et non pas pour se faire chasser. Selon moi, les solutions proposées par différents réseaux sociaux ressemblent de plus en plus aux CVthèques, certes très professionnelles, mais avec tous les inconvénients de ces dernières. Les profils qu’on y retrouve ne sont pas toujours actualisés et tous ne sont pas à l’écoute du marché. Alors, même si les jobboards et les CVthèques restent, pour la globalité des recrutements, les moyens le plus couramment utilisés, les recrutements de cadres confirmés se font essentiellement via d’autres canaux, notamment relationnels avec 51% par cooptation.
C’est ce chiffre-là qui vous a fait imaginer Keycoopt ?
Non, ce chiffre est très important, mais l’idée de Keycoopt est née d’une expérience concrète. Un client de mon cabinet de recrutement par approche directe m’a un jour confié une mission assez spéciale : il cherchait une personne parlant couramment le Mandarin, voulant travailler dans le nord de la France, en production, mobile pour de nombreux déplacements et capable d’animer une équipe multi-culturelle. Inutile de vous préciser que ce profil est difficile à trouver ! J’ai alors sollicité quelques-unes de mes connaissances expatriées à Shanghai, Hong Kong et Moscou, pour dénicher cette perle rare. De fil en aiguille, je suis parvenu à trouver trois candidats réunissant une grande partie des critères recherchés par le recruteur. C’est là qu’est née l’idée de Keycoopt. Ne pourrait-on pas en effet réinventer cette pratique en la généralisant, de manière simple, et surtout sur un mode collaboratif ?
Que propose Keycoopt exactement?
Acteur atypique sur le marché du recrutement, Keycoopt n’est ni un nouveau réseau social, ni un cabinet de recrutement, ni un jobboard. Grâce à sa plateforme collaborative, Keycoopt est capable de fournir d’excellents candidats qui lui ont été recommandés, dans des délais très courts et à moindre coût.
Avec Keycoopt, les recruteurs déposent leurs annonces sur la plateforme. Les chargés de recrutement les font ensuite suivre de manière ciblée et confidentielle à un club de coopteurs anonymes, qui proposent chacun le candidat qu’ils estiment être le meilleur. Ces candidats sont qualifiés par Keycoopt qui en sélectionne au moins deux pour les présenter au recruteur. Lorsqu’un recrutement est confirmé, Keycoopt récompense le coopteur initial par une Keyprime (diverses formes : prime de cooptation fixe, don à des associations, annonces gratuites, …).
Qui sont vos coopteurs ?
Le club des coopteurs est composé de cadres, de chefs d’entreprises et de professionnels de tous secteurs, sélectionnés pour leur expérience et leur expertise, ainsi que pour leur réseau. Tous les coopteurs sont anonymes. Ils ne peuvent pas communiquer entre eux, et c’est une volonté de notre part. Keycoopt n’est pas un nouveau réseau social, les coopteurs se sont inscrits dans le seul but de recommander leurs connaissances et non pas pour faire du réseautage ou du commerce.
Les critères de sélection sont simples et en même temps très précis : chaque coopteur doit posséder l’expertise reconnue dans son domaine et une expérience significative dans son secteur. Ne peuvent devenir coopteurs que les personnes identifiées et sollicitées directement par Keycoopt, ou celles parrainées par les coopteurs existants et validées par Keycoopt.
Vous avez des premiers exemples à nous donner?
Bien sûr, parlons plus de chiffres. Keycoopt, c’est aujourd’hui 2 mois de fonctionnement, plus de 3000 coopteurs, 18 clients, 100 personnes recommandées pour une vingtaine d’annonces. Pour un de nos clients, nous avons eu 10 recommandations en 48 heures. Deux de ces candidats ont été sélectionnés et présentés à l’entreprise. Notre client a hésité à garder les deux, le choix final a été fait la semaine dernière.
D’autre part, les chiffres APEC sont également positifs pour nous: le marché du recrutement français dans son ensemble a enregistré plus de 180 000 embauches de cadres en 2011, soit une hausse de 10% par rapport à l’année 2010. Les moyens utilisés par les entreprises pour la recherche des candidats sont multiples et complémentaires. Elles utilisent notamment les sites emploi (dans 88% des cas), candidatures spontanées (80% des cas), Site RH entreprise (61 %), cabinets de recrutement et réseaux sociaux (47% pour les deux respectivement). La cooptation, quant à elle, est utilisée par 51% des entreprises dans la recherche des meilleurs profils.