L’arrivée des médias sociaux a révolutionné la façon de créer et de partager les informations. Déjà très utilisés dans la sphère personnelle, ils s’imposent rapidement comme un mode efficace de communication professionnelle.
En quoi le comportement face aux médias sociaux et l’usage des outils actuels et à venir doivent changer la donne dans le monde de l’entreprise ? Quelle est la place du management dans un monde où le virtuel se fond au réel ? CrossKnowledge a édité un Livre blanc : L’entreprise communautaire – L’impact des médias sociaux dans l’entreprise : cinq regards d’experts et de praticiens, afin d’aborder ces questions.
My RH Line a rencontré Jérôme Coignard, Directeur de l’innovation de CrossKnowledge.
My RH Line : Les médias sociaux ont-ils réellement modifié la communication d’entreprise ou s’agit-il d’un effet de mode lié au développement du Web 2.0 ?
J’ai travaillé, avant d’exercer mes fonctions chez CrossKnowledge, sur les offres de knowledge management dans un grand cabinet de conseil et d’intégration et le knowledge management traditionnel a eu du mal car c’est une approche très normative dans la manière d’organiser le savoir. J’ai travaillé aussi pas mal pour les bibliothèques, comme la BNF, en tant que prestataires, les approches très top down sont assez lourdes et n’évoluent pas très vite.
Pendant un temps, les entreprises maîtrisaient leur rythme d’évolution, leur technologie et leur concept avec toute cette vague de RP, d’optimisation des process très cadré. Petit à petit avec la montée en puissance d’internet et notamment des réseaux sociaux type facebook, twitter ou même l’iphone que les gens utilisent toute catégorie professionnelle confondues, les changements qui s’opèrent à l’extérieur obligent l’entreprise à changer. Les nouveaux collaborateurs arrivent en étant déjà familiarisés avec ces outils, ils les connaissent par cœur. Aujourd’hui, il est très facile de se monter un système d’information de qualité à un prix très bas, que l’on soit une PME, un individu, un free lance.
Le fait de s‘ouvrir à la discussion en interne ou vis-à-vis de l’extérieur est aussi une source d’innovation, de bonnes idées qui sont extrêmement valables. Soit on considère que l’innovation peut se driver top down et on se prive de toute cette richesse, soit on considère que la bonne idée peut venir d’un client, d’un fournisseur, d’un stagiaire ou du PDG. Il y a des enjeux de tri, de filtrage pour être capable de gérer tout cela. Mais pour moi, c’est tout sauf un effet de mode.
J’utilise beaucoup twitter pour la veille et l’innovation et c’est vraiment un outil très puissant. On commence à avoir des outils très intéressants dans le domaine grand public et cela doit se transposer petit à petit dans l’entreprise. On voit pas mal de clients qui commencent à se reposer cette question de l’unformal Learning ou du modèle de 70/20/10 où l’on apprend à 10 % dans des formations cadrées, 20 % par échange avec les autres et 70% via du Under job training. Avec l’éclairage des réseaux grand public ils s’interrogent beaucoup sur les concepts et les usages personnels qui vont peut-être faciliter la prise de conscience en interne dans les entreprises.
My RH Line : Cette ouverture va amener des dérives en matière de communication vers l’extérieur. N’importe qui dans l’entreprise peut communiquer librement. Comment gérer cela ?
Stéphane Roussel explique que quand il a mis en place My SFR, il avait un objectif offensif, il voulait innover avec ses jeunes collaborateurs, il voulait réintégrer un dialogue social qui s’empêchait à l’extérieur. Il a instauré une seule règle : pas d’anonymat. Il n’y a eu aucun abus, il n’a censuré aucun message. Il faut partir du principe que les collaborateurs sont des personnes raisonnables qui ne vont pas écrire n’importe quoi. Et s’ils ne sont pas d’accord il est préférable mieux qu’ils le disent pour que le dialogue puisse s’engager.
Le patron de Based By explique que de nombreux collaborateurs, s’expriment en dehors de l’entreprise sur les réseaux sociaux, sans consigne, et que globalement les gens vraiment mécontents ne le disent pas ou finissent par quitter l’entreprise. Je pense qu’il faut prendre le risque d’être surpris et de gérer a posteriori.
Selon moi, un collaborateur non satisfait, c’est comme un client non satisfait. C’est aux managers de gérer cela. Ces médias sociaux vont beaucoup changer le rôle des managers. Le management intermédiaire va être remis en question. Il faut accepter une part de créativité dans le job au quotidien qui n’est plus l’apanage des webmasters. Ce qu’il reste à gérer au quotidien c’est l’imprévu qui n’est pas dans la procédure.
My RH Line : Il y a aussi le côté positif sur les collaborateurs, on remarque que quand une société est visible sur les réseaux sociaux, cela développe un côté fédérateur et un sentiment d’appartenance. Pourquoi ?
My RH Line : Y a-t-il un risque de déshumanisation des rapports ?
Cela peut aider aussi à entrer en contact. Je trouve que Twitter, par exemple, est un très bon outil pour entrer en contact avec des gens que l’on va peut-être finir par croiser. Les gens à travers ce qu’ils ont échangé en ligne ont déjà pu vérifier qu’ils avaient des centres d’intérêts communs mais tant que vous n’avez pas rencontré la personne, ça ne sera pas assez puissant.
My RH Line : L’entreprise 2.0 c’est redonner à l’entreprise une notion de communauté, de partage?
My RH Line : Que pensez-vous de la Charte des réseaux sociaux instaurée par l’Association A Compétence égale présidée par Alain Gavand ?
CrossKnowledge a été créé en 2000 par 4 associés français. L’objectif était d’aider les grandes entreprises à partager leurs meilleures pratiques managériales. CrossKnowledge s’est orienté vers les modules e-learning plus classiques car c’était la demande des clients tout en restant focalisé sur le management et le développement personnel. On voit aujourd’hui avec l’émergence des réseaux sociaux et la transposition des sites grand public type Facebook, Twitter dans les entreprises, cette idée de départ qui est en train de ressurgir et de se concrétiser. Nous sommes aujourd’hui à peu près 150 collaborateurs en interne, une centaine de personnes en freelance travaillent avec nous, des tuteurs de formation et des équipes qui font les modules e-learning. Nous sommes présents dans 6 pays d’Europe avec nos propres bureaux et via des partenariats en Asie, Europe du Nord, de l’Est, Amérique du Nord et du Sud.
Nous avons un positionnement un peu atypique par rapport aux acteurs du marché. Nous fournissons des solutions globales aux clients qui vont intégrer à la fois du contenu sur l’étagère, un catalogue de cours en management et développement personnel qu’on augmente avec des partenariats en bureautique et langues sur certaines offres, une technologie de diffusion de ces formations en ligne et des services de déploiement associés. Nous offrons ces trois services dans l’ensemble car nous considérons que c’est l’un des ingrédients clé pour pouvoir déployer ces solutions plus rapidement chez nos clients. Si une entreprise doit commencer par acheter son LMS, le déployer, le paramétrer, … cela fait des projets beaucoup plus longs, or une des promesses que nous voulons vraiment tenir vis-à-vis de nos clients c’est de leur apporter des résultats, des augmentations de compétences et de performances mesurables. Pour cela, il faut que l’on puisse agir sur les trois leviers simultanément pour vraiment accélérer notamment grâce à des technologies en mode SAAS, les planning et les temps de déploiement.