Très en vogue chez nos voisins Allemands, Anglais, Suisses, tout comme dans certains pays nordiques et aux États-Unis, le « job sharing » offre une approche du travail unique en son genre. Le principe ? Deux collaborateurs se partagent une même fonction, qu’ils occupent sur la base d’un temps partiel. Entre flexibilité, mutualisation des compétences et équilibre des salariés, zoom sur les apports d’une pratique qui intéresse un nombre grandissant d’organisations.
Une démarche innovante, pour qui ?
Notamment utilisé dans le cadre de postes à responsabilités et de management — on parle ici de « top sharing » —, le job sharing peut en réalité s’adresser à des profils, fonctions, et situations professionnelles divers, tels que les :
- seniors souhaitant se maintenir un exercice tout en diminuant leur activité ;
- jeunes ayant l’envie d’apprendre un métier aux côtés de collaborateurs expérimentés ;
- salariés aidants ou ceux atteints d’une pathologie, nécessitant un aménagement de leur poste et de leur temps de travail ;
- parents en quête d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso ;
- professionnels cumulant plusieurs activités.
Trois raisons de s’intéresser au job sharing
Le champ des possibles est donc grand, et ce n’est pas là le seul avantage de ce mode de travail, celui-ci étant susceptible d’adresser une large partie des enjeux auxquels les ressources humaines (RH) se confrontent aujourd’hui.
Un vecteur de flexibilité
En premier lieu, le job sharing apporte une vraie flexibilité dans l’organisation du travail. Un critère devenu clé pour une majorité de collaborateurs depuis la pandémie. D’ailleurs rien qu’en Suisse, où 28 % des entreprises pratiquent le job sharing, 90 % d’entre elles l’instaurent afin de proposer davantage d’équilibre entre travail et vie personnelle.
Un accélérateur de diversité et de carrière
Ensuite, ce dispositif peut faciliter la (ré)insertion des profils les plus en difficultés, à l’instar des aidants ou des personnes en situation de handicap (entreprise handi-accueillante). Il peut aussi être un tremplin pour les femmes, souvent contraintes de choisir entre carrière et vie de famille. Ainsi, selon une étude menée au Royaume-Uni, alors que trois femmes sur cinq envisagent de reprendre un poste en deçà de leurs compétences après une absence – congé maternité, arrêt maladie, etc. -, le job sharing leur permettrait de prétendre à des fonctions confirmées, correspondant à leur profil.
Une réponse à la pénurie de compétences
Numérique, énergie, industrie… la digitalisation du monde de l’entreprise a engendré une transformation massive des compétences, tout secteur confondu. Résultat, il peut s’avérer complexe de dénicher le « bon » talent détenant l’ensemble des savoirs techniques et savoir-être recherchés. Dans ce contexte, le job sharing donne les moyens de satisfaire aux exigences d’un poste en recrutant deux profils complémentaires. Côté collaborateurs, cette synergie des compétences renforce l’apprentissage et la motivation de chacun. C’est le cas en Allemagne, où 70 % des managers exerçant en job sharing estiment que cela augmente leurs capacités d’innovation et de créativité. 80 % d’entre eux indiquent par ailleurs acquérir de nouvelles connaissances.
Un outil ambitieux… et exigeant
Si le job sharing est prometteur, sa concrétisation comporte son lot de défis, à commencer par la compatibilité de caractère du binôme, un prérequis central pour assurer la pérennité du dispositif et limiter le risque de conflits. De même, il ne peut être déployé sans une communication solide auprès de tous les salariés, qu’ils soient directement concernés ou non. L’idée ? Désamorcer les craintes et interrogations autour du projet, démontrer sa valeur ajoutée, et les objectifs auxquels il répond.
Enfin, l’accompagnement des « job sharers » est primordial dans la réussite de l’approche. Il peut se traduire de différentes façons :
- mise en place de programmes de formation, en matière de gestion de projet et de communication entre autres ;
- mise à disposition d’outils collaboratifs permettant de mieux partager l’information, de veiller à la continuité des activités, et de piloter les absences et agendas ;
- création de rituels visant à favoriser l’entente et les feedbacks au sein du binôme. Ces temps sont également nécessaires pour faire émerger une vision commune ;
- élaboration de fiches de postes claires, délimitant avec précision le rôle de chacun.
Source(s) documentaire(s) :
- Job et top sharing en Suisse
- Redefining work, doubling impact Empower Job Sharing Report 2023
- Job-Sharing : vers un bouleversement du management, Elodie Gentina (The Conversation)