La guerre des palaces sévit à Paris. L’arrivée de nouveaux acteurs pour la plupart asiatiques modifie en profondeur le paysage de l’hôtellerie de luxe parisienne, où un subtil jeu des chaises musicales a débuté depuis plus d’un an.
Quand le malheur des uns fait le bonheur des autres, coup de projecteur sur ce secteur où les nouveaux acteurs rivalisent d’ingéniosité pour séduire les talents de l’hôtellerie française laissaient sur le carreau par le Ritz et autres Crillon qui licencient à tour de bras, travaux de modernisation oblige.
Recrutement dans hôtellerie de luxe : un secteur en reconstruction
C’est l’hécatombe dans le milieu de l’hôtellerie de luxe où les grands établissements annoncent tour à tour leur fermeture pour travaux de modernisation.
La raison ? L’ouverture récente du Royal Monceau, Shangri-La et du Mandarin Oriental et celle annoncée du Peninsula a réveillé en sursaut le petit monde endormi du palace parisien en faisant monter d’un cran le niveau des standards « palace ».
Ainsi le Ritz fermera pour 27 mois de travaux à l’été prochain, mettant en congé forcé près de 500 salariés. A noter que l’hôtel n’a pas subi de rénovation d’envergure depuis 30 ans. Dans son sillage, le Crillon fermera également ses portes en septembre prochain pour une durée de 12 à 16 mois. En rénovation également, l’hôtel le Prince de Galles est actuellement fermé et ce, jusqu’à l’automne 2012. Certains établissements plus prudents préfèrent jouer la carte de l’acquisition. C’est notamment le cas du Plaza Athénée, situé avenue Montaigne, qui vient d’acquérir trois immeubles voisins. Une rénovation qui n’engendrera pas de fermeture et donc pas de salariés laissaient sur le carreaux.
Enfin, d’autres vont même plus loin en annonçant une fermeture définitive. Ainsi, le 20 janvier dernier le groupe Accor annonçait la fin de l’Hôtel Pullman Rive Gauche en avril prochain. Le bâtiment vient d’être vendu au groupe Bouygues pour la modique somme de 77 millions d’euros. Quel avenir pour les salariés ? Accor a annoncé que chacun d’entre eux se verraient proposés deux nouvelles affectations en région parisienne. Ca reste à prouver.
Les fermetures des 5 étoiles historiques profitent aux derniers arrivés
Néanmoins le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. A commencer par celui de l’hôtel W Paris-Opéra, le dernier né de la marque new-yorkaise Starwood Hotels and Resorts Worldwide qui a pu piocher dans ce vivier de talents au chômage technique.
Ouvert en février dernier, l’établissement aux cinq étoiles ne disposait que de sept mois pour réaliser l’ensemble du processus de recrutement. Une véritable course contre la montre comme l’explique Olivier Servat, le directeur général : « au total, nous avons reçu plus de 6 000 CV. Seuls 240 candidats ont participé à notre processus de recrutement et 137 travaillent aujourd’hui à nos côtés ».
Parlons-en justement du processus de recrutement car le W Paris-Opéra a déployé l’artillerie lourde en organisant pendant 48 heures un casting géant afin de plonger en immersion totale les quelques 200 candidats.
« Il était fondamentale que nos futurs collaborateurs vivent l’expérience de l’intérieur comme n’importe lequel de nos clients. Un moyen efficace pour détecter les meilleurs talents et faciliter le processus d’intégration dans nos équipes par la suite », explique le directeur général.
Résultat ? Les candidats ont pu découvrir dans une ambiance décontractée les valeurs chevillées à la marque W et les services proposés par le bar et le restaurant. Plus de 20 personnes issues du management et des RH ont été mobilisées à l’occasion de cette expérience de recrutement qui se découpait en trois étapes : un test de personnalité (MBTI*), un entretien en one-to-one avec un chef de département et un entretien final avec un jury composé de huit recruteurs parmi lesquels le directeur général.
« L’objectif de ce processus de recrutement était de déceler le talent au-delà de la compétence car cette dernière peut s’acquérir. Alors que le talent, la motivation sont des qualités innées », précise Olivier Servat.
Côté outil de recrutement, le staff du W Paris-Opéra a mis en place spécialement pour cette opération, une application iPad permettant de centraliser l’ensemble des données de chaque candidat. « A leur arrivée les candidats participaient à un Photocall qui permettait l’ouverture du dossier dans lequel toutes les données sur le candidat avaient déjà été enregistrées. Au cours des trois étapes du processus, les recruteurs ont rentré toutes les réponses des candidats afin que lors de l’entretien final le jury puisse avoir une vision globale », explique le Directeur Marketing W Paris-Opéra. Quant aux candidats ?
« Il y a eu un retour très positif. Certains ont même publié des messages sur le mur de la page Fan de l’hôtel pour nous dire qu’ils n’avaient jamais été recrutés avec autant de considération », raconte Olivier Servat. La direction de l’hôtel est même allée plus loin en organisant un Flashmob avec toutes les nouvelles recrues. Un moyen de fédérer encore un peu plus les collaborateurs en leur faisant vivre une expérience unique. Car comme le confirme le directeur général W Paris-Opéra, « après le recrutement, il y a aussi le processus d’intégration du collaborateur qui s’impose comme une étape cruciale ».
Emilie Vidaud