En décembre 2009, l’Economist Intelligence Unit a mené une étude internationale pour StepStone afin d’explorer les principales difficultés que rencontrent les organisations en matière de gestion des talents à l’heure où elles commencent à se remettre d’une des plus graves crises économiques survenues depuis des décennies. Plus de 410 cadres supérieurs et dirigeants ont été interviewés pour réaliser cette étude.
My RH Line a rencontré Christel Thomet, Responsable marketing de Stepstone solutions, qui a commenté cette étude.
My RH Line : Pouvez-vous nous expliquer comment a été menée cette enquête?
My RH Line : Quelles catégories de personnes ont été interrogées?
My RH Line : Quelles sont les principales tendances qui ressortent de l’enquête?
On constate qu’un grand nombre d’entreprises a dû licencier l’année dernière ou les deux dernières années.
Principaux résultats
Plus de 410 cadres supérieurs et dirigeants ont été interviewés pour réaliser cette étude. Tous les secteurs sont représentés, et vous trouverez ci-dessous la répartition géographique des témoignages :
Les entreprises se trouvent à la croisée des chemins et reconnaissent qu’il faut prendre aujourd’hui les bonnes décisions en termes de gestion des talents pour tirer parti de la reprise économique qui s’annonce. La gestion des talents devient de plus en plus prioritaire comme le suggère notre étude : elle figure en troisième position des facteurs clés de succès des entreprises avec 41 % des répondants, juste après la stabilité économique et la confiance des consommateurs. Elle se situe à une échelle bien supérieure par rapport à d’autres difficultés comme le financement ou la facilité de crédit et cours des matières premières. Toutefois, lorsqu’on demande par exemple à ces cadres dirigeants s’ils disposent d’une stratégie solide pour piloter les plans de successions dans leur entreprise, seuls 7 % d’entre eux approuvent entièrement cette affirmation.
La démographie demeure également un sujet de préoccupation, en particulier en Europe et aux États-Unis, où la population active vieillissante va s’accélérer dans la décennie à venir. Près de la moitié des répondants (49 %) de notre étude a constaté des différences très importantes de motivation des salariés en fonction de leur âge.
La confiance augmente
L’engagement des salariés demeure faible
Paul Jarrell, vice président des ressources humaines chez DSM, un groupe néerlandais de sciences de la vie et des matériaux, souligne la nécessité de rassurer les salariés pendant une crise économique. « Il s’agit d’un phénomène variable en fonction des marchés, mais de manière générale, les individus sont inquiets pour leur avenir en période de crise. Nous mettons donc l’accent sur l’importance de la communication. »
Pour Linklaters, cabinet d’avocats international, la difficulté qui réside dans la gestion des licenciements a également été le catalyseur d’une communication plus ouverte en interne. Jill King, DRH Groupe du cabinet, affirme : « Nous disposons de nouveaux forums participatifs comme les réunions en mairie, où nous impliquons davantage les individus dans les problèmes de l’entreprise. Dans une certaine mesure, nous avons donc créé des opportunités à partir de ces conditions difficiles. »
Caroline Brent, vice présidente du développement RH chez SCA en Suède. « Cela fait toute la différence lorsque vous essayez de fonctionner à l’échelle d’un réseau international. Cela créé des opportunités équitables pour tous. »
Encourager les talents en interne
Encourager les talents en interne permet aux organisations d’investir davantage dans le renforcement de la motivation de leurs collaborateurs en poste. Les entreprises de notre étude citent les principaux domaines dans lesquels elles ont le plus investi les 12 derniers mois : la gestion de la performance (classée première par 46 % des répondants), le développement du leadership (en seconde position, à 41 %) et la formation et le
développement (troisième à 36 %).
A l’issue d’un audit de trois ans des stratégies de gestion des talents, le cabinet de conseil stratégique international Hackett basé aux Etats-Unis, a découvert que les entreprises possédant les bons processus et outils de gestion des talents présentaient des revenus 18 % plus élevés que les autres.
Investir dans la formation
Certaines entreprises ont également continué de concentrer leurs efforts sur la formation du leadership. Le groupe Carlson Wagonlit Travel dispose d’un programme de 18 mois appelé le « Global Leadership Journey », qu’il mène en association avec six écoles de commerce dans le monde, afin d’aider ses cadres à élargir leurs compétences managériales.
« Pour nous, ce serait très facile de nous passer de ce programme, qui est coûteux, » remarque Nick DeNicola, DRH de Carlson Wagonlit Travel North America. « Mais nous avons décidé qu’il était important pour nous de continuer à permettre à nos collaborateurs de se développer, et d’améliorer notre vivier de managers au sein de l’organisation. C’est pourquoi nous lançons une nouvelle classe en 2010. »
Recruter sur les campus
Gérer les différences démographiques
En outre, certains répondants estiment que le fossé existant entre les employés les plus âgés et les plus jeunes peut aller jusqu’à cinq décennies, avec 34 % se prononçant comme d’accord ou tout à fait d’accord sur le fait que cela reflète la situation de leur entreprise, un chiffre qui s’élève à 41 % pour les répondants d’Amérique du Nord.
Toutefois, les différences d’âge importantes engendrent des difficultés organisationnelles, créant le besoin d’adapter parfaitement les postes et les responsabilités ainsi que les plans de carrière et les avantages pour les travailleurs les plus âgés et les plus jeunes. Dans notre étude, la moitié des répondants est convaincue que le développement de carrière est plus important pour les plus jeunes travailleurs et les diplômés. Pour les employés âgés de 50 ans et plus, cependant, 38 % des répondants affirment que les avantages comme les stocks options, la mutuelle et les retraites sont des éléments de considération importants. Près de la moitié des répondants souligne que les facteurs de motivation divergents au sein des différents groupes d’âges sont un problème auquel on est confronté lorsque l’on dirige des équipes diverses.
Dans le même temps, les entreprises ont besoin de déployer des compétences qui peuvent varier de manière importante entre les collaborateurs les plus jeunes et les plus âgés. Dans notre étude, la majorité des répondants considère que les ressources les plus novices sont capables de mieux s’adapter à de nouveaux postes et d’adopter de nouvelles technologies (respectivement 68 % et 70 %), tandis que 44 % citent que le degré de familiarité avec une nouvelle technologie pour les travailleurs les plus âgés est un problème auquel on est confronté lorsque l’on dirige les équipes diverses. En outre, 80 % des répondants considèrent que les salariés les plus expérimentés sont capables de mieux travailler s’ils ne font pas l’objet d’une supervision.
À mesure que le paysage économique mondial continue de s’éclaircir, les entreprises se trouvent à la croisée des chemins en matière de gestion des talents. Les entreprises à la pointe en ce domaine vont continuer à mettre en œuvre les bonnes politiques pour recruter et conserver les meilleurs profils du marché dans un contexte où bon nombre de salariés vont se montrer attentistes aux perspectives d’emploi externes. Celles qui seront les premières à prendre les bonnes décisions mettront toutes les chances de leur côté pour attirer les salariés qui renforceront les ressources humaines et la réussite de leur organisation. Celles qui resteront attentistes et frileuses risquent dans quelque temps de regretter de ne pas avoir emprunté la bonne voie quand la reprise sera définitivement amorcée.
La gestion des talents en 2010 : 7 étapes essentielles
– De moins en moins d’organisations recherchent des talents en externe, la priorité est au développement interne.
– Les sociétés doivent comprendre l’importance d’un investissement en temps et en argent pour garantir l’engagement et fournir des opportunités de développement de carrière à leurs équipes. L’objectif est de lutter contre la fuite des talents.
L’enquête est téléchargeable ici