En 2010, le marché mondial des produits et services e-learning dépassait 32 milliards de dollars. Une belle performance surtout quand on sait que sur les cinq dernières années le taux de croissance annuel flirtait avec les 10 %.
Un bon présage que confirme la dernière étude de marché menée par International Data Corporation, selon laquelle les revenus générés par le marché mondial du e-Learning atteindraient près de 50 milliards de dollars à horizon 2015.
Comment se positionne le marché français par rapport à ses voisins européens ? Est-il dynamique ? Quelles sont les grandes tendances et celles à venir ? Comment tirer son épingle du jeu quand on est fournisseurs de produits et services ? Enfin côté entreprise, quelle est la meilleure stratégie à mettre en place pour doper la formation et fidéliser les talents de demain ? Tour d’horizon avec ce Dossier Spécial consacré au e-Learning
« Avec un taux de croissance annuel de 15 % en 2010, la France s’impose comme l’un des marchés les plus dynamiques en matière de e-Learning », confirme Sally-Ann Moore, Consultante en e-Learning et fondatrice du Salon iLearning Forum.
Et pourtant, selon Stéphane Diebold, Vice-président du Groupement des acteurs et responsables de formation (GARF), « dans les entreprises françaises, la formation ne fait pas véritablement l’objet d’une stratégie marketing à part entière ». Prenons un exemple. Alors que la France s’impose comme le leader mondial du Gaming, il apparaît pourtant difficile d’amener les salariés à utiliser les Serious Games.
Quand on sait que la plupart des exposants du iLearning Forum sont des fournisseurs d’outils et services autour de l’élaboration et la prestation des jeux et simulation pour l’enseignement et l’apprentissage, comment expliquer ce paradoxe ? Selon le Vice-président du GARF, « dans la plupart des entreprises, il y a aujourd’hui des résistances aux changements. Pour arriver à mobiliser les salariés, il faut les motiver en recréant par exemple du collectif. Savoir capter l’attention des collaborateurs est une des clés pour réussir la mise en place d’une vraie démarche de formation ».
Qu’en est-il chez nos voisins anglo-saxons qui semblent toujours avoir une longueur d’avance sur les grandes tendances du e-Learning ? D’après le sondage orchestré, en juillet dernier, par Towards Maturity* auprès de 150 grandes organisations anglaises et 35 000 cadres, 58 % des entreprises interrogées forment leurs cadres en salle de classe quand seulement 14 % utilisent le e-Learning.
C’est peu, surtout quand on sait que 80 % des entreprises interrogées, affirment avoir besoin d’augmenter les dépenses liées à la formation des cadres et ceci en vue d’améliorer la performance et l’efficacité de leur organisation. En effet, il semble d’après les résultats affichés par Towards Maturity que la mise en place d’une démarche de formation e-Learning (tous procédés confondus) à destination des cadres supérieurs engendre une augmentation de la consommation de formation par les employés (37 %) et génère également une réduction des coûts de formation (19 %). CQFD.
Prémices du Mobile Learning vs Boom du Rapid Learning
Parmi les tendances remarquables, l’étude conduite par Towards Maturity révèle qu’en 2012, 25 % des organisations devraient déployer en complément des programmes e-Learning existant, le Mobile Learning à destination des cadres. Une aubaine pour ce marché qui devrait connaître une croissance importante consécutivement à la percée des tablettes et autres dispositifs mobiles.
« En 2011, la vente de tablette a dépassé la vente d’ordinateur et de poste fixe », confirme Ting-Yu Yang, Business Development Manager chez Certpoint Systems. En France, il semble néanmoins que l’usage de la tablette dans un cadre professionnel vise davantage à partager de l’information plutôt qu’à transmettre de la formation. Pour autant, selon Sally-Ann Moore, « l’essor des dispositifs mobiles et des tablettes devrait avoir dans les prochaines années un impact fort sur le marche? de l’apprentissage et des jeux sérieux ». Affaire à suivre donc…
Autre nouveauté qui tire son épingle du jeu, le Rapid Learning qui connaît l’une des plus forte croissance sur le marché du e-Learning. Dans un rapport récent, Bersin & Associates révélait, en effet, un taux de croissance annuel de 80 % du marché du e-Learning rapide.
Et dans les trois prochaines années, il semble que les perspectives de croissante du marché du Rapid Learning seront plus importantes que celles du e-Learning traditionnel. Une tendance que confirme l’Etude réalisée par Forrester Research auprès d’un panel de grandes entreprises mondiales parmi lesquelles 49 % comptaient 20 000 salariés ou plus.
Les résultats montrent que 24 % des contenus d’apprentissage des entreprises interrogées sont des contenus e-Learning rapide. Cette tendance s’expliquerait par le fait que le e-learning traditionnel est désormais perçu comme trop lent et trop coûteux, quand le Rapid Learning présente l’avantage d’être court et concis. Il s’agit, en effet, d’une formation en ligne que l’on peut produire rapidement et à moindre coût comme le confirme Sally-Ann Moore, « les outils en ligne sont pratiques, le Rapid Learning est comme son nom l’indique plus rapide, moins cher et surtout plus adapté à la durée d’attention des apprenants qui se réduit considérablement faute de temps. Avec le Rapid Learning, l’entreprise a la possibilité de diffuser des apprentissages clé plus efficacement grâce à des modules hautement engageants et qui durent de 5 à 10 minutes ».
L’apprentissage rapide serait donc promis à un bel avenir, notamment auprès des PME qui ne pouvaient jusqu’alors profiter des économies d’échelle offertes par le e-Learning.
Réflexion pédagogique avant tout
Mais attention qui dit rapid learning ne dit pas absence de réflexion pédagogique et moindre qualité des modules de formation. Nicolas Lozancic, Responsable e-Learning chez , , met en garde les fournisseurs de services et les entreprises en rappelant que « l’apprentissage rapide permet aux entreprises d’industrialiser la conception des modules de formation. A la clé, il y a une réduction du nombre d’intervenant, un moindre coût, une plus grande rapidité mais attention à ne pas négliger la dimension pédagogique. Cela ne sert à rien d’inonder le serveur de contenus e-learning si en amont l’entreprise n’a pas conduit une véritable réflexion qualitative sur la dimension pédagogique ».
Alors certes, les entreprises françaises tâtonnent encore au milieu de toutes ces nouvelles tendances issues du e-learning.
Néanmoins, quelques certitudes demeurent. A commencer par le fait que d’ici à 2015, presque toutes les solutions de formation proposées dans les entreprises seront consultables en ligne (source ASTD State of the Industry Report). Il pourra s’agir d’auto-apprentissage ou de Blended Learning, mais à vrai dire peu importe les outils e-Learning déployés.
Le défi pour les entreprises consiste aujourd’hui, à proposer une démarche de formation séduisante et par conséquent capable de susciter l’adhésion de l’ensemble des salariés grâce à un haut niveau de contenus pédagogique.
Emilie Vidaud
*UK Study of e-Learning and Management Development in Large UK Organisations – July 2011