Comment gérer le retour au sein de l’entreprise après une absence ? De façon informelle, quelle que soit la durée ? Ce n’est pas forcément la meilleure façon de réagir et toutes les absences, qu’elles soient courtes, longues ou exceptionnelles ne se valent pas. Des moyens existent pour faire face à toutes ces formes d’absentéisme et pour faciliter le retour au sein des équipes.
Panorama de l’absentéisme : secteurs les plus touchés et causes principales
Aujourd’hui, le taux d’absentéisme atteint en moyenne 4,5% dans les entreprises françaises. S’il concerne tous types d’entreprises, certains secteurs d’activités tels que la métallurgie, la chimie, la pétrochimie, ou encore le transport se détachent particulièrement. Des métiers physiques, des conditions de travail difficiles, un salaire bas expliquent en partie un absentéisme élevé. Mais les services ne sont pas épargnés avec, en tête, les call-centers connus pour leur turnover important et dont le taux d’absentéisme atteint parfois plus de 10%. La restauration, le tourisme, les banques ou encore les assurances ne sont pas en reste avec des taux pouvant atteindre jusqu’à 7 à 8 %.
En cause ? Tout d’abord, le tronc commun « pression au travail / quantité de travail / excès de fatigue / stress », complété depuis quelques années par des épiphénomènes liés aux situations personnelles complexes (séparation, garde d’enfants, difficultés financières etc.). Ces dernières, accentuées par les crises économiques successives, ont eu des effets néfastes sur l’absentéisme. Certains salariés ont en effet été obligés de prendre un deuxième emploi entraînant une fatigue excessive. D’autres rencontrent des difficultés liées aux transports : distance importante entre le domicile et le lieu de travail, incompatibilité horaires et durée au niveau des transports en commun, obligation d’utiliser le véhicule personnel… Tous ces éléments entraînent parfois un coût important pour le déplacement quotidien, auquel le salarié ne peut plus faire face en fin de mois, ce qui peut entraîner des absences.
La croissance et l’émergence des troubles musculo-squelettiques influent également sur le taux d’absentéisme. S’ils ne concernaient que les 40 ans et plus il y une quinzaine d’années, ils touchent aujourd’hui toutes les tranches d’âge, devenant une problématique quotidienne pour les entreprises.
Enfin l’augmentation de l’individualisme, observé tant au niveau de l’encadrement que des salariés, a directement impacté l’absentéisme, notamment chez les cadres dont le taux est en nette augmentation depuis 3 ans. Victimes de burn-out, ils déplorent le manque de reconnaissance, de solidarité et la disparition progressive du travail d’équipe.
- Pour aller plus loin : Tout savoir sur le burn-out en maladie professionnelle
Evaluer et comprendre son absentéisme
La diversité des emplois, des conditions de travail et surtout des salariés rendent l’évaluation et la compréhension de l’absentéisme très variables.
Il convient donc pour chaque entreprise de choisir les indicateurs pertinents, les tableaux de bord adéquats pour assurer le suivi de l’absentéisme et ainsi prendre les mesures appropriées: durée et fréquence des absences (souvent longues et peu fréquentes chez les seniors contre courtes et plus régulières chez les juniors), poids des absences (l’indicateur Bradford met notamment en évidence l’impact de la fréquence des arrêts sur l’organisation du travail), segmentation par âge et/ou par ancienneté, classes socio-professionnelles (distinguo ouvriers / employés / cadres), distance lieu d’habitation-lieu de travail, type de métier (en 3/8, 5/8, journée traditionnelle) encore type d’absence (maladie, accident).
Ces éléments permettent ainsi de travailler sur un plan d’actions en adéquation avec les problématiques de chaque entreprise.
Prévention et entretiens de ré-accueil : les outils à déployer
La contre-visite médicale a longtemps été considérée comme le seul outil pour lutter contre l’absentéisme bien que perçue comme répressive par la plupart des entreprises et salariés. Face à ce constat, une réflexion s’est amorcée pour trouver une nouvelle solution complémentaire, plus orientée sur la prévention. Remettre l’absentéisme dans le champ du management était la priorité, qui trouve sa réponse dans le développement d’entretiens de ré-accueil.
Au cœur d’une formation managériale, il s’agit de savoir accueillir le salarié revenu d’un arrêt de travail en favorisant une reprise dans les meilleures conditions physiques et psychologiques mais aussi de prévenir d’éventuelles suites (prolongation, rechute, aggravation de la situation, …). Il existe cinq catégories d’entretiens de ré-accueil : l’informel au poste de travail, le formel après une absence moyenne et longue durée (15 jours consécutifs), le formel après un accident de travail suivi d’un arrêt et enfin le formel après des absences répétées (à partir de la 3e absence sur 12 mois glissant). Dans 97% des cas, l’objectif prioritaire est d’assurer un retour au travail dans les meilleures conditions. Dans les 3% restants, il s’agit d’échanger avec le collaborateur sur ses absences pour comprendre ses raisons afin de l’aider si besoin, de l’orienter vers une relation d’aide ou tout simplement de lui faire prendre conscience d’une situation qui impacte lourdement leurs collègues de travail. Néanmoins, il est nécessaire de souligner que les entretiens de ré-accueil s’inscrivent parfois dans un changement profond du management de l’entreprise avec la mise en évidence du caractère indispensable du relationnel. Dans ces cas, il est parfois nécessaire d’analyser le contexte à la source, ce qui peut se faire par le biais d’un audit qui permettra de préciser le plan d’action.
Véritable problématique aujourd’hui, le taux d’absentéisme n’est pas une donnée à prendre à la légère et nécessite donc un véritable encadrement. Il est même devenu un critère vérifié par les potentiels acheteurs d’une entreprise qui se basent désormais sur le taux moyen français pour négocier le prix de la transaction.
Denis Fourrier,
Responsable du pôle Formation/Absentéisme chez Securex