Le troll est un petit être semi mythique qui a fait son apparition sur le net et qui pose un certain nombre de problèmes dans la gestion des communautés, des réseaux sociaux. Jusqu’à quel niveau un groupe apprenant peut-il accepter la présence d’un troll dont la seule vocation est de déranger, de critiquer, de déstabiliser le groupe ? Autrement dit, c’est bien beau de parler de tout ce qui est peer-to-peer, collaboratif, open learning, crowdsourcing mais encore faut-il que ces foules intelligentes soient réellement intelligentes.
Alors troll or not troll ?
Le troll est un être qui est issu essentiellement du gaming, avec une reprise approximative des mythologies nordiques. C’est un lutin malin qui prend un malin plaisir à critiquer, déstabiliser, voir même insulter les acteurs du net. Son rôle est celui du grain de sable, celui de l’empêcheur de tourner en rond, le fou du roi et ce qui est terrible c’est qu’il est particulièrement difficile d’identifier un troll avant qu’il trolle, et quand il trolle, il oblige à réguler, prendre une posture du gendarme, ce qui n’est pas facile dans la culture web.
Mais qui sont donc ces Trolls ? Qui sont ces individus dans le seul but est d’embêter les autres, et le pire c’est qu’ils sont fiers de ce qu’ils font ? Une culture troll s’est construit avec des faits d’armes, avec des valeurs : détruire, détruire il restera toujours quelque chose. Soit on considère qu’il s’agit là d’un comportement pathologique, d’un pervers, psychopathe nuisible comme des criquets qui ravagent des récoltes ; soit, on considère qu’ils appartiennent, comme les criquets, à la pyramide des espèces et qu’ils ont un rôle dans l’ensemble du système, comme un élément moteur de transparence, d’honnêteté, de vérité. Le monde se dit bienveillant, il se dit attentif à l’autre, l’empire du bien, l’empire de la bien-pensance et le troll se dit nécessaire pour valider le bien-fondé. Le troll a une fonction sociale de maïeutique, de découvreur de vérité.
La difficulté, c’est que si tout le monde devient troll, nous avons le syndrome du passager clandestin, si tous les passagers sont clandestins, le bateau ne prendra pas le départ et on ne va nulle part. Mais comme le fou du roi ne fait pas le roi, le roi s’inspire des positions du fou pour nourrir sa réflexion et prendre une distance avec les réalités qu’on lui propose. Le Figaro-Magazine annonce avoir 15 000 messages par jour dans ces espaces collaboratifs, il s’agit pour un troll d’un parc de distraction massive où tout est prétexte à activité et bien évidemment les organisateurs de forum préféreraient avoir des bien-pensants, des gens qualifiés, calibrés plutôt que d’avoir des trolls. Or, le troll fait aussi parti les communautés faute de changer les foules intelligentes, il faudra composer car à force de s’entourer de professionnels de la profession de gens qui pensent la bien-pensance, on finit par ne plus être en adéquation avec le monde et le besoin de troll sera là. Le social learning doit être troller pour nous rappeler que l’ivresse notre savoir n’est toujours pas une réalité. Dure réalité à moins que ce soit un troll…
Stéphane DIEBOLD