Le nombre relatif aux emplois vacants a nettement augmenté depuis la crise sanitaire. Et si les offres à pourvoir semblent au rendez-vous de manière générale, les candidats manquent à l’appel. Aujourd’hui, on dénombre 372 100 jobs disponibles en France. Que cela dit des tensions de recrutement en 2022 et comment combler le besoin en recrutement à l’aube de 2023 ? Explications dans cet article.
Les emplois vacants, c’est quoi ?
Il s’agit de ces postes à pourvoir, des emplois libres, récemment créés ou demeurant inoccupés. Ce sont aussi des jobs sur le point de se libérer : il s’agit pour l’entreprise de prendre de l’avance en activant les démarches nécessaires pour trouver le candidat idéal.
Cela peut concerner les contrats en CDI, en CDD, des contrats saisonniers ou même de courte durée.
Avec le déconfinement, plusieurs employeurs ont pu déplorer des difficultés à recruter, notamment dans la restauration.
Les chiffres rapportés par la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES) le confirment. Le nombre relatif aux emplois vacants sur le territoire français progresse.
Actuellement, on compte 372 100 jobs à pourvoir en France, ainsi que l’indique le service statistique.
Cette dernière publie des données trimestrielles selon les secteurs d’activité. Ainsi, elle s’attache notamment à déterminer le nombre des emplois occupés, leur taux, et le nombre de ceux qui demeurent disponibles.
Les données récoltées concernant les entreprises de 10 salariés ou plus dans le privé, en France métropolitaine et dans les Outremer hors Mayotte. En revanche, elles ne concernent pas l’agriculture, les particuliers employeurs, l’intérim et les postes publics. Ces données proviennent de l’enquête Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre (Acemo) trimestrielle pour les structures de 10 salariés ou plus. Les données relatives aux jobs occupés viennent des effectifs trimestriels publiés par l’Acoss (« excepté lors de l’estimation provisoire à T+45 jours où le chiffre du dernier trimestre est déterminé à partir des données d’emploi de l’enquête Acemo », rappelle la Dares).
Emplois vacants : les résultats du 3ème trimestre 2022
Entre le second et 3ème trimestre de l’année, le taux relatif aux emplois vacants est en augmentation dans certains domaines. C’est le cas de la construction et du tertiaire marchand (hausse de 0,1 point). Toutefois, ce taux est en diminution dans le secteur industriel (- 0,1). Les données restent stables pour le tertiaire non-marchand. En tout état de cause, le taux de postes vacants sur une année est en hausse dans l’ensemble des domaines d’activité. Ainsi, la Dares relève une hausse de 0,6 point dans la construction, de 0,5 pour le tertiaire marchand et une hausse de 0,3 pour le non marchand.
Concernant le nombre relatif aux emplois vacants défini à 372 100, il est en hausse de 3 % par rapport au trimestre dernier. On observe une augmentation dans le secteur du tertiaire marchant (+ 6 %) mais aussi de la construction (+ 4 %). En revanche, notons que le nombre de postes disponibles diminue dans le secteur de l’industrie (- 6 %) ainsi que dans le tertiaire non marchand (- 1 %).
De manière générale, on constate que depuis la situation d’avant crise sanitaire, ces postes vacants sont en nette augmentation (+ 76 % par rapport au 4ème trimestre de l’année 2019). On observe une hausse de 87 % dans le secteur de l’industrie, de 75 % pour le tertiaire marchand, de 74 % pour le non marchand et de 65 % dans le domaine de la construction.
Au 3ème trimestre 2022, 50 % des postes déclarés vacants correspondent à ceux qui demeurent inoccupés, 25 % correspondent à ceux nouvellement créés et 21 % à ceux encore occupés mais bientôt disponibles.
Concernant le reste des jobs disponibles, le type ne serait pas renseigné. Par rapport au second trimestre de l’année 2022, la part des postes disponibles nouvellement créés est en baisse d’1 point, “au profit de la part des emplois dont le type n’est pas renseigné (+ 1 point)”, note le service statistique.
Faire face aux tensions de recrutement en 2023
On le sait désormais, plusieurs secteurs comme la restauration, l’hôtellerie, l’industrie, le service à la personne ou encore le BTP ont été confrontés en 2022 à certaines tensions relatives à l’embauche de nouveaux talents.
En outre, bien que les offres d’emploi abondent (le dernier baromètre Adecco Analytics fait état de plus de 10 millions d’offres) et que les fonctions disponibles semblent en augmentation de manière générale, ces difficultés à l’embauche dans certains domaines peuvent s’expliquer. Une étude de la Dares en septembre 2021 mettait déjà en exergue deux raisons pouvant justifier ces tensions.
En premier lieu, un manque d’attractivité concernant les métiers moins qualifiés. D’autant plus que la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber les interrogations des talents autour de leur réorientation vers un métier leur permettant de trouver de meilleures conditions de travail. Mais aussi un juste équilibre vie professionnelle vie personnelle dans une logique de QVCT.
En second lieu, un déséquilibre entre l’offre et la demande relatif aux problèmes de compétences, de qualifications.
En outre, 71 % des employeurs interrogés pour l’enquête Conditions de travail 2019 signalaient éprouver des difficultés à recruter sur des emplois vacants au cours de l’année écoulée. Ces problèmes avaient été surtout attribués à une pénurie de personnel dit qualifié mais aussi aux conditions de travail : “Les horaires atypiques ou imprévisibles ainsi que la difficulté à pouvoir faire un travail de qualité sont parmi les expositions professionnelles les plus associées aux difficultés de recrutement.”
Par ailleurs, on notait davantage de difficultés en la matière « en cas d’exposition à des contraintes physiques et temporelles” mais aussi à des risques psychosociaux en entreprise.
A cet égard, la Dares a exprimé le souhait de poursuivre son étude concernant le vécu du travail pendant la crise sanitaire lors d’une deuxième édition de l’enquête “TraCov 2” qui sera lancée début 2023. L’enquête de 2021 avait mis en lumière d’importantes dégradations de la santé des travailleurs durant la crise.
Face à ces tensions, les entreprises doivent d’autant plus se démarquer pour attirer les candidats en adoptant une posture stratégique liée aux enjeux QVCT.
Angèle Linares