Eric WOERTH, ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique, a annoncé le lancement (le 19 avril) de la campagne de communication pour renforcer la mobilisation des entreprises en matière de lutte contre les troubles musculo-squelettiques (TMS), première cause de maladie professionnelle en France. Cette campagne de communication, dont la signature est « Mettre fin aux troubles musculo-squelettiques dans votre entreprise, c’est possible », appelle les professionnels à passer à l’action en engageant des démarches de prévention.
Directement liés à des conditions de travail qui n’intègrent pas assez les principes de prévention en amont, les TMS se traduisent par des douleurs qui peuvent devenir invalidantes et conduire à des incapacités de travail. Selon les données de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, un total de 8,4 millions de journées de travail sont perdues chaque année à cause des TMS, qui génèrent 847 millions d’euros de frais par an.
Enjeu économique et social majeur, la prévention des risques de TMS est l’une des principales cibles du deuxième Plan santé au travail (2010-2014). Dans le cadre de son déploiement, Eric WOERTH s’est notamment donné pour ambition de diminuer le risque d’exposition aux TMS pour les salariés.
La prévention des TMS ne peut être réalisée que dans le cadre d’un projet impliquant les différents acteurs de l’entreprise (dirigeant, médecin du travail, infirmière du travail, responsable qualité, membres du CHSCT, délégués du personnel, salariés…). Il est fortement recommandé d’associer une ou plusieurs personnes compétentes en ergonomie au groupe de travail constitué. Si l’entreprise ne dispose pas de ces compétences en interne, elle peut s’appuyer sur l’expérience de partenaires extérieurs (CRAM, réseau des Aract (Agences Régionales pour l’Amélioration des Conditions de Travail), services de santé au travail, consultants privés spécialisés en ergonomie…).
Les TMS regroupent un grand nombre de maladies chroniques affectant les muscles, les tendons et les nerfs au niveau des articulations des membres supérieurs (épaules, coudes, poignets-mains), et inférieurs (genoux, chevilles). Ils se caractérisent par des douleurs et des gênes lors des mouvements qui peuvent devenir très handicapantes et avoir des répercussions importantes sur la vie professionnelle et privée des personnes atteintes. Certaines de ces pathologies sont reconnues comme maladies professionnelles et peuvent donc faire l’objet d’une indemnisation.
Les TMS sont dus à divers facteurs de risque parmi lesquels les facteurs professionnels occupent une place importante. Ils concernent la forte répétitivité des gestes, les efforts excessifs, les postures inconfortables ou maintenues durant de longues périodes. Ils sont aussi liés à l’organisation du travail et à la perception négative du contexte de travail, par exemple le manque de soutien, l’état de stress lié au travail… Certains facteurs individuels tels que le vieillissement, des antécédents de fracture ou de diabète peuvent également intervenir dans la survenue des TMS.
Les TMS constituent actuellement les pathologies professionnelles de loin les plus répandues dans les pays industrialisés. En France, ils représentent plus de 70% des maladies professionnelles reconnues. En 2006, plus de 32 000 nouveaux cas ont fait l’objet d’une prise en charge par la Sécurité sociale. Le problème des TMS n’est pas nouveau, on le décrivait déjà au XIXe siècle. Leur augmentation actuelle s’explique notamment par des changements dans l’organisation du travail. Ainsi, le juste-à-temps, le flux tendu ou stock zéro peuvent être à l’origine d’une pression temporelle accrue, de stress chronique et d’une augmentation de la pénibilité physique.
L’agroalimentaire, la métallurgie, la construction automobile et le BTP concentrent la majorité des cas de TMS. Mais aucun secteur d’activité n’est épargné. Le risque apparaît aussi dans les activités de service comme la bureautique ou les services aux personnes.
Les conséquences des TMS pour les entreprises sont loin d’être négligeables. Ils peuvent représenter un coût financier important. A titre d’exemple, le coût moyen (soins + indemnisations) d’un TMS de l’épaule a été évalué en 2002 à 26 300€ (source CNAMTS). Les TMS peuvent également entraîner une baisse de performance pour l’entreprise (diminution de la productivité, de la qualité,…) et avoir un impact majeur en matière d’absentéisme et de turn-over. En 2006, les TMS indemnisés ont engendré la perte de 7 millions de journées de travail et 710 millions € de frais couverts par les cotisations des entreprises.
Un TMS est reconnu d’origine professionnelle s’il figure dans un des tableaux de maladies professionnelles (tableaux n° 57, 69, 79, 97 ou 98 pour les salariés du régime général ; tableau n° 29, 39, 57 ou 57bis pour les salariés et les exploitants du régime agricole).Il appartient au travailleur (ou à ses ayants-droits) de faire lui-même la demande de reconnaissance auprès de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) ou la caisse de Mutualité sociale agricole (MSA) dont il dépend. Cette demande doit être accompagnée d’un certificat médical rédigé par un médecin choisi par le travailleur. Dans tous les cas, le médecin du travail constitue un interlocuteur privilégié pour obtenir des éléments d’information complémentaires.
Enfin, il faut savoir que de nombreuses brochures de sensibilisation, d’études et d’outils méthodologiques suivant les profils et les secteurs d’activités existent et sont mis à disposition des entreprises. Ceux-ci ont été élaborés par des experts des risques professionnels des organismes de prévention de France ( CNAMTS, MSA, ANACT, OPPBTP…), en vue de vous aider à diagnostiquer la situation dans votre entreprise et à trouver des solutions de prévention durable des TMS.
Nadia Rakib