Faut-il davantage craindre le départ d’un salarié depuis la crise sanitaire ? Selon la Dares, davantage de salariés du privé ont changé d’entreprise en 2022, comparativement à la période de crise sanitaire survenue en 2020, « pendant laquelle ils ont fait preuve d’une plus grande stabilité. »
À l’heure où le conscious quitting (démission consciente) fait de plus en plus parler de lui, revenons sur les motifs de départ de ces employés. Car on le sait : la crise sanitaire a fortement influé sur les attentes des travailleurs et notamment sur la nécessité de donner du sens au travail, même si cette quête de sens existait déjà bien avant.
Mais avant, petit retour d’horizon sur les chiffres avancés par le service statistique du ministère du Travail dans son rapport.
Plus que jamais, les salariés quittent le navire ?
Les collaborateurs issus du privé ont été plus nombreux à quitter leur organisation en 2022 qu’avant la Covid-19, rapporte le service statistique du ministère du Travail. Et en France, la forte reprise de l’emploi depuis la mi-2021 s’accompagne de difficultés de recrutement « historiquement élevées ».
D’après l’enquête Emploi rapportée par la Dares, si 81,2 % des personnes travaillant dans le secteur privé en 2021 se trouvent dans la même structure un an plus tard en 2022, c’est tout de même 1,8 point de moins que la part équivalente des collaborateurs de 2018.
En outre, 9,7 % des collaborateurs de 2021 ont changé de job pour une entreprise du secteur privé, soit 2,4 points de plus que ceux de 2018. D’autres personnes sont devenues indépendantes (0,9 %) ou travaillent dans le secteur public (0,7 %). Si les chiffres demeurent relativement faibles, on note tout de même une légère évolution par rapport à l’avant-crise.
Chez la grande majorité des secteurs d’activité, la stabilité des employés au sein des entreprises a diminué entre les années 2018 et 2021. Les secteurs dont cette stabilité a le plus pâti sont ceux des industries agroalimentaires (‑2,7 pts), mais aussi des services privés non marchands (‑2,7 pts) qui comprennent notamment l’action sociale, la santé, et de l’hébergement‑restauration (‑2,2 pts).
« Seuls les salariés des services financiers n’ont pas modifié leur propension à rester dans leur entreprise », explique la Dares.
Zoom sur les motifs de départ d’un salarié
Si l’amélioration des conditions de travail étroitement liées aux enjeux QVCT et une meilleure rémunération entrent en jeu, d’autres souhaitent complètement changer de métier, de secteur ou d’employeur. Et ce ne sont pas les seuls motifs de départ d’un salarié, comme en atteste le tableau ci-dessous. Certaines personnes souhaitent par exemple trouver un emploi qu’ils considèrent plus intéressants pour eux. De manière intéressante, on observe aussi que le risque de perte de l’emploi actuel influe sur la propension au départ d’un salarié.
En bref, voici un panel des motivations des travailleurs du secteur privé qui affirment vouloir trouver un nouveau job (en 2021 et 2022) selon la Dares.
Motivations liées au départ d’un salarié – illustration issue de la Dares
Le service statistique rappelle que la crise sanitaire a aussi pu inciter les collaborateurs à chercher un emploi où ils auraient de meilleures conditions de travail et une meilleure santé financière au travail, avec des rémunérations plus élevées. Mais la quête de sens et d’un environnement professionnel plus intéressant semblent aussi en cause.
Départ du salarié : les catégories socioéconomiques concernées
Mais quelles sont les populations de salariés concernées par un départ de l’entreprise ?
Entre les années 2018-2022, la mobilité a augmenté pour toutes les catégories sociodémographiques. Cette diminution est un peu plus marquée pour les hommes (- 2,2 points) que pour les femmes (- 1,4 points) mais les contreparties diffèrent. Les hommes auraient ici une plus grande propension à devenir indépendants et les femmes à changer d’entreprise en restant dans le privé.
Si les mobilités ont augmenté pour toutes les classes d’âge, c’est notamment le cas des 25-24 ans.
L’évolution est la même pour les moins de 25 ans, principalement concernés par l’alternance : les jeunes de 2021 demeurent davantage dans l’emploi salarié privé que ceux de 2018, mais avec une plus grande propension à changer non seulement d’entreprise mais aussi de secteur d’activité (+2,7 points). Les salariés de 25 à 49 ans, qui représentent près de deux salariés sur trois en 2018, ont un comportement similaire à celui de l’ensemble des salariés. La stabilité dans l’entreprise des salariés de 50 ans ou plus a moins baissé que celle des autres salariés (‑0,7 point).
Des indicateurs intéressants, à l’heure où les attentes des jeunes salariés entrent de plus en plus en ligne de compte, mais tout profil de salarié est concerné par un départ, dès lors que son job ne correspond pas (plus) à ses aspirations, ses besoins d’évolution, ses valeurs, etc. L’occasion de revoir sa stratégie pour fidéliser les collaborateurs et éviter un départ peut-être précipité.
Pour en savoir plus, consultez la publication de la Dares :
« Davantage de salariés ont changé d’entreprise en 2022 qu’avant la crise sanitaire »