Le rapport de la Dares et de France Stratégie portant sur les métiers de 2030 a pour but d’anticiper les besoins de recrutement des employeurs entre l’année 2019 et l’année 2030 pour divers métiers.
Il vient également fournir un éclairage sur un risque de déséquilibres entre les besoins d’embauche et le nombre de jeunes travailleurs entrant sur le marché dans chaque métier. Autant d’éléments susceptibles de nous éclairer dans une logique de futur du travail.
La Dares et France Stratégie ont publié les résultats nationaux (mars 2022) avec une déclinaison régionale (janvier 2023). Désormais, une datavisualisation permet de consulter les principales données de ces rapports.
Dans cet article, on fait le point sur la synthèse du rapport publié par France Stratégie et la Dares.
Métiers en 2030 : des déséquilibres à pallier, alerte la Dares
À l’instar de la projection nationale, au niveau régional, les besoins en recrutement résultent de la dynamique des activités, indiquent la Dares et France Stratégie.
Cette dynamique crée de nouveaux postes pour certains métiers et en détruit pour d’autres. S’y ajoutent les remplacements occasionnés par les départs en fin de carrière. Les besoins de recrutement sont confrontés, pour chaque métier et chaque région, aux flux de jeunes débutants sur le marché du travail, ce qui permet d’identifier les recrutements qui deviendraient potentiellement plus difficiles.
Si la dynamique de l’emploi est inégale entre les régions, elle pèserait moins dans les besoins d’embauche anticipés que pour les départs de fin de carrière, à l’instar du niveau national. Ces départs de fin de carrière qui concernent les “baby boomers” seront, selon ce rapport, “en partie comblés par les jeunes débutant dans l’emploi, qui sont particulièrement présents en Île-de-France et en Hauts-de-France.”
Toutefois, le rapport de France Stratégie et de la Dares sur les métiers de 2030 indique que quelque soit le territoire, les nouveaux arrivants sur le marché seraient globalement moins nombreux que les personnes seniors qui le quittent définitivement. Ce qui devrait se traduire, dans la prochaine décennie, par un “déséquilibre particulièrement marqué dans les métiers où la part des seniors est élevée (conducteurs de véhicules) ou pour ceux qui sont très dynamiques en termes d’emploi (cadres commerciaux et technico-commerciaux”.
Selon cette publication rapportée par la Dares, les difficultés potentielles seront atténuées ou accentuées par les migrations inter-régionales des personnes qui libèreront un poste au niveau régional pour travailler à un autre poste dans une autre région. Les régions dites côtières seraient particulièrement attractives de ce point de vue et les travailleurs s’y installeront. Mais ces mobilités géographiques pourront tout de même renforcer les difficultés de recrutement pour les régions “marquées par des départs nets”, notamment l’Île-de-France.
Pour autant, cela ne signifie pas que les postes vacants le resteront. Le rapport de la Dares et de France Stratégie sur les métiers de 2030 explique ici que pour réussir à équilibrer les besoins et les viviers de main-d’oeuvre, il va falloir recruter :
- Des personnes qui exercent une autre profession ;
- Des personnes en situation de chômage ;
- Des inactifs ;
- Des personnes immigrantes entrées sur le territoire au cours de la “période de projection”.
Ainsi, beaucoup de personnes accèdent au cours de leur carrière professionnelle à des emplois de qualification supérieure et changent de profession. Et la diminution du taux de chômage dans le scénario de référence correspondrait à 450 000 personnes qui devraient retrouver un job et contribuer à pallier les déséquilibres susmentionnés.
Des tensions de recrutement au niveau régional
Si 5 % des besoins d’embauche ne sont pas pourvus immédiatement par les jeunes qui entrent dans le monde professionnel à horizon 2030 au niveau national, qu’en est-il du niveau régional ? Si les nécessités d’embauche restent alimentées, quelle que soit la région, le niveau des postes susceptibles d’être non-pourvus diverge selon ce paramètre.
En effet, le rapport de la Dares et de France Stratégie portant sur les métiers de 2030 explique que si l’Ouest et le Sud sont dynamiques d’un point de vue emploi, moins de jeunes débutants viennent y travailler que par rapport à la moyenne nationale. L’île-de-France se démarque par une très forte attractivité pour ce type de population.
Les déséquilibres entre les besoins et les viviers de main-d’œuvre anticipés donnent également à voir l’évolution probable des tensions de recrutement. Ils permettent ainsi d’identifier les territoires du Sud et de l’Ouest dont le marché du travail est déjà très tendu et qui pourraient être confrontées à des difficultés de recrutement accrues d’ici 2030.
Notons que l’Île-de-France serait moins attractive pour les travailleurs déjà en poste tandis que cette région est très prisée des jeunes générations. Mais qu’en est-il des autres ?
Le rapport de France Stratégie et la Dares portant sur les métiers de 2030 au niveau régional indique qu’entre 6 et 9 % des emplois à pourvoir d’ici l’année 2030 ne le seraient pas par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants au Sud-Ouest du pays et en Auvergne-Rhône-Alpes. Un phénomène qui peut s’expliquer par une dynamique d’emploi plus marquée qu’au niveau national.
Les régions de l’Ouest et celles du Sud pourraient ainsi connaître des pénuries de main-d’œuvre alors que les régions intérieures et l’Île-de-France présentent d’autres déséquilibres. Les tensions de recrutement à venir se concentrent donc dans le Sud et l’Ouest.
- Il est possible de datavisualiser ce rapport selon des régions spécifiques en France pour comprendre (et anticiper) les futures difficultés d’embauche d’un point de vue régional et penser le futur du travail d’ici à 2030.
Selon cette publication rapportée par la Dares, ce panorama des métiers de 2030 au niveau régional doit permettre de mieux accompagner les décideurs locaux et nationaux dans le déploiement de leurs politiques d’emploi, d’orientation, d’enseignement. En outre, en repérant les potentiels déficits de main-d’œuvre, cette publication invite également à déployer les actions nécessaires au préalable afin d’éviter des pénuries qui pourraient freiner la croissance.
Pour en savoir plus, voir le dossier Les métiers en 2030 – quelles perspectives de recrutement en région et au niveau national ?