Pass Pour l’Emploi de Société Générale fêtait ses cinq ans le 21 mars 2013 en lançant Handiclub Emploi, un cercle de réflexion sur l’emploi et la formation des personnes handicapées. Un débat réunissant entreprises, associations et parlementaires a été ouvert à cette occasion, avec notamment au cœur des échanges les freins à l’insertion professionnelle de ce public et l’énorme enjeu que représente la mise en œuvre du cadre réglementaire en France.
2000 à 2500 candidats en situation de handicap fréquentent chaque année Pass Pour l’Emploi de Société Générale et une quarantaine d’entreprises y maintiennent leur présence depuis sa création. « Nous avons souhaité apporter une dimension supplémentaire à l’édition 2013 car les entreprises n’arrivent pas à pourvoir certains postes, cela nous interpelle », explique Richard Ozwald, directeur diversité et mission handicap chez Société Générale.
Les parlementaires présentes, Isabelle Debré, sénatrice et co-auteure du Rapport parlementaire sur la mise en œuvre de la loi de 2005, Martine Carrillon-Couvreur, députée et vice-présidente de la Commission des affaires sociales, présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées et Marie-Anne Montchamp, ancienne ministre et présidente de l’agence Entreprises & Handicap, ont exprimé leur volonté de faire évoluer le cadre réglementaire en France. Et pour cela, comme le précise Valérie Paparelle, directrice générale adjointe en charge du pôle développement de l’ADAPT, de commencer par « faire appliquer la loi, de la manière la plus performante possible ».
Le taux de chômage des travailleurs handicapés (20% contre 10% pour l’ensemble de la population active) traduit la persistance des difficultés d’insertion et du maintien dans l’emploi de ce public. Surtout dans les PME. « Ces dernières cumulent en effet difficultés structurelles (elles n’ont pas forcément les postes leur permettant de maintenir dans l’emploi un salarié handicapé) et difficultés d’information (il n’existe pas encore de guichet unique pour les entreprises, elles sont donc confrontées à une multiplicité d’interlocuteurs) », explique Mme Paparelle.
Transformer des débuts de solutions en mesures générales
La lutte contre le manque de qualification, principal obstacle à l’accès et au maintien dans l’emploi, est la pierre angulaire de plusieurs initiatives d’entreprises et associations vis-à-vis des jeunes handicapés. « Pourquoi ne pas faire de ces débuts de solutions des mesures générales ? », interroge Richard Ozwald. Pourquoi en effet limiter au réseau ARPEJEH (Accompagner la Réalisation des Projets d’Etudes de Jeunes Elèves et Etudiants Handicapés) les actions en faveur des collégiens de 3e « alors qu’elles pourraient être traduites en mesures vis-à-vis de l’Éducation Nationale, voire également au niveau des organisations patronales ? » suggère-t-il.
Les actions de HandiFormaBanques sont un autre exemple de dispositif que les pouvoirs publics pourraient étendre à tous les métiers.
« Les entreprises recrutent souvent à Bac+2, or ces jeunes arrêtent souvent leurs études au Bac. On décide donc de les embaucher à niveau Bac et de les former en alternance pour qu’ils atteignent un Bac+2. Ce dispositif a généré plus de 400 CDI en quatre ans », poursuit M. Ozwald. Pallier le risque de rupture du parcours scolaire passe également par une orientation adaptée.
C’est pourquoi, autre initiative isolée, l’académie de Toulouse, en partenariat avec des entreprises, a mis en œuvre un dispositif d’accompagnement des collégiens pour leur permettre d’élaborer un projet professionnel et ce faisant, de choisir une orientation en adéquation avec celui-ci. S’inspirer de ces actions pour en faire des mesures générales permettrait en outre d’aider les personnes handicapées, jeunes et moins jeunes, ainsi que leurs familles, à se rendre compte des possibles en matière d’apprentissage et d’accès à l’emploi et ainsi à vaincre l’autocensure, autre frein à leur insertion professionnelle.
Avec Handiclub Emploi, rendez-vous est donné entre les parlementaires et les grandes entreprises, trois à quatre fois dans l’année pour que les pistes de réflexion nées lors de ce débat ne restent pas lettre morte. Car, sur le sujet de l’insertion professionnelle des personnes handicapées, comme le souligne Richard Ozwald en conclusion : « On a beaucoup communiqué, il est grand temps de passer à autre chose. Les entreprises prennent conscience qu’elles ont un rôle à jouer dans la formation initiale.
Nous assumons ce rôle, nous entendons le jouer. Le Gouvernement quant à lui réfléchit à un statut d’accompagnant de la personne handicapée du collège jusqu’à l’emploi ».
Sophie Girardeau