En France, on compte environ 230.000 femmes victimes de violences en 2021, une violation extrême des droits de l’Homme. Plus alarmant encore, une étude menée sur les lieux de travail par l’OIT (l’Organisation Internationale du Travail) indique que 30 % des femmes sont victimes de harcèlement sexuel au travail. Les affaires fortement médiatisées comme la Ligue du Lol ou celle d’une chaîne de fast food ont remis ce sujet dans le débat public. Quelles sont les démarches pour les employeurs qui souhaitent s’engager contre le harcèlement des femmes en entreprise et améliorer ainsi leur QVCT ?
Se rendre compte de l’ampleur des violences faites aux femmes en entreprise
L’étude menée par l’INED (l’Institut national d’études démographiques, mars 2020) souligne qu’une femme sur cinq ayant exercé une activité professionnelle d’au moins 4 mois déclare des faits de violences, d’insultes, d’atteintes sexuelles, d’agressions physiques ou encore des pressions psychologiques.
De toute évidence, le harcèlement des femmes en entreprise reste une réalité et les employeurs et RH se doivent de venir en aide aux salariées. S’il n’est pas encore possible d’éradiquer les violences faites aux femmes au travail, l’accompagnement des victimes est primordial. Les représentants du personnel sont particulièrement concernés puisqu’ils sont chargés d’accompagner les victimes face à l’employeur dans ce cas.
Face à ces chiffres alarmants, quels sont les dispositifs à mettre en place pour s’engager à venir en aide aux femmes victimes de harcèlement sexuel au travail ?
Mettre en place une politique d’entreprise contre le harcèlement des femmes en entreprise
Lorsqu’un cas de violence psychologique ou physique est repéré, il n’existe à ce jour aucune démarche institutionnalisée permettant aux entreprises de le prendre en charge. La mise en place d’une politique RH contre le harcèlement sexuel au travail permet de réagir de manière plus efficace et rapide face à une situation extrêmement délicate pour l’entreprise et les salariés.
De nombreux acteurs de l’entreprise peuvent entrer en jeu en étant formés et sensibilisés comme les assistantes sociales, les managers, les représentants du personnel ou les partenaires sociaux et bien entendu la médecine du travail. Il est donc nécessaire d’informer les salariés pour mieux lutter contre les violences faites aux femmes au travail :
- Mettre à disposition un soutien d’urgence (numéro de téléphone ou mail dédié) ou mettre en place un canal de communication dédié sur le réseau interne.
- Diffuser des affiches de sensibilisation et de conseil sur la démarche à suivre face aux violences faites aux femmes : numéros utiles, étapes à suivre, etc.
- Désigner des référents en matière formés à la prévention du harcèlement sexuel au travail ainsi qu’aux démarches administratives.
- Sensibiliser les managers et les équipes RH par un partenariat avec une association spécialisée.
- Prévoir des rappels tout au long de l’année pour soutenir les collaborateurs touchés et renforcer la prévention.
- Affirmer votre engagement contre les violences faites aux femmes en entreprise par l’écoute et l’ouverture d’un dialogue avec les victimes.
Les entreprises peuvent aujourd’hui se tourner vers des associations qui proposent différents projets d’accompagnement des employeurs et de mise en place des bonnes pratiques à adopter. Par exemple, la FNSF propose des outils aux employeurs et un réel support pédagogique permettant de s’y référer en cas de besoin. Elle soutient la création d’outils de communication interne et des informations sur les ressources locales en matière de violences faites aux femmes.
Enfin, qu’en est-il de la part de responsabilité morale et financière du harcèlement sexuel au travail ? La CGT, CARE France et ActionAid France prônent la prise en charge par l’employeur des frais de justices, médicaux, sanitaires et psychologiques liés aux violences sexistes et sexuelles commises dans le cadre du travail.
Briser le tabou du harcèlement sexuel au travail
L’étude de l’OIT indique que 70 % des victimes de violences au travail déclarent n’en avoir jamais parlé à leur employeur. Par ailleurs, 40 % des interrogés estiment que l’issue de la situation s’est jouée en leur défaveur par une mobilité forcée, voire un licenciement. Un employeur déterminé à lutter contre les violences faites aux femmes en entreprise doit d’abord écouter les victimes de harcèlement sexuel au travail. Ce retour précieux offre non seulement une aide à celles qui en souffrent, mais révèle aussi les points faibles ou situations à risque auxquelles l’employeur pourra s’attaquer pour proposer une solution dans la durée.
Un plan d’action d’entreprise adapté aux violences peut venir renforcer d’autres politiques d’entreprise comme l’égalité hommes-femmes, la santé et la sécurité des salariés ainsi que les questions sociales.
Maï Trebuil