Attendue par certains, redoutée pour d’autres, la grève est un moment critique dans la vie d’une entreprise, son image et sa santé de manière générale peuvent être impactées. Synonyme de tensions, d’incertitudes aussi bien sur son déroulement que sa durée, la grève est symptomatique de la réalité d’une organisation et sa tournure dépend très largement de sa gestion par la direction, notamment la DRH, véritable porte-parole de la DG et des collaborateurs.
Si les négociations grévistes/direction/gouvernement varient d’un secteur, d’une entreprise à l’autre, il est indispensable pour les DRH de mettre en place une véritable stratégie assurant la continuité des activités de l’entreprise dans la mesure du possible et pourquoi pas, tirer profit de cette période charnière afin de créer du lien.
Reconnaître et appliquer le droit de grève et de non-grève :
Avant toute chose, il importe pour une entreprise de ne pas se montrer hermétique à la grève, il ne s’agit pas d’attendre que la tempête passe, mais d’accompagner aussi bien les grévistes que le reste des collaborateurs dans l’exercice de leur droit. Pour ce faire, il est essentiel d’appliquer les mesures du règlement de l’entreprise, du droit de grève et assurer la sécurité de toutes les parties au sein des locaux.
S’informer et Anticiper :
L’objectif de la DRH n’est pas d’apprendre ce qui se déroule en même temps que ses collaborateurs, mais d’anticiper aussi bien les différentes tournures que la grève serait susceptible de prendre et réaliser de manière lucide, en fonction des revendications présumées, un état des lieux sur les points négociables, non-négociables, ainsi que les différentes phases de négociations et potentielles tensions à venir. Un travail de veille s’impose donc, notamment lors d’une grève générale.
Communiquer en toute transparence :
Contrairement à ce que l’on puisse imaginer, une communication réussie ne se déroule pas uniquement entre DRH, IRPS et « grévistes », il y a également toute une fraction de l’organisation qui subit la grève et peut voir son sentiment d’appartenance à l’entreprise fragilisé si celle-ci ne prend pas les mesures nécessaires pour assurer les conditions de travail et un climat social favorable à cette cohabitation « grévistes/non-grévistes ».
Malheureusement, beaucoup d’entreprises cultivent les messages du « haut vers le bas », soit de la direction vers les collaborateurs, il est recommandé, au contraire de nouer, voire renouer le contact avec les collaborateurs et permettre le temps de quelques minutes, des questions réponses (anonymes), des sondages et veiller au maintien du climat de social et du bien-être des collaborateurs.
La digitalisation au service de la grève :
La DRH a tout intérêt à faire preuve de flexibilité, d’innovation pour renforcer l’efficacité des équipes et leurs liens. Cela passe par la mise en place du télétravail lorsque certains services le permettent, user de la digitalisation pour multiplier les outils collaboratifs et favoriser le travail d’équipe. Il s’agit parfois de réinventer l’organisation du travail en allant à l’essentiel, tout en favorisant les échanges.
Par digitalisation, certaines entreprises entendent investissement, besoin en formation, temps d’adaptation et résistance des équipes au changement. C’est pourtant une excellente occasion de tester de nouveaux outils, de nouveaux procédés en temps réel qui permettent une véritable prise de responsabilité et une meilleure transparence à tous les niveaux.
Quel que soit le mode de fonctionnement opté, il convient de souligner l’aspect « ponctuel » des actions mises en place, notamment en cas de télétravail et rappeler les règles de sécurité aussi bien en termes de confidentialité, sécurisation informatique, que sur le respect du temps de travail, l’interdiction de consommer de l’alcool durant les heures de travail et autres règles de sécurité. Le télétravail exige également un certain nombre d’outils (PC, connexion Internet haut débit, Logiciels anti-virus, accès divers de type : messagerie Outlook, login Cloud, outils de collaboration, casque ou écouteurs, etc.).
La grève : levier de la reconnaissance professionnelle ?
Aussi improbable que cela puisse paraître, une gestion positive et bienveillante de la grève pourrait s’avérer salvatrice en temps de crise, mais également favorable à la culture d’entreprise et le sentiment d’appartenance. C’est également l’occasion de challenger les managers dans la gestion de leurs équipes et encourager la prise d’initiative. Les entreprises non impactées par les grèves auraient tort de minimiser l’impact de celles-ci sur les conditions de travail de leurs propres collaborateurs. La multiplication des retards, les absences, possibles dommages subis ont des conséquences directes sur la vie de l’entreprise. C’est l’occasion de renforcer les liens et d’encourager la reconnaissance professionnelle des collaborateurs dont les conditions de travail peuvent être mises à rude épreuve.
Renforcer la culture d’entreprise :
Il est primordial de rappeler les valeurs de l’entreprise, souvent mises à mal en temps de grève. Il est plus que jamais important de rappeler les valeurs de l’entreprise, cela peut passer par des affiches, des discussions, des ateliers ou des cellules de crise lors desquelles, les collaborateurs peuvent faire part de leur ressenti, évoquer les problématiques liées à la répartition des tâches, surcharge de travail, relations entre les collaborateurs en temps de grève. La grève soulève également plusieurs questionnements, il est donc important de renforcer les messages de l’entreprise et répondre aux éventuels doutes qui peuvent s’installer au fur et à mesure.
Éviter l’inévitable ?
Bien que certaines entreprises ne soient pas touchées par les grèves, certaines telle que la grève des transports affectent indirectement (de façon indépendante de l’entreprise même), la qualité de travail des collaborateurs et leur efficacité. Dans ces cas, il est important de prioriser les tâches, former les managers au change management et la gestion de crise, anticiper les besoins clients et multiplier les canaux de communication inter-entreprise (chat, groupes, chaînes, etc.).
Finalement que l’on soit touché directement ou indirectement pas un mouvement de grève, les DRH ont tout intérêt à mettre en place et déployer un d’action et de communication extrêmement rigoureux.
Nihad H.C et Laurène Boussé