Déshumanisation. Perte de lien. Expérience glaciale.
Ces mots reviennent souvent lorsqu’on évoque l’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans le recrutement. Beaucoup redoutent que la technologie prenne le pas sur l’humain et dénature un processus qui repose, avant tout, sur la rencontre.
Et pourtant, la réalité est plus nuancée. Selon une étude récente, 51 % des candidats perçoivent les entreprises utilisant l’IA comme plus modernes et innovantes. Preuve que l’IA, loin de détruire l’expérience candidat, peut aussi la transformer positivement. La véritable question n’est donc pas : « IA ou expérience candidat ? », mais plutôt : comment tirer parti des bons outils pour attirer les meilleurs talents tout en sublimant leur expérience ?
C’est précisément le thème abordé lors d’un récent webinar animé par Emeric Kubiak, expert en gestion prédictive des talents, en partenariat avec AssessFirst.
L’IA conversationnelle : menace ou levier pour le recrutement ?
Lors du webinar, un sondage a révélé que 55 % des participants étaient favorables à l’usage de l’IA, mais uniquement en complément de l’évaluation humaine. Un chiffre qui illustre une tendance de fond : la technologie n’est pas vue comme un remplacement, mais comme un allié.
« Ce qui fonctionne, ce n’est pas le recruteur tout seul, ni l’IA toute seule, mais la combinaison des deux », souligne Emeric Kubiak.
Parmi les applications les plus prometteuses, l’IA conversationnelle occupe une place de choix. Déjà utilisée dans la santé ou la relation client, elle s’invite désormais dans le recrutement, notamment pour automatiser les préqualifications. En posant des questions, en analysant les réponses et en simulant un entretien structuré, elle permet de :
- gagner du temps sur les tâches répétitives,
- réduire les biais liés à l’évaluation humaine,
- et offrir une expérience standardisée à tous les candidats.
Un marché en pleine expansion : estimé à 11 milliards de dollars en 2024, il devrait quadrupler d’ici 2030.
Vers une expérience candidat plus juste et plus fluide
Les craintes liées à la « déshumanisation » du recrutement sont compréhensibles. Pourtant, plusieurs études citées lors du webinar montrent que l’IA peut réduire le stress des candidats.
« Beaucoup préfèrent passer un entretien avec une IA qu’avec un recruteur humain, parce qu’ils se sentent moins jugés », explique Kubiak.
Parmi les avantages mis en avant :
- La neutralité : l’IA se concentre sur le contenu des réponses, sans se laisser influencer par l’apparence, l’accent ou le charisme.
- La standardisation : chaque candidat reçoit les mêmes questions, posées de la même manière, ce qui améliore la comparabilité.
- L’accessibilité : les entretiens peuvent être passés à tout moment, offrant une flexibilité précieuse aux candidats.
Une statistique marquante illustre ce basculement : dans une étude menée sur plus de 70 000 entretiens automatisés, 78 % des candidats déclaraient préférer interagir avec une IA plutôt qu’avec un recruteur humain.
Redonner du temps aux recruteurs pour l’essentiel
Loin de « remplacer » l’humain, l’IA libère du temps pour réinvestir dans des interactions à plus forte valeur ajoutée. Comme le souligne un recruteur cité pendant le webinar :
« L’IA ne va pas réduire le nombre d’entretiens, mais elle change leur contenu. Je ne fais plus un entretien pour évaluer, mais pour engager. »
En d’autres termes, l’automatisation des étapes de préqualification permet aux recruteurs de se concentrer sur ce qu’aucune machine ne peut remplacer : présenter un projet, transmettre une vision, partager une culture d’entreprise.
L’IA, moteur d’une expérience candidat renouvelée
Alors, l’IA détruit-elle l’expérience candidat ? Les éléments partagés lors du webinar tendent à montrer l’inverse. Bien utilisée, elle permet :
- une évaluation plus équitable,
- une réduction des biais,
- une expérience plus fluide pour les candidats,
- et une meilleure adéquation entre profils et besoins des entreprises.
Mais la clé réside dans l’articulation entre l’humain et la technologie. Comme le rappelle Emeric Kubiak :
« La vraie question n’est pas de savoir si l’IA va remplacer le recruteur, mais si elle peut nous aider à mieux recruter. »
Et les candidats semblent déjà avoir répondu : une majorité considère que l’IA apporte plus d’objectivité et améliore leur expérience. Loin de détruire le lien, elle peut donc devenir un moteur pour renforcer la relation entre entreprises et talents.
Le débat reste ouvert, mais une chose est certaine : dans un contexte de forte compétition pour attirer les meilleurs profils, les organisations qui sauront combiner intelligemment IA et approche humaine auront une longueur d’avance.