En 10 ans, le Label Engagement Jeunes est devenu un marqueur de référence pour évaluer l’intégration des jeunes en entreprise. Chaque édition en dit un peu plus sur l’évolution des pratiques RH. Celle de 2025 confirme plusieurs tendances… tout en révélant de nouvelles tensions.
Une décennie d’amélioration continue pour les jeunes en entreprise
Depuis la création du label, les retours des jeunes interrogés montrent une progression constante sur la qualité de leur expérience. Recrutement, intégration, conditions de travail : tous ces indicateurs évoluent dans le bon sens.
Un constat positif donc, mais qui n’empêche pas de s’interroger : quelles sont les dynamiques à l’origine de ces progrès ? Et surtout, que révèlent-elles des attentes — et des contradictions — du monde professionnel.
Ce qui est frappant, c’est la montée en puissance d’une logique de structuration. Il y a dix ans, certaines entreprises accueillaient quelques alternants, de manière assez dispersée. Aujourd’hui, elles en intègrent parfois des centaines, voire des milliers. Cette massification a imposé une montée en compétence des services RH. Elle a aussi contribué à institutionnaliser les parcours jeunes, avec de vraies politiques d’accueil, d’intégration, de tutorat. Sans cet effet de volume, je ne suis pas sûr que les entreprises auraient engagé ces efforts à la même échelle.
Jeunes talents : des signaux faibles à prendre au sérieux
Malgré ces avancées, certaines évolutions doivent interpeller. Notamment la hausse spectaculaire du ressenti de pression chez les jeunes interrogés. En 2016, 23 % d’entre eux déclaraient ressentir une forte pression sur les résultats. Aujourd’hui, ils sont 82 % à exprimer ce sentiment. Un glissement préoccupant, surtout quand il concerne des profils encore en formation.
On voit émerger une exigence implicite : les jeunes doivent être opérationnels immédiatement. Certains recruteurs nous disent que leurs opérationnels souhaiteraient des alternants « déjà formés » à tel ou tel outil. Ce qui évidemment est impossible lorsqu’on débute. Il s’agit de profils en apprentissage dont l’attente est, précisément, d’être formés et de monter en compétence. Le fait qu’on attende d’eux une performance immédiate génère une pression inutile, voire contre-productive. Ce glissement est symptomatique d’une confusion : confier des missions exigeantes, oui. Mais encore faut-il qu’un cadre formateur et bienveillant existe en parallèle.

Source : Données du baromètre sur la satisfaction Label Engagement Jeunes
2022, une année charnière
Dans l’évolution des résultats, une année fait figure d’exception : 2022. C’est à cette période que la plupart des indicateurs atteignent leur niveau le plus élevé. Pourquoi ? Parce que la sortie du Covid a joué un rôle d’accélérateur. Les entreprises ont ainsi déployé des efforts particuliers pour maintenir le lien social malgré les contraintes du distanciel.
2022 a été une forme de pic. C’est l’année où les scores sont les plus hauts. Probablement parce qu’elle reflète une mobilisation exceptionnelle, liée au contexte. Les RH ont redoublé d’attention pour ne pas laisser les jeunes s’isoler. On a vu émerger des pratiques nouvelles : onboarding à distance structuré, animation de réseaux jeunes, implication des managers au quotidien. Ce n’est pas forcément durable, mais cela montre qu’en situation de crise, les entreprises peuvent faire preuve d’une grande capacité d’adaptation.
Des pratiques qui évoluent… et qui bousculent
Au fil des années, de nouveaux dispositifs se sont installés dans les organisations. Les jeunes ne sont plus uniquement formés à leur métier. Ils participent à des projets transverses, à des communautés internes, à des événements RH. L’enjeu : les immerger dans l’environnement de l’entreprise dès leur arrivée.
Mais cette dynamique comporte un revers. Car elle alourdit parfois leur charge mentale :
Ce que les jeunes nous disent, c’est qu’ils apprécient ces initiatives… tant qu’elles restent compatibles avec leur réalité. Participer à des projets prospectifs, travailler en réseau, être embarqué dans des hackathons : tout cela est formateur. Mais ça ne doit pas se faire au détriment de leur formation principale. Le rôle des tuteurs est clé pour créer un équilibre. Et là aussi, on note une évolution : la formation des tuteurs s’est beaucoup professionnalisée. On voit des modules en e-learning, des groupes d’échange de pratiques, des ateliers internes. Certaines entreprises, comme Siemens, ont même intégré ça à leur parcours managérial.
Palmarès 2025 du Label Engagement Jeunes
- AG2R La Mondiale
- Air France
- Allianz Trade
- Arkema
- Auchan Retail
- BASF
- CEA
- EDF
- GRDF
- Groupe ADP
- Groupe Altarea
- La Poste
- La Sécurité Sociale
- Malakoff-Humanis
- Manpower
- Nestlé
- Rexel
- Saint-Gobain
- Seqens
- Siemens
- SNCF
- Société Générale
- Sonepar
- SUEZ
- Veolia
- Volvo Group
Distinctions « Best in class »
- Meilleur tutorat : Orange
- Meilleure image : Safran
- Fierté d’appartenance : Airbus
- Meilleure politique RH : Swiss Life
- Meilleure culture d’entreprise : Schneider Electric
- Meilleures conditions de travail : AXA
- Meilleure expérience d’intégration : MAIF
- Meilleure expérience de recrutement : TotalEnergies
Meilleure évaluation globale
- Generali obtient la meilleure évaluation globale en 2025
À propos
Engagement Jeunes, qu’est-ce que c’est ? Cette plateforme s’adresse aux entreprises, aux écoles et universités ainsi qu’aux jeunes (étudiants et diplômés). Elle a pour vocation de faciliter l’employabilité des jeunes en permettant aux entreprises d’entretenir leurs viviers de talents et de partager leurs pépites avec un écosystème engagé. La plateforme est apparentée à la fois à un jobboard, un portail de services dédiés aux parcours des jeunes ou encore un moteur de suggestion de profils intéressants pour les recruteurs.