Dans un récent rapport trimestriel, la Dares indique que les difficultés de recrutement sont en baisse au 2e trimestre 2023, sauf pour le secteur de la construction, éprouvé par la pénurie de compétences. Ce même rapport indique encore que les salaires nominaux dépassent l’inflation de manière inédite depuis 2021, à l’heure où la santé financière des salariés demeure une préoccupation majeure, sinon prioritaire.
Les difficultés de recrutement sont en baisse, sauf dans le secteur de la construction
Les difficultés de recrutement connaissent désormais un certain repli après un pic atteint à la mi-2022.
Dans les branches industrielles, le repli de la proportion de structures déclarant être concernées par les difficultés d’embauche est très sensible dans la fabrication de matériel de transport (-11 points) et de biens d’équipement (-7 points). La Dares indique que pour les branches de service, l’hébergement-restauration connaît « le plus fort relâchement des tensions de recrutement » avec -15 points sur ce trimestre.
Mais si les difficultés de recrutement sont en baisse pour ces deux secteurs, elles restent élevées dans la construction. En cause ? Le manque de main-d’œuvre compétente. Ce facteur serait le principal motif des difficultés liées à l’embauche (45,5 % des entreprises interrogées sont concernées), bien qu’il soit en recul sur un an.
- Le phénomène n’est pas nouveau. Une analyse réalisée par The Adecco Group en 2021 soulignait déjà que ce secteur était l’un de ceux qui éprouvaient le plus de difficultés de recrutement avec 80 % d’entreprises du secteur peinant à recruter. Parmi les challenges majeurs du secteur, construire les compétences de demain : bien que ce secteur conserve une image dite traditionnelle, “il connaît des mutations profondes (les outils, les matériaux de fabrication, les façons de construire évoluent) qui impactent les ressources humaines et engendrent des besoins de formation”, indique l’étude. Cette dernière insiste également sur la nécessité d’accompagner la mutation liée aux innovations techniques et technologiques qui impactent les compétences et l’organisation de l’entreprise. Des compétences qui doivent également se renouveler à l’heure du développement des normes et réglementations liées au secteur.
Autre observation soulignée par la Dares : le taux d’emplois vacants baisse de manière générale, pour tous les secteurs (-0,1 point). Cependant, il reste à un niveau de 2,2 %, encore nettement plus élevé qu’avant la crise sanitaire.
Cela indique une amorce de refroidissement du marché du travail, même si les entreprises continuent d’évoquer le manque de compétences comme un frein majeur, dans la construction en particulier.
De même, le nombre d’embauches en contrat de plus d’un mois progresse sur la première moitié de l’année (+0,7 % au 1er trimestre par rapport au précédent et +0,2 % au second trimestre). Mais ces embauches ne s’accompagnent pas pour autant d’une accélération des créations d’emplois. Elles seraient plutôt le reflet d’une accélération de la rotation de la main-d’œuvre, confirmée par la hausse récente des fins de contrat.
- Par rapport à fin 2019, les fins de contrats sont plus nombreuses chaque trimestre, en particulier pour les CDI, avec une croissance portée par la hausse des démissions.
Dans un autre rapport récent, la Dares rapporte en ce sens que les démissions de CDI augmentent dans tous les grands secteurs d’activité. Des démissions de CDI supérieures à leur niveau d’avant-crise. Il convient donc d’être particulièrement vigilant sur cette question lorsque l’on souhaite fidéliser les collaborateurs.
Les salaires nominaux dépassent l’inflation pour la première fois depuis 2021
Outre la baisse sensible des difficultés de recrutement, la Dares s’est également intéressée à l’évolution des salaires. C’est une des conséquences de l’inflation : la santé financière des salariés reste une préoccupation majeure pour ces derniers.
Mais, pour la première fois depuis 2021, l’institution constate enfin une progression des salaires nominaux. En ce sens, elle indique notamment :
De manière inédite (…), le rythme annuel de progression du salaire mensuel de base (SMB) se situe au 2e trimestre 2023 à un niveau supérieur à celui de l’inflation (…)
Ainsi, mesuré en euros constants, le salaire mensuel de base réel augmente sur l’année (+0,2 %) pour la première fois après 7 trimestres consécutifs de baisse. En outre, le salaire horaire de base des employés et ouvriers augmente de +0,7 %. Un phénomène pouvant s’expliquer par un certain ralentissement de l’inflation (+4,4 % sur un an au second trimestre 2023 contre 5,7 % au 1er trimestre), tandis que l’évolution annuelle des salaires nominaux reste stable entre le 1er trimestre et le 2e trimestre de cette année.
- D’après une récente édition People at Work 2023 : étude Workforce View menée par l’ADP Research Institute et basée sur les réponses de 32 612 travailleurs à travers le globe, 66 % des travailleurs européens maintiennent, comme l’année précédente, que la rémunération demeure le critère le plus crucial dans un emploi. Et c’est aussi un argument non négligeable en matière de marque employeur ou d’attraction des talents : les offres d’emploi qui ne contiennent pas la mention du salaire dissuadent près de la moitié des candidats, selon une enquête Robert Half.
Pour aller plus loin, découvrez toutes les tendances liées au marché de l’emploi au 2e trimestre 2023 dans le dernier rapport de la Dares : La situation du marché du travail au 2e trimestre 2023.