Le terme est bien souvent synonyme de pirates. Mais aujourd’hui, il s’est doté d’une nouvelle dimension, ils revendiquent. « Nous sommes Anonymous, nous sommes légion, nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas, redoutez-nous ». Les hackers sont devenus les robins des bois qui luttent pour l’injustice et pour la liberté. Les institutions tremblent et cèdent face à la pression de ces petits, sans grades, obscures.
Alors comment doit-on considérer les hackers, flic ou voyou ? Et que doivent faire les entreprises face à cette tendance qu’elles ne peuvent plus négliger. Doivent-elle prendre position, mais comment ?
En fait le hacker n'est pas tant un pirate qu'un bidouilleur. Ils réinterrogent les outils et les objets pour comprendre comment ils fonctionnent et ouvrir de nouvelles perspectives avec ces anciennes fonctionnalités. Les Ambroise Paré des nouvelles technologies, ce chirurgien qui le soir face à l'interdit de l'église ouvrait des sépulcres pour dépecer les cadavres, comprendre la mécanique humaine, et ainsi de jeter les bases de l’anatomie moderne et soigner le plus grand nombre.
Le plus grand des hackers a été Steve Jobs qui hackait avec la « Blue box » pour finalement, de son vivant, avoir créé la plus forte capitalisation boursière au monde. Le hacker qui réussit est un curieux, intelligent qui fait évoluer les choses.
Que dire alors des hackers sociaux ? Il s'agit des individus qui s'intéressent à la chose sociale qui cherchent à comprendre les mécanismes sociaux pour les bidouiller et ainsi créer de nouvelles fonctionnalités. Il s'agit dans un cadre contraint d'ouvrir un espace de créativité. Cette créativité ne sera pas forcement dans un premier temps légalisée socialement, il s’agira davantage d’un militantisme, d’un justicier… en tout cas dans les principes. C’est tout le problème du créateur, il doit transgresser, sortir des sentiers battus pour ne pas être un simple replicateur, et cette création est forcément border line. C’est tout le problème des hackers qui sont passeur, incubateur fou mais ensuite il ramène leur innovation en société pour lui donner sa valeur.
L’innovation sociale standard est un oxymore, l’innovation est hacking… ou pas. Et comme cela remue dans un monde qui a peur, les réplicateurs en font des icônes du mal.
Tout le travail du hacking social est d’être transgressif, sortir du médian, pour ensuite réintégrer cette innovation dans les démarches organisationnelles de l'entreprise. D'icône du mal, le hacker social devient une icône du bien pour peu que l’expérimentation soit un succès. Mais, cela va au-delà d’un processus d’essais erreurs plus ou moins réussi. Cela est plutôt un mode de vie, une stimulation de la création, une excitation de la recherche ; le geek social est un militant, un activiste qui agit pour une cause qui le dépasse et qui implique dans ces modes opératoires l’ensemble des collaborateurs.
Le hacker social utilise comme tout bon hacker le groupe pour coproduire, c’est ce qu'on appelle le mouvement du crowdsourcing. Il s’agit de sortir des modèles et des trajectoires prédéterminées, construire en faisant un nouveau modèle social qui réponde particulièrement bien à un environnement erratique. Au fond, ces pirates de la créativité sociale créent des liens souterrains pour faire un travail hors travail mais qui finalement deviendra peut-être le cœur du social de demain, un Steve Jobs social en somme….
Stephane DIebold