La sérendipité est le fait de trouver ce que l’on ne cherchait pas. Le mot trouve son origine chez Horace Walpole, en 1750, dans « Les aventures des trois princes de Serendip », mais ce n’est qu’à partir des années 50 qu’il a trouvé sa place dans les théories de psychologie. Le mot a été traduit en français en 2001, il s’agit donc d’un néologisme récent. En quoi le langage a-t-il besoin de ce mot nouveau ? Si on fait l’hypothèse que les mots répondent à des besoins sociaux, la sérendipité doit répondre à un fait nouveau,… l’infobésité. De quoi s’agit-il ?
Comment la sérendipité se développe-t-elle ?
L’information sature le monde qui nous entoure et nous nous trouvons dans des goulots d’étranglement informationnels qui nous empêche d’avancer. The economist avait évalué qu’en 2005 l’humanité avait créé 150 Eo (exaoctets) de données, six ans après, en 2011, il estime que la production représenterait 1200 Eo, 8 fois plus. Comment absorber ce trop-plein ? La sérendipité semble être une bonne solution. Le concept a d’abord été choisi pour l’informatique, et tout particulièrement, pour Google avec une notion de « navigation flottante », l’internaute se laisse porté par le média pour trouver quelque chose qu’il ne cherchait pas. Ceci nous amène à deux remarques. La première est que la sérendipité n’est pas le hasard, car, en effet, plus on travaille dans une direction plus on a une chance de trouver quelque chose qui n’est pas forcément dans notre trajectoire de recherche. A l’inverse, une personne qui ne travaillerait pas, ne se préparerait pas à recevoir l’imprévu à la marge. La seconde remarque porte sur la notion de trouvabilité qui est la capacité d’être repéré comme le propose Peter Morville (2005). La sérendipité est liée aux algorithmes de navigation des moteurs de recherche. La sérendipité n’est donc pas lié au hasard, mais plus à une capacité inconsciente de jouer avec les algorithmes pour être surpris.
La sérendipité en entreprise
En fait, la sérendipité est un mode de recherche qui répond à la pensée mosaïque. En entreprise, comment cela peut-il s’organiser ? Déjà Google propose à chacun de ses collaborateurs de prendre 20 % de son temps de travail pour développer des projets personnels, cela représente tout de même 7h par semaine, 28 heures par mois. C’est une révolution culturelle que de laisser un cinquième de son temps hors de tout contrôle… Et ça marche ! La notion de révolution tiens à ce que Nick Bilton résume en 2010 par son oxymore « sérendipité contrôlé », comment contrôler la sérendipité ? Autrement dit, comment contrôler le non contrôlé ? La réponse passe par le faite de changer les modes de régulation organisationnelle en quittant les régulations de moyens pour aller vers des régulations de résultats. Ce qui compte c’est le résultat. Et c’est là, la révolution culturelle qui nécessite de transformer chacun en acteur autonome, autotélique de son travail, et ce n’est pas sans poser d’autres problèmes.
Quelles sont les solutions ?
La sérendipité réinterroge donc nos modèles au niveau de la créativité et de la motivation. Les modèles dominants sont souvent fondés sur le syndrome du « Eurêka ! », autrement dit, un processus individuel presque magique de création. C’est une façon inique de poser le problème en niant la dimension collective. La sérendipité est un concept organisationnel qui sollicite notre contrat social pour concevoir une nouvelle reliance entreprenariale. C’est tout l’enjeu de la formation comme acteur de la trans-formation l’entreprise.
Stéphane DIEBOLD