Quitter la France pour décrocher le travail tant espéré ? Les salariés français sont pour le moins partagés. Un salarié français sur deux (50 %) serait prêt à déménager à l’étranger pour y occuper l’emploi qui lui plaît, selon la dernière étude Randstad Workmonitor. Menée dans 34 pays en janvier 2016, l’enquête a interrogé en France un panel de 1 000 employés âgés de 18 à 65 ans. Il en ressort que 18 % quitteraient sans hésiter l’Hexagone pour l’emploi de leur rêve tandis qu’un tiers (32 %) le ferait volontiers. Inversement, la perspective de franchir les frontières pour avoir le « bon job » laisse indifférent la moitié des salariés interrogés (50 %). L’étude Randstad Workmonitor révèle que c’est en Inde et au Mexique que les salariés seraient les plus nombreux (85 % dans les deux cas) à sauter le pas pour occuper la bonne situation professionnelle. Fait intéressant, à l’exception du Japon, les seuls pays dans lesquels une majorité de salariés (plus de 50 %) ne seraient pas prêts à vivre à l’étranger, même pour le bon emploi, se trouvent tous en Europe.
«Menée en début d’année, donc bien avant le référendum britannique sur l’appartenance à l’Union européenne, l’étude Workmonitor sur le travail à l’étranger prend immanquablement un relief particulier et paradoxal à l’aune
du Brexit. Les Britanniques sont en effet 55 % à accepter le déracinement si, au bout du compte, le bon emploi se profile. Ce résultat est peut-être la manifestation de deux traits réputés caractéristiques de l’« esprit » britannique, l’insularité et le pragmatisme. Sur le continent en revanche, les Européens sont, à l’exception des pays du Sud malmenés par la crise (Grèce, Espagne, Portugal et Italie), en grande majorité prêts à renoncer à l’emploi de leur rêve si cela suppose de vivre à l’étranger. J’y vois le signe, qu’en dépit du Marché unique, les barrières – linguistiques, culturelles, réglementaires, etc. – apparaissent encore trop importantes aux yeux des salariés européens pour que la mobilité professionnelle devienne une réalité en Europe », commente François Béharel, président du groupe Randstad France, membre du Conseil d’administration de Randstad holding, en charge de la péninsule Ibérique, de la Belgique, du Luxembourg et de l’Amérique latine.
Travailler à l’étranger ? Les Français partagés, les Européens réticents à franchir le pas
A en croire l’image caricaturale parfois véhiculée dans certains médias étrangers, la France serait un pays où la chienlit le dispute à la morosité et où les tentatives de réforme plient sous le poids des grèves à répétition. Les études sur la confiance en l’avenir distinguent par ailleurs régulièrement les Français comme des champions du pessimisme. L’herbe, dans ce contexte, serait plus verte chez nos voisins… Au demeurant, selon des données officielles, les Français sont de plus en plus nombreux à s’installer à l’étranger. Le registre des Français établis hors de France, tenu par le Quai d’Orsay, évaluait ainsi à 1,7 million le nombre d’expatriés français en 2015, en hausse de 2 % sur un an, et de 4,14 % en deux ans. Selon une étude de l’Insee sur les flux migratoires en France, le nombre de Français partis à l’étranger entre 2006 et 2013 a même augmenté de 5,2 % par an en moyenne sur cette période. Aucune de ces deux sources ne renseignant les motifs de départ à l’étranger, impossible toutefois d’établir un lien de causalité entre le « climat social » français brocardé à l’étranger et ces départs.
Il ne serait toutefois pas surprenant qu’une partie d’entre eux s’explique par la volonté de saisir une opportunité professionnelle. En effet, selon l’étude Randstad Workmonitor menée en janvier 2016 auprès de salariés de 34 pays dont la France, un salarié français sur deux (50 %) serait prêt à déménager à l’étranger pour occuper le poste dont il rêve. Une proportion qui place les salariés français dans la moyenne basse des 34 pays étudiés (55 %).
Parmi eux, le sort des pays européens interpelle. Si la France se distingue en n’affichant pas de préférence concernant l’éventualité de quitter son pays pour le bénéfice de sa carrière – les salariés français sont partagés à parts égales sur cette question –, il en va différemment des autres Européens. Deux caractéristiques se dessinent.
D’une part, les pays européens sont surreprésentés parmi les pays exprimant une majorité d’opinions négatives quant au fait d’aller vivre à l’étranger pour y trouver le job parfait. Tous les pays dans lesquels plus d’un salarié sur deux serait prêt à faire une croix sur une opportunité professionnelle plutôt que de quitter son pays sont situés en Europe – à l’exception du Japon. A titre d’exemple, 60 % des Néerlandais et deux-tiers (64 %) des Allemands n’envisageraient pas de quitter leur pays pour un travail attractif à l’étranger. Les plus attachés à leur pays sont les Luxembourgeois (69 %). En plein débat sur l’avenir de l’Union européenne (UE), ces chiffres montrent l’étendue du chemin à parcourir pour parachever le Marché unique. Le peu d’engouement pour aller travailler à l’étranger que révèle l‘étude Randstad Workmonitor se retrouve par ailleurs dans les chiffres de la Commission européenne sur la mobilité des salariés. Seulement 3 % des salariés européens vivent et travaillent dans un autre Etat membre que le leur. En réalité, plutôt que d’un manque supposé d’engouement, sans doute faut-il mettre en avant les freins qui se dressent devant les salariés désirant travailler à l’étranger : barrière de la langue, prestations sociales très variables d’un pays à l’autre, droit du travail plus ou moins protecteur, etc. Autant de points qui posent la question de l’harmonisation sociale de l’Union européenne, véritable arlésienne du débat européen.
D’autre part, les seuls pays de l’UE affichant une majorité de salariés ouverte à l’idée d’un départ à l’étranger pour saisir une opportunité professionnelle sont, à l’exception du Royaume-Uni et de la Hongrie, des pays du Sud de l’Europe éprouvés par la crise. Les salariés d’Espagne (65 %), d’Italie (61 %), de Grèce (57 %) et du Portugal (54 %) sont en majorité favorables à l’idée de partie à l’étranger pour y trouver l’emploi qui leur plairait. Une disposition qui fait écho à l’ « exode » de nombreux jeunes, Espagnols et Grecs surtout, qui ont quitté leur pays entre 2011 et 2013, au plus fort de la crise qui frappait alors leur pays, dans l’espoir de trouver du travail sous des cieux plus cléments.
Méthodologie
L’étude Randstad Workmonitor couvre 34 pays à travers le monde. Publiée quatre fois par an, l’étude est conduite en ligne, selon la méthode des quotas, auprès d’un panel d’employés âgés de 18 à 65 ans, travaillant au minimum 24 heures par semaines.
La taille minimum du panel est de 400 répondants par pays. En France, le panel est constitué de 1 000 répondants.
La vague 1 de 2016, dont les résultats sont présentés ci-dessus, a été conduite entre le 13 janvier et le 29 janvier 2016 auprès de 15 000 salariés issus de 34 pays.
A propos du Groupe Randstad France
Le Groupe Randstad France fait partie du Groupe Randstad, deuxième acteur mondial sur le marché des ressources humaines, fondé aux Pays-Bas en 1960. En France, il se place parmi les leaders en matière de services en ressources humaines avec en 2015 un chiffre d’affaires de 2,84 milliards d’euros. En 2015, le groupe (3 500 collaborateurs-trices) aura délégué chaque semaine 61 000 collaborateurs intérimaires et recruté 32 500 professionnels en CDI/CDD, en s’appuyant sur son réseau national et local de 740 agences et bureaux.
Randstad, qui est engagé depuis plusieurs années dans la lutte contre les discriminations, est la seule entreprise française de services en Ressources Humaines à avoir obtenu les labels « Egalité Professionnelle » (octobre 2008) et « Diversité » (janvier 2009), en reconnaissance des actions menées en faveur de la promotion de la Diversité au sein de l’entreprise.