Depuis quelques années, le bonheur au travail est sur toutes les lèvres. Et entre deux conférences sur la qualité de vie au travail (QVCT depuis 2022) et les nouvelles méthodes de travail, un petit nouveau se taille petit à petit une part de choix : le Chief Happiness Officer (CHO). Responsable du bonheur en entreprise… Rien que ça ?
Rendre les collaborateurs heureux : le nouveau défi des entreprises
Votre mission si vous l’acceptez : gérer le bonheur au travail. Rien que ça ! A première vue, le défi quotidien du Chief Happiness Officer n’a rien d’une sinécure.
Apparu simultanément dans la Silicon Valley et dans les pays scandinaves, le Chief Happiness Officer est un véritable couteau-suisse à cheval entre les ressources humaines, la communication interne et le marketing. Son challenge ? Améliorer la qualité de vie des salariés, le tout à grands renforts de séminaires, d’activités de team-building et de sourires.
Mais ne soyons pas naïfs, l’entreprise n’est pas une association caritative : le bonheur au travail, c’est rentable. Selon une étude menée par Harvard et le MIT, un salarié heureux est 31% plus productif et 55% plus créatif. Mieux, il est 2 fois moins malade, 6 fois moins absent et 9 fois plus loyal.
En bref, en œuvrant pour le bonheur de ses collègues, le CHO contribue directement à celui de l’entreprise : plus productifs, plus impliqués, les salariés sont plus fidèles et deviennent de véritables ambassadeurs de la marque.
Mais comment faire ?
La question du bonheur au travail est apparue en même temps que la clientélisation des collaborateurs (82% des DRH estiment qu’il est pertinent de considérer le salarié comme un client, selon une étude Trexia de 2017) et l’exigence croissante de ces derniers.
Leurs attentes vont en effet plus loin que le baby-foot de la salle de pause et les paniers de fruits frais. Une étude menée par Opinionway en exclusivité pour Horoquartz révèle par exemple que 96% des salariés estiment qu’il est important d’équilibrer vie privée et vie professionnelle. 95% souhaitent travailler avec des collègues sympathiques, tandis que 93% des sondés veulent faire quelque chose d’utile.
La recette miracle du CHO pour combler ces attentes tient en 3 dimensions, selon la Fabrique Spinoza :
- La dimension émotionnelle : suis-je plus souvent affecté positivement ou négativement dans ma journée ?
- La dimension cognitive : suis-je satisfait de mes missions, de mes conditions de travail, de mon salaire ?
- La dimension aspirationnelle : mes missions ont-elles un sens ? Mon métier actuel peut-il évoluer ?
Pour tout ça, le CHO (et plus largement les services RH) dispose d’une vaste palette d’outils digitaux. Certaines solutions de gestion des plannings, par exemple, permettent désormais de tenir compte des souhaits et contraintes personnelles des salariés pour établir des plannings équitables et satisfaire le plus grand nombre de salariés.
Et ça marche ?
Pas trop mal, si l’on en croit l’étude Happy Index / At Work 2018, menée par ChooseMyCompany pour Les Echos Start. En effet, 65% des 34 700 salariés interrogés se déclarent heureux au travail. Les salariés travaillant dans le secteur RH sont les mieux lotis (75% de collaborateurs heureux), de même que dans l’audit-conseil (72%) et le marketing (71%). C’est moins vrai pour l’administration (62%) et la production-construction (56%). En parallèle, une étude menée par Opinionway en exclusivité pour Horoquartz en 2018 révèle que 67% des salariés français recommanderaient leur employeur à leurs proches.
Une démarche collective plutôt qu’un poste isolé ?
Si on ne peut que se réjouir de l’arrivée des notions de bonheur, de bien-être et de qualité de vie dans les débats RH ces dernières années, quelques questions méritent d’être posées. D’abord, qu’est-ce qui caractérise le bonheur ? Ce n’est pas un état de fait, et on peut légitimement supposer que sa définition est propre à chacun. De fait, comment rendre tous les salariés heureux ? Le bonheur est-il mesurable ? Le taux de turnover ne suffit pas pour évaluer le « niveau de bonheur » d’une entreprise, de la même façon qu’un croissant chaque matin ou un environnement de travail serein ne suffisent probablement pas pour le garantir. Et puis, à partir de quel moment estime-t-on que les salariés sont heureux ? Quels indicateurs pour le prouver ?
Finalement, le bonheur au travail n’est-il pas l’affaire de tous ? Les qualités listées sur les fiches de postes de CHO (bienveillance, sens de l’écoute, esprit positif…) ne devraient-elles pas concerner tous les collaborateurs, y compris la direction et les managers ?
Le rôle de CHO doit s’inscrire dans une démarche de QVT (Qualité de Vie au Travail) globale, fondée sur une véritable volonté de créer un bien-vivre collectif et collaboratif durable. Et si le CHO peut impulser une dynamique, le bonheur au travail ne saurait se limiter aux sphères d’un service RH. Alors demain, tous Chief Happiness Officers ?
Marie Lasseron – Content Manager chez Horoquartz (Solution pour la performance RH et la sécurité)